Francis était silencieux dans la voiture de sa mère, ce sentiment d'incertitude le frustrait. Pourquoi ne se sentait il pas bien ? Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il allait chez Vector. Ce n'était pas la première fois qu'il se bourrerait la gueule. Il sentait une angoisse lui monter au cœur. Il ne fallait surtout pas qu'il paraisse faible devant ses amis, et surtout pas devant Apollo. Il prêtait une grande attention a son image en sa compagnie.
Francis ouvrit sa portière et souhaita une bonne soirée à sa mère. Il appuya son doigt contre la sonnette et attendit en se balançant d'un pied à l'autre. Il se frottait les mains ensemble à cause du froid quand la porte s'ouvrit laissant passer une chaleur réconfortante. Francis sourit à Vector qui lui tendit la main pour le faire entrer dans la pièce. Une odeur de pizza se répandait hors de la cuisine et il remarqua à quel point le salon était ordonné. Il se sentait un peu moins nerveux maintenant, après tout il était ici pour profiter. Francis posa ses chaussures à l'entrée juste à côté de celles d'Apollo (il les avait reconnus) avant de suivre Vector dans l'escalier à moquette.
« Allez mec, grouille, on était en pleine partie de fortnite ! »
Lui lança Vector en grimpant les escaliers à toute allure.
Francis monta l'escalier avec enthousiasme, il allait revoir Apollo dans sa glorieuse beauté.
Quand il entra dans la pièce, Apollo le salua rapidement puis se concentra sur le jeu vidéo avec les sourcils froncés. Toute son attention était posée là, sur cet écran. Il était au bord de gagner, il était si près du but. Francis le contempla avec admiration et se concentra alors aussi sur le jeu vidéo mais Vector se mit à lui parler.
« Donc mec, je disais, l'autre meuf de la soirée elle me parle tout le temps depuis que son frère me la présentée. Fin, tu vois le genre quoi et du coup elle m'a dit que... »
Il n'écoutait plus, seul le jeu comptait maintenant, seul Apollo et sa concentration comptaient. Ses doigts se hâtaient sur la manette avec une adrénaline que Francis pouvait presque ressentir. Apollo passait de temps en temps la main dans sa douce chevelure que Francis observait avec insistance. Pour lui, en ce moment insignifiant, tout était pourtant parfait. Bientôt ce moment fut ruiné par la voix de Vector revenant dans ses oreilles comme une fanfare.
« Eh mais tu m'écoutes ou pas ? On dirait que t'es amoureux d'Apollo ou chepa quoi ! »
Vector rigola et secoua la tête. Francis se figea. Un long silence s'ensuivit.
« Excuse...j'étais juste intéressé par le jeu. »
Vector haussa les sourcils.
« Je sais mec. Je déconnais... »
Apollo poussa un soupir et laissa tomber la manette avant de se retourner, furieux.
« Les gars vous parlez trop là, j'ai perdu. »
Vector se frotta les yeux et se leva paresseusement de son lit.
« Tant pis, on se remettra ça plus tard. J'ai entendu mes parents sortir, on a la maison a nous maintenant... Venez on va bouffer. »
La soirée se passa rapidement et joyeusement, l'accident précédent fut vite oublié et remplacé par les rires chaleureux des amis. Vector démontrait comment manger une tranche de pizza en une seule bouchée tandis qu'Apollo le filmait et Francis riait aux éclats. C'était agréable de redevenir un adolescent bête et insouciant pendant un petit moment. Ils ouvrirent plusieurs canettes de bière que finalement, Francis accepta sans hésitation.
Quand ils remontèrent les escaliers en moquette ils étaient déjà un peu bourrés, les joues rosies accompagné de rires étranges. Ils montèrent en chantant des chansons de leur enfance à tue tête...Ils étaient en fin de compte très bourrés. Ils débarquèrent dans la chambre de Vector et s'affalèrent sur leurs matelas. L'ambiance se calma petit à petit.
Le silence s'ensuivit mais ils étaient heureux. Il était minuit et quelques. Ils n'allaient pas vraiment dormir de toute façon.
Vector se retourna sur son matelas, allongé maintenant sur le ventre.
« Bon les mecs, parlons de choses sérieuses... »
Il soutenait le regard d'Apollo avec un sourire en coin. Apollo se passa la main dans les cheveux échangeant un regard complice avec Vector. Francis les observa en souriant nerveusement.
« Qu'est ce qui se passe ? Qu'est ce qu'on a oublié de me dire ? »
Apollo le regarda en souriant.
« Bon bon...Ce n'est pas fou non plus. No big deal mais je vais peut-être pécho samedi soir. »
Il se laissa tomber sur son matelas avec un petit soupir content. Il prenait son petit accent habituel mais ça ne faisait pas rire Francis cette fois qui pris un air étonné.
« Mais attendez c'est qui ? Je veux plus d'infos ! »
Vector le regarda bizarrement en haussant les sourcils.
« Bah Léonie... il tchatche depuis la rentrée avec elle. Ça va conclure samedi soir... n'est ce pas Apollo ? »
Il fini sa phrase d'un ton moqueur qu'Apollo accepta en riant.
« Oui, oui...fin on verra. »
Vector lui fit un clin d'oeil.
« Il tchatche avec tout ce qui bouge. »
Apollo baissa les yeux.
Il se retourna vers Francis qui adopta un visage neutre.
« De toute façon tu seras avec moi, samedi, à la soirée. »
Ses yeux pétillaient dans cette lumière. Francis entrouvrit la bouche.
« De...de quoi on parle ? »
Les idées se mélangeait dans ça tête. Apollo fronça les sourcils avec un regard d'incompréhension.
« Bah samedi prochain, tu sais, c'est l'anniv de Léonie. On est invités... »
Vector s'esclaffa.
« Laisse tomber, sept shots c'était un de trop. »
Francis émit un petit rire en secouant la tête. Il ne savait pas pourquoi mais cette discussion lui donnait envie de pleurer.
« Vector à raison. Je suis fatigué. Sinon, je viendrais à la fête samedi Apollo. »
Apollo fit un sourire charmeur.
« Yes bro. »
Enfin, le temps passait, la fatigue tombait petit à petit. On entendit bientôt plus un son venant du trio. Deux d'entre eux ronflaient, l'autre était réveillé. Francis, allongé sur le dos, respirait calmement. Cette soirée pouvait être considérée comme un fiasco d'après lui. Il était heureux de la situation de son ami, enfin...il ne voyait pas pourquoi il se mettait dans cet état. L'effet de la fatigue et de l'alcool devait être responsable. Il ne voyait aucune autre explication. Pourtant, malgré sa certitude, son ventre se tordait dans le doute.
