Chapitre 2

87 14 2
                                    


- Faîtes moi une place, mes jambes sont à bout ! Se plaignit Zita en arrivant à la grande table en bois massif de la salle à manger pour prendre le petit-déjeuner.

Je m'écartai et elle se laissa glisser sur le banc en bois.

- Éric, tu nous as fais courir plus que d'habitude avec ce nouveau parcours ? Demanda Robin en étirant ses jambes avant d'attaquer ses tartines.

- Papa, c'était mesquin de ta part, râla Yoann en entendant la réponse affirmative donnée à Robin. On est tous sur les rotules maintenant, on ne pourra rien faire de plus avant au moins cet après-midi alors qu'il est à peine 9h...

Éric s'enfuit dans la cuisine avec sa tasse de café et un grand sourire après nous avoir joué un petit tour avec le parcours du footing quotidien. Il craignait trop nos représailles pour rester à la même table que nous. Zita demanda le pot de confiture à Robin et pendant qu'il continuait à beurrer sa tartine, le pot s'envola du bout de la table pour venir se poser devant la Sentinelle rousse assise à mes côtés. Les ingrédients du petit-déjeuner volèrent au-dessus de la table le temps qu'on finisse notre premier repas de la journée. Comme à chaque fois, le ménage fut réparti entre nous tous avant que nous ne retournions à nos activités de la matinée.

Un peu avant onze heures, j'étais dans le salon avec Zita, en train de faire des étirements sur le tapis gris clair, lorsque Raphaël débarqua au QG. Son regard gris croisa le mien, faisant s'accélèrer mon cœur avant que je ne baissasse les yeux pour faire mine de me concentrer sur mes mouvements. Zita sentit vite la gêne entre nous, même si elle n'était pas au courant de ce qui s'était passé dans le bureau de Raphaël. Elle me proposa donc d'aller récupérer la lettre de ma mère chez moi et nous partîmes avant que je n'ai eu besoin d'échanger ne serait-ce qu'un mot avec l'agent de la CIA.

- Qu'est ce qu'il s'est passé avec Raphaël ? Me demanda Zita tout en conduisant.

- Rien du tout, tentai je de lui faire croire.

- Anaïs, ça ne sert à rien de me mentir, je vois bien que vous avez changé d'habitude l'un envers l'autre au même moment. On dirait que vous essayez de vous éviter le plus possible. Si tu veux m'en parler, je suis là.

Je soupirai et tournai la tête vers la fenêtre de la voiture à ma droite.

- Je lui devais une faveur pour ne pas avoir révélé aux autres Sentinelles ma "double identité" après m'avoir percée à jour, avouai je.

- Et c'est tout ? Demanda Zita étonnée. Vous vous évitez seulement parce que tu lui dois une faveur ?

- J'ai remboursé ma dette. Et c'est pour ça qu'on s'évite.

- Tu veux vraiment que je te tires les vers du nez ou tu vas me faciliter la tâche ? Rigola Zita.

Je soufflai et retournai la tête vers ma nouvelle amie. Ses cheveux roux noués en une tresse lâche cascadant sur l'épaule, elle était concentrée sur la route.

- Il m'a embrassée.

- COMMENT ?!!

- Zita, regarde la route !

- Ne détourne pas la conversation, répliqua t'elle en retournant la tête vers devant. Tu l'as laissé faire ? Me demanda t'elle d'un ton plus doux.

- Oui, soufflai je. Mais je me suis enfuie après alors qu'il voulait me dire quelque chose. Et depuis on s'évite...

Zita ne répondit rien, probablement parce qu'elle ne savait pas ce qu'elle pouvait me dire. Puis je vis un sourire malicieux étirer ses lèvres roses pâles.

- C'était comment ?

- Zita ! M'indignai-je.

- Ce n'est pas une réponse ça, jeune fille !

J'hésitai plusieurs secondes avant de rouvrir la bouche.

- Plutôt bien mais je n'ai pas de point de comparaison, avouai je en sentant mes joues chauffer.

- Alors pourquoi tu es partie ? S'étonna Zita.

- J'avais l'impression qu'il n'avait pas apprécié ou que j'étais à usage unique après ma faveur. Et je me suis sentie mal alors j'ai préféré fuir...

Zita soupira et garda le silence jusqu'à ce qu'on soit garé devant chez moi. Au moment de quitter sa voiture, elle me retint par le poignet.

- Tu devrais écouter ce qu'il avait à te dire parce que pour quelqu'un qui n'a pas apprécié ou te considère à usage unique, il a l'air beaucoup affecté.

Je hochai la tête sans réellement savoir si je le ferai mais elle avait raison, cet événement nous affectait beaucoup trop tous les deux. Nous descendîmes pour rejoindre Cindy qui devait nous y attendre depuis qu'elle avait entendu le véhicule se garer.

- Bonjour Anaïs, bonjour Zita ! Ça fait plaisir de te revoir ! Comment vas tu ?

- Très bien madame, répondit gentiment Zita en lui souriant.

- Je suis désolée, je pensais que vous veniez cet après-midi alors je n'ai rien préparé. Vous voulez boire quelque chose ?

- De l'eau, répondîmes nous en choeur.

Cindy alla en cuisine, nous abandonnant dans le vestibule, et nous en profitâmes pour monter dans ma chambre. Je me dirigeai vers le bureau sous la fenêtre et ouvris le premier tiroir. La lettre était là, soigneusement pliée au milieu de quelques bibelots auxquels je tenais. Je la dépliai pour la relire, Zita penchée au-dessus de mon épaule.

"Anaïs, ma chère fille,

Depuis toutes ces années qui se sont écoulées depuis notre séparation, j'espère que tu te portes bien et que la cousine de ton père a bien prit et prend toujours soin de toi. J'ai placé toute ma confiance en Cindy à la mort de ton père et j'espère ne pas avoir fait le mauvais choix.

Si je te contacte après ces 17 années d'absence, c'est que j'ai des informations importantes à te transmettre sur l'artéfact du Feu. Il est actuellement sous la protection de mon peuple, et ce depuis que Lord Godefroy est venu nous le confier. Je suis la seule à connaître l'emplacement du sanctuaire où il est préservé.

En ce moment, la secte prend de l'ampleur et son aura malsaine se fait ressentir jusqu'ici, en Amazonie. Je pense donc qu'il est temps pour toi et les autres Sentinelles de faire un petit voyage au Brésil pour récupérer de toute urgence cet artéfact.

Tu te demandes probablement comment me rejoindre sans savoir où je suis. Sache que tu as tous les éléments entre tes mains pour pouvoir trouver où mon peuple vit.

D'ailleurs tu devrais prendre la valise de ton père pour venir...

En espérant qu'Amélie sera parvenue à te retrouver,

Ta mère qui t'aime fort,

Ellen"

*******

N'hésitez pas à voter et commenter !

Les Sentinelles 2 - L'Artefact PerduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant