1. Désagréable Attirance

Chapitre 3 : Un Pudique Loup-Garou

Refusant d'assister au repas du midi, qui serait sans nul doute une mascarade mielleuse orchestrée par les frères Millicent, elle resta au balcon de sa chambre. Ce dernier semblait longer tout le flanc du château, avec une vue magnifique sur les jardins à la française. La nature, disciplinée par la main de l'homme, dessinait des formes délicates sur le sol. Néanmoins, aux bordures des murs, des rangées d'arbres semblaient protéger le domaine.

Un mouvement au milieu des ramures, au début de l'après-midi, la fit se redresser. Qu'est-ce que... Un oiseau s'envola, avec un chant joyeux. Mmh... Peut-être était-elle trop nerveuse.

— Dame Angèle ?

Les mains croisées dans le dos, Oscar se tenait dans l'embrasure des portes de sa chambre, donnant sur le balcon. Depuis combien de temps était-il ici ? Il arborait un petit sourire calme, son corps mince dissimulé sous ses vêtements richement brodés.

— Je me faisais du souci. Allez-vous bien ?

— Ne vous fatiguez pas en vaines courtoisies.

— Je ne comprends pas.

— Quelle est la véritable raison de ma présence ici, monseigneur de Millicent ? demanda-t-elle en se tournant vers lui. Que voulez-vous ? Une femme que vous pourrez humilier dans les bals, car elle n'a pas les manières de l'aristocratie ? Un être capable de porter des dizaines d'enfants ? Ou connaître les raisons des rumeurs courant sur mon compte ?

Il ne pipa mot. Puis, avec un soupir, il se passa une main dans les cheveux, mettant quelque désordre dans son catogan.

— Vous vous trompez sur mon compte. Je ne suis pas un manipulateur égocentrique. Je ne veux pas vous humilier. En revanche, je voudrais effectivement des enfants, mais pas au point de rendre votre corps malade. Nous connaissons tous deux les risques de la grossesse. Je vous veux vous, mademoiselle Angèle. Et d'ailleurs, je souhaite vous faire un présent. M'accompagnerez-vous ?

Diantre. Il avait l'air sincère.

— Je ne veux pas vous épouser.

— Oh, vous le ferez, murmura-t-il en lui présentant sa main.

Elle l'accepta à contrecœur. Ils traversèrent le château sous le regard des serviteurs. Tous s'inclinèrent sur leur passage. Les femmes adressèrent à Angèle des coups d'œil maussades. Dans les jardins, ils firent un crochet par une étendue de sable, dissimulée derrière un mur abritant des vestiaires. Là, sa mère trépignait sur place, admirant son époux en pleine passe d'armes avec Rodolphe de Millicent. Tout sourire, le loup-garou affrontait Célestin dans un combat épique. La sueur au front, les deux combattants étaient sur un pied d'égalité.

— Eh bien, murmura le Duc, se tirant de son mutisme. Je ne savais pas votre père doté de telles compétences.

— Ne le saviez-vous pas ? murmura-t-elle en lorgnant son profil. Il était un fameux officier dans l'armée du roi.

— Oh. Un soldat compétent... Mon frère !

Rodolphe perdit sa concentration. Célestin profita de sa distraction pour poser la pointe de sa lame sur la gorge de son adversaire. Ce dernier leva les mains en signe de reddition.

— En toutes circonstances, ne baissez jamais votre garde, jeune homme. Cela pourrait vous coûter la vie.

— Navré. Mon frère m'a perturbé, s'excusa Rodolphe. Que se passe-t-il, Oscar ?

— Je me rends en ville avec mademoiselle de l'Esprit Saint. Souhaites-tu nous accompagner ?

Le loup-garou posa son arme sur l'un des râteliers. Il se déplaçait avec la grâce d'un prédateur en dépit de sa haute taille. La chemise collée à ses pectoraux, en raison de la sueur et de la chaleur, il adressa un petit sourire au Duc.