Chapitre 8 : À découvert

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Je regarde d'un air dubitatif le sujet du jour se trouvant juste sous mes yeux, posé sur une caisse en bois.

« Euh sans vous vexer professeur, je pensais que c'était un cours pour m'exercer avec mes pouvoirs, pas un cours de botanique... »

Je continuai d'observer la fleur fanée tandis que l'homme à la quarantaine fit apparaître un léger sourire.

- En effet. Tu es ici pour exercer tes pouvoirs. Et aujourd'hui on va se concentrer sur la partie de la guérison. Cette fleur que tu vois là, tu vas lui donner une seconde vie.
- Je pensais que mon pouvoir ne fonctionnait que sur les humains...
- Bien-sûr que non, tu es une Dalion. Tu es beaucoup plus puissante que tu ne le crois...
- Hum... Et comment je fais ça ?
- Il te suffit de faire le vide dans ta tête. Ensuite tu ne penses qu'à cette fleur, tu t'imagines que celle-ci reprend tout à coup vie, et tu ne dois pas oublier de la toucher en même temps.

Ne penser à rien, quelle ironie... Je suis bien trop préoccupée par tous les événements passés pour faire le vide dans ma tête.

« Tente. Et même si tu échoues recommence, encore et encore. »

Vais-je y arriver ? Après tout j'avais bien réussi à actionner mes pouvoirs pour aider la jeune fille, mais c'était peut-être un coup de chance à ce moment-là...
Je finis tout de même par prendre la fleur dans mes mains, accompagné d'un long soupir reflétant mon incrédulité.

Ferme les yeux. Respire Asalia.

Une fois mes yeux clos, je tente d'ôter toutes pensées de ma tête comme convenue.

« N'oublie pas Asalia. »

Mon père a ses mains posées sur mes épaules, me regardant avec fermeté. Je ne reconnais pas la pièce où nous sommes, il fait bien trop sombre, et la seule fenêtre qu'il y a ne me permet pas de distinguer l'extérieur.

« N'oublie pas ! »

Affolée par cette vision soudaine je lâche immédiatement la fleur de mes mains, et prise d'étourdissements je m'agenouille en me frottant le front.

« Asalia ! »

Comment est-ce possible ?! Pourquoi ce souvenir m'est apparu d'un coup, alors que jamais en douze ans je n'en ai eu aucun ? Mon père... Qu'est-ce que je ne devais pas oublier ?
Le professeur ayant assisté à la scène s'empressa de venir à mon secours.

- Tout va bien ??
- Oui... C'est juste... Un mal de crâne soudain.
- Tu ferais mieux de te reposer, on va s'arrêter là pour aujourd'hui.

Le professeur m'aida alors à me relever, avec ce regard devenu légèrement inquiet. Il doit sûrement penser que c'est à cause de l'entraînement, du fait que je n'ai jamais été autant concentrée là-dessus, mais ça n'en n'est rien.

- Écoute Asalia. Je pense savoir ce que tu as, même si tu ne tiens pas à me le dire. Je sais que tout ça est nouveau pour toi, et que tu n'arrives toujours pas à le digérer, et c'est tout à fait normal. Alors prends tout ton temps, on ira petit à petit si c'est ce dont tu as besoin. D'accord ?
- Euh oui, merci...

Ça me fait mal mais il a raison. Je n'ai toujours pas avalée la pilule, même si depuis toutes ces nouvelles révélations j'ai senti naître en moi l'envie de tout découvrir. Peut-être que finalement je ne devrais pas me presser comme il le dit...

...

Le regard baissé je me contente de marcher, sans regarder où je vais.
Ce qui s'est passé était vraiment étrange... Pourquoi si soudainement j'ai eu ce flash-back qui me montre mon père avec un air effaré ? Et bien évidemment, comme pour me contrarier, la seule chose que j'ai pu retenir est cette minuscule phrase : "n'oublie pas".
J'ai le sentiment qu'il y a quelque chose de plus étrange que je ne le pensais, ça m'a l'air d'être beaucoup plus grave que ça...
Alors que j'étais perdue dans mes pensées, une silhouette me percutant me ramena à la raison.

