Laissant la foule se refermer derrière eux, ils retournèrent à la demeure des Millicent. Rodolphe câlinait gentiment le chien sous l'œil intrigué d'Angèle. Elle avait du mal à croire cet homme aussi délicat envers un animal. Mais sa surprise ne s'arrêtait pas là. Elle n'aurait jamais imaginé les deux frères prenant son parti dans cette affaire. Oscar avait même menacé le voyageur.
— Pourquoi je me retrouve chargé de ce paquet ? lança le Duc, mécontent.
Effectivement, la robe de madame Bojour, empaquetée avec soin, pesait dans ses bras.
— Parce que je m'occupe du chien, répondit Rodolphe.
Ils passèrent les grilles du château. Si les gardes haussèrent les sourcils face à la situation, nul ne pipa mot.
— Ce n'est pas mon rôle de porter les choses.
— Je ne suis pas ton porteur.
— Si cela pose un tel problème, donnez-moi ce paquet, soupira Angèle en tendant les bras en direction du Duc.
Ce dernier haussa un sourcil, avec un petit sourire coquin.
— Oh ! J'adore vous voir ouvrir ainsi vos bras pour moi, mademoiselle. Néanmoins, je ne peux souffrir de vous laisser porter ce fardeau.
— Pardon ?
Elle n'en croyait pas ses oreilles. Ne venait-il pas de faire un sous-entendu des plus graveleux ? Sa surprise fut écourtée par une servante venue à leur rencontre. Il s'agissait de cette femme aux attitudes hostiles envers Angèle. Ses formes avantageuses n'échappèrent pas au Duc, dont le sourire se fit plus chaleureux.
— Monseigneur de Millicent... puis-je ? ronronna-t-elle.
— Mais bien entendu, ma tendre Isolde.
Elle se pencha d'une telle façon pour récupérer le paquet, qu'Angèle eut une vue imprenable sur sa gorge, et plus bas encore. Elle non plus ne portait pas de corset. Néanmoins, il était aisé de voir que leurs raisons n'étaient pas les mêmes.
— Veuillez le déposer dans la chambre de mademoiselle de l'Esprit Saint. Il s'agit là de son habit de fiançailles.
Elle jeta un discret coup d'œil belliqueux à la fiancée en question, avant de tourner les talons. Son roulement de hanches ne trompait personne.
— Bien. J'ai quelques affaires à régler ; des invitations à envoyer pour le repas en notre honneur, mademoiselle Angèle. Nous retrouverons-nous au dîner ?
— Évidemment. Je ne vais pas me laisser mourir de faim.
Une fois le Duc éloigné, elle se tourna d'un bloc vers monsieur Rodolphe. Ils n'avaient pas fini leur conversation de tantôt, aussi voulait-elle l'achever. Le lycanthrope haussa un sourcil en la voyant si décidée, sans piper mot. Mais une main autoritaire s'abattit sur l'épaule d'Angèle, l'arrêtant net.
— Ma fille, tu ne pensais tout de même pas échapper aux exigences de ta condition ? cingla sa mère.
— Heu... Il reste des choses à faire ?
— Des centaines. À commencer par ton comportement en société.
Contrainte d'abandonner le chien et Rodolphe, elle fit promettre à ce dernier de bien prendre soin du premier. Puis le calvaire commença. Tout fut revu avec sa mère et les demoiselles de la bonne société, massées dans l'une des salles de bal. Son port de tête, sa façon de marcher, de parler, de faire la conversation, de se taire lorsque les hommes prenaient la parole, à commencer par son futur époux. Le repas fut l'une des épreuves les plus difficiles. Elle échoua magistralement. Conclusion : elle n'eut pas droit au dessert, car elle dut s'entraîner à manger sans qu'on le voie. Ridicule.
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1. Désagréable Attirance
FantasyPromise par ses parents à un richissime duc, Angèle doit épouser un homme qu'elle ne connaît pas... *** Angèle de l'Esprit Saint doit épouser le séduisant Duc de Millicent. Seul problème : elle ne l'entend pas du tout de cette oreille. Rebelle jusqu...
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