Quand Hugo ouvrit les yeux, la première chose qu'il aperçut fut le coin d'un oreiller. Les rideaux, ouverts, laissaient entrer un blanc soleil matinal. Son réveil posé sur le chevet lui indiqua 7h30 du matin.
Il referma les yeux, l'esprit embrumé, et rabattit la couverture sur lui. Recroquevillé en position fœtale, il tenta de retrouver dans la douce chaleur du lit un peu de sommeil.
Mais, incapable de se rendormir, il repoussa finalement la couverture, se forçant à émerger. Il s'étira, faisant craquer ses épaules.
Il allait avoir besoin d'un café fort. La nuit avait été courte.
Franck l'avait pris par surprise, la veille au soir. Euphoriques, ils venaient de cataloguer mauvais cru une vulgaire eau du robinet, les contraignant à réclamer un meilleur millésime. Leurs éclats de voix attirant les regards des gens autour d'eux, Hugo avait exprimé l'urgence de baisser d'un ton. Franck l'avait pris au mot et instauré un silence total quand, sans crier gare, il l'avait embrassé.
Au départ pris au dépourvu, le jeune homme était resté figé, les yeux ouverts par la stupéfaction. Puis tout s'était brusquement embrouillé dans sa tête, et il avait répondu à son initiative. Fermant les yeux, il avait laissé sa langue s'immiscer et venir caresser la sienne. Un raclement de gorge les avait alors fait lever les yeux et ils avaient vu Séverine devant leur table, la bouteille d'eau minérale à la main.
– Je ne dérange pas ?
Un peu gêné, Hugo avait baissé le regard. Séverine avait posé la bouteille et était repartie, appelée à une autre table. Franck s'était alors levé, marchant vers elle :
– Séverine, voyons ! Je suis désolé de t'avoir trompée !
Hilare, Hugo l'avait regardé suivre la serveuse jusque dans le bar et s'était servi un verre d'eau. Franck était revenu quelques instants plus tard, la mine assombrie.
– Alors, vous avez pu vous faire pardonner ? avait souri le jeune homme.
– Elle m'a fait payer l'addition, avait geint Franck pour toute réponse.
Hugo avait éclaté de rire, lui servant un verre.
– Bah, c'est une femme, ça lui passera.
Il lui avait tendu son verre.
– Tenez, buvez pour oublier.
– Volontiers.
Ils avaient achevé la bouteille d'eau en silence, sans échanger un mot. La montre de Franck leur avait ensuite rappelé la nécessité de reprendre le chemin du retour, et ils avaient quitté la terrasse en direction de la moto. Franck l'avait décadenassée, avait soulevé la selle et avait tendu son casque à Hugo. Celui-ci l'avait pris, mais sans l'enfiler.
– Vous l'aviez compris, n'est-ce pas ? s'était-t-il contenté de demander.
Franck, qui sanglait son propre casque, avait eu un sourire en coin.
– Disons juste que j'ai un peu plus d'expérience que vous en la matière, avait-il dit pour toute réponse.
Sans insister, le jeune homme avait mis son casque et avait pris place. À l'inverse du trajet aller, cependant, il avait enlacé la taille de Franck avec force, posant sa tête contre son dos.
Malgré l'alcool et l'heure tardive, le retour s'était déroulé sans incident, et ils avaient atteint la maison entièrement silencieuse. Voyant toutes les fenêtres éteintes, Franck avait arrêté la moto et le moteur à l'entrée du chemin de terre. Estimant qu'Aaron devait dormir, il refusait de le réveiller, et avait silencieusement poussé son engin jusqu'à la cour. Il avait alors fait signe à Hugo de le suivre.
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Our Love Song - Track 1 [TERMINÉ]
RomansaGagnant du concours "Murmures Littéraires" 2019 - 2020 _____________________________________________________ On aurait dit à Hugo, des années auparavant, qu'il serait un jour banquier et irait éplucher la comptabilité de son idole d'adolescence, il...