« Alors, on est dans les nuages Dalion ? »

Jaeyong, bien-sûr.

- T'appelles toujours les gens par leur nom de famille ?
- Hum oui, c'est une mauvaise habitude que j'ai pris au fil du temps.

Je lui lance alors un sourire méprisant, le garçon lui souria avec plus de sincérité.

- Tu as l'air d'être ailleurs. Quelque chose ne va pas ?
- Il n'y a rien. Je vais parfaitement bien. Et pourquoi tu veux savoir ça déjà ?
- Contrairement à toi je me soucie de mes camarades.
- Et bien tant mieux pour toi.

Jaeyong qui était toujours en train de sourire se mit tout à coup à rire.
Ce garçon est tellement grand, il doit faire au moins 1m90, je ne fais pas le poids contre lui avec mon pauvre mètre 62...

- Que vas-tu faire de tes vacances ?
- Rien d'intéressant je suppose, retrouver George, passer du temps avec lui, dormir...
- Tu en as bien besoin vu les cernes que tu as.
- Je sais pas si je dois te remercier ou te frapper là...
- Je plaisante, dit-il en ricanant à nouveau.
- Et toi alors ?
- Je vais continuer de m'exercer, de me perfectionner.
- Et bien, tu ne t'arrêtes jamais !
- Il le faut si je veux devenir le nouveau meilleur chasseur !
- Oui, évidemment... Bon c'est pas tout mais j'ai des choses à faire.

Sans attendre de réponse de sa part je commence alors à m'éloigner de Jaeyong.

« Dalion ! »

Surprise de son interpellation je me retourne immédiatement.

« Je sais très bien ce que vous manigancez. »

Sans rien ajouter de plus Jaeyong s'en alla, toujours avec ce sourire illuminant son visage pâle.

Il sait ?

...

La fin de la journée approche à grands pas, fort heureusement pour moi. Celle-ci n'a pas été de tout repos, et j'ai été contrainte d'en faire part à Erenel. D'ailleurs celui-ci était lui aussi inquiet lorsque je lui ai dit que Jaeyong était au courant. Assise sur le vieux banc près d'un arbre, j'observe Erenel faire les cent pas.

- Dis tu peux arrêter de tourner en rond ? Tu me donnes mal au ventre...
- Désolé.

Le brun finit par s'asseoir à mes côtés.

- Il sait quoi exactement ?
- Je n'en sais strictement rien, il m'a juste dit ça, sans détailler.
- Bordel, fais chier...

Exactement, fais chier. J'ai toujours su que Jaeyong était quelqu'un de très malin, intelligent. Ça ne m'étonne alors qu'à moitié qu'il ai pu découvrir nos intentions.

- Et si il va tout balancer à la direction ? Dit Erenel toujours autant inquiet.
- Non je ne pense pas. Si c'était vraiment son intention alors il l'aurait déjà fait. A mon avis il se joue de nous, ou il attend quelque chose.
- Quoi alors ? Qu'est-ce qu'il voudrait celui-là ?
- Aucune idée. On n'a qu'à lui demander.
- Je ne sais pas si c'est une bonne idée.
- En tout cas c'est le seul moyen de le savoir.
- Hum...

A ce moment-là Erenel plongea dans ses pensées. Je pensais qu'il gèrerait mieux le stresse que ça, lui qui a toujours fait preuve de sérénité...

« Je pense que tu as raison. On n'a pas le choix, il va falloir qu'on ait une discussion avec lui. »

J'acquiesce d'un mouvement de tête, pensant exactement comme lui.
Je suis sûre que Jaeyong a fait exprès de me dire cela, il a une idée derrière la tête. Alors pourquoi ne devrait-on pas rentrer dans son jeu ?

LUNE DE SANGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant