Vengeance Élémentaire

Chapitre 3

Après ce qui m'était arrivé, j'avais dormi le reste de la nuit et toute la journée qui suivit. Je me réveillais en fin d'après midi avec le faim qui me tiraillait le ventre. Mes blessures étaient guéries mais il restait du sang séché sur mon corps. Je décidais d'utiliser les quelques maigres forces encore en moi afin de retrouver une apparence normale avant de descendre de ce qui m'avait servit de lit. Une fois au pied de l'arbre, la pensée d'une fuite loin de se territoire, loin de cette meute et surtout loin de cet alpha me prit. Mais plus j'y pensais et plus je ressentais une vive douleur dans la poitrine. Le seul endroit où je me sentais en sécurité était la plaine derrière la cascade. Je ne savais pas si je pouvais m'y rendre. Je supposais que la meute devait surveiller cet endroit étant donné que c'est en ce lieu qu'ils m'avaient découverte.

N'ayant pas d'autres choix que celui d'y retourner, je me mis en route. Seulement, avant de tenter d'entrer par le lac, je décidais de vérifier la présence de loups-garou et si c'était le cas, de faire le tour du volcan afin de déceler une autre entrée. Après avoir fait quelques pas, je m'arrêtais, perplexe. Je n'avais pas vu quelle route avait pris les loups pour aller vers le manoir de leur meute et je ne savais donc pas dans quel direction il fallait que je me dirige. « Fie toi à ton instinct » entendis-je dans ma tête. Je suivais ce conseil et commença à marcher vers le coeur de la forêt. Après une heure de marche rapide, j'arrivais aux alentours du lac et de la chute d'eau. Je cherchais la présence de loups, personne. Cela m'étonnais, mais après tout pourquoi une fugitive reviendrais vers le lieu dans lequel elle s'était fait démasquée et attrapée ?

Bien que sereine, je gardais une certaine réserve et essayais de garder mes sens en alerte afin de déceler rapidement toute menace potentielle. Je plongeais dans l'eau après avoir retiré mon hideuse robe grise et savourais sa caresse. Je me frottais vigoureusement, autant pour enlever les traces de sang sur mon corps que pour oublier cette fâcheuse rencontre. Une fois tout à fait sûre d'être un minimum propre, je plongeais sous l'eau sans oublier de prendre la robe, afin de ne laisser aucune trace de mon passage, pour rejoindre l'arrière de la cascade et l'entrée de mon jardin secret.

La chaleur que j'y trouvais augmenta ma température qui avait grandement diminuée à cause de mon petit tour de force au manoir de l'alpha. Il fallait impérativement que je recharge mes pouvoirs et une longue séance de méditation était de rigueur. Je m'accroupis au milieu des fleurs et des arbres fruitiers, proche de la petite source d'eau. Je me mis en tailleur et cherchais en premier lieu à régénérer mon élément d'origine: l'eau. Des petites gouttes quittèrent la petite rivière pour venir s'imprégner dans ma peau et dans mon être. Lorsque mon corps fut suffisamment emplis de cet élément, je passais à celui de la terre. De fines lianes commencèrent à s'enrouler autour de mes jambes et de mes bras, comme une continuité de ce qu'était mes muscles et mes veines il s'enfoncèrent au plus profond de moi. La chaleur qui remontait de la lave en fusion sous mes pieds, rechargea mon coeur de feu et de flammes ardentes.

Recharger mes pouvoirs de l'air fut une chose très difficile. Ne pouvant ni voir la brise, ni la toucher, et encore moins l'enfermer, ceci nécessitait une démarche particulière de méditation. Je me mis debout et commençais à bouger mes bras et mes jambes, tout d'abord lentement puis de plus en plus rapidement, de tel sorte que cela forma une tornade de faible intensité autour de moi. Il fallait réaliser ses mouvements dans un certains ordre et avec une certaine fluidité afin d'obtenir le maximum de pouvoirs.

Le soleil était presque couché et je venait à peine de finir de me ressourcer. J'avais invoqué des affaires afin de ne pas tomber malade. Je pris quelques fruits des arbres qui m'entouraient afin de me calmer cette faim toujours plus présente. J'avalais la dernière bouchée d'un fruit particulièrement sucré quand j'entendis le hurlement si caractéristique de l'agonie d'un homme. Il provenait de l'autre côté de la cascade. Prise d'une curiosité presque maladive, je courrais vers ces cris. Je fis en sorte de ne pas ressortir trempée jusqu'au os après ma nouvelle baignade. Les hurlements s'étaient arrêtés lorsque je sortais de l'eau. Prudente, je m'aventurais dans la pénombre, entourée des ombres que projetaient les arbres grâce au croissant de lune. Plus j'avançais et plus un sentiment de peur apparaissait. Seulement, je ne connaissais rien de la peur depuis la mort de mon peuple. Alors quel était cette chose qui faisait remonter en moi des sentiments qui devaient être enfermés ? Qu'allais-je trouver de si terrible au point de ressentir de l'angoisse ?