Durant quelques jours, j'avais mangé des pages et des pages de mathématiques, de l'algèbre à la géométrie en passant par les probabilités, les statistiques et théorèmes à connaître, pour me vider la tête et aussi pour remonter mes notes qui avaient chuté aussi bas que mon moral.
Durant quelques jours, j'avais mangé des brocolis.
Pas que je ne me considérais pas digne de confiance, loin de là ; c'était plutôt pour avoir confiance en moi-même, histoire de m'avouer des choses à moi-même.
En effet, certaines choses me turlupinaient.
D'abord : aucun signe de vie de Mingyu. Une fois ma conscience déversée à la face du monde, j'avais voulu y voir un peu plus clair, et sûrement me confirmer ma version des faits en voulant m'assurer de l'état de Mingyu. Mais aucun signe de lui à la fac. Pas facile de retrouver quelqu'un qu'on ne connaît et dont on n'a pas vu le vrai visage. D'un côté, j'étais inquiet : peut-être avait-il été si traumatisé qu'il avait quitté la fac. D'un autre côté, j'espérais qu'il se fût défait de l'emprise de Changwook, qu'il eût réussi à le semer, et dans ce cas-là, j'aurais bien aimé lui demander comment il a fait.
Ensuite : aucun signe de vie de Changwook. Le démon Ji, comme je le surnommais désormais pour avoir fait de ma vie un enfer depuis que nos chemins s'étaient croisés, semblait être retourné aux Enfers, là où était sa place : la surveillance accrue de mes alentours en quelque situation ne me signalait jamais sa présence. Les autres n'avaient pas reçu de nouvelles photos ou vidéo incriminantes.
Ces deux faits m'avaient fait comprendre une chose : si Mingyu, par quelque miracle, avait réussi à s'éloigner de Changwook, sûrement devais-je avertir les autres - que je n'osais toujours pas appeler « amis », par peur de la désillusion ou par anticipation, je ne sais pas - pour qu'ils prennent eux-mêmes leurs dispositions.
Mais n'était-ce pas les plonger dans ma paranoïa que de leur infliger telle information ? N'était-ce pas les mettre en danger, malgré l'absence louche du démon, que de les mettre au courant ? Qui sait ce que Changwook pourrait leur faire. Si je les informais, Changwook finirait par le savoir, et j'avais peur que le prix à payer soit bien plus cher que pour Mingyu.
J'étais en plein dilemme.
Seojoon savait déjà pour Changwook - du moins, il se doutait que ce mec-là n'était pas net et qu'il m'en voulait à mort pour quelque chose, parce qu'il était loin d'être idiot, malgré son air bourru. Changwook avait approché Taehyung par je ne sais quels moyens - et en y réfléchissant, Taehyung avait toujours su son nom. Se connaissaient-ils d'avant ?
L'attente tenace de ma sentence à venir me tordait les entrailles : Changwook savait, puisque je l'avais vu entrer au poste de police, que j'avais donné son nom au sergent Han. Alors, j'attendais ma sentence. Mais je ne comptais pas m'arrêter là. Je ferais tout pour protéger les autres, quoiqu'il m'en coûte, si je pouvais l'empêcher de nuire.
Et enfin, le plus complexe : le cas Kim Taehyung, bien sûr.
Avec lui, tout devenait compliqué en moi. J'avais peur de m'habituer à son absence dans ma vie, parce que je n'en voulais pas, de cette absence ; je le savais spécial d'une manière que je n'étais pas prêt à affronter. J'en avais mal, en y pensant, en me disant que j'étais comme ça, que je pensais à lui comme ça - mais qu'est-ce que ça voulait dire, comme ça ?
Je crevais d'envie d'aller le voir et de lui présenter mes excuses pour lui avoir parlé si durement, mais d'un autre côté, je ne voulais pas m'excuser, pour la simple et bonne raison qu'il devait comprendre que moi aussi, je ressentais des choses, même si je ne les racontais pas, et encore plus quand je ne les montrais pas.
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RED - tk
أدب الهواةDeux nouveaux humains, A et B, vont au supermarché de la personnalité. [...] Quelle est la probabilité que A croise B au rayon des sentiments ? Quelle est la probabilité que les articles surprise de B soient exactement ceux que A a oublié d'acheter...