Les Sentinelles 2 - L'Artefact Perdu

Chapitre 6

La première chose que je sentis en me réveillant, ce fut ma bouche pateuse. Mes paupières eurent du mal à se décoller et je grognai en me redressant sur le lit.

- Enfin réveillée !

Je fis un bond sur mon lit en entendant Zita juste à côté de moi et dégringolai sur le plancher, emmêlée dans mes draps.

- Zita, grognai-je de mécontentement, tu ne pouvais pas me laisser émerger tranquillement ?

Je l'entendis glousser tandis que j'essayais de me dépêtrer de mes draps. Elle finit par me proposer son aide et je me retrouvai assise sur le plancher, les cheveux emmêlés et la bouche pateuse.

- On est rentré à quelle heure ? Demandai je en peinant à rassembler mes souvenirs.

- Vers 3h, quand tu as commencé à t'endormir sur les genoux de Raphaël, m'informa Zita avec un petit sourire canaille.

- Raph...aël ? Le Raphaël de la CIA ?

- Ma parole, c'est que tu t'es lâchée sur l'alcool hier soir ! Bien sûr, LE Raphaël ! Tu crois que je t'aurais laissée sur les genoux d'un autre Raphaël ?

- Mais j'ai pas bu beaucoup, bégayai je, c'est juste que j'ai pas trop l'habitude... C'est confus dans ma tête, j'ai du mal à coller ensemble les images qui me reviennent... J'ai... NON !

Je plongeai ma tête sous l'oreiller après que mon cerveau fut envahit par une image bien particulière.

- Zita, appelai-je, je n'ai pas ... embrassé Raphaël hier soir ?

- Non en effet, tu as plutôt marqué ton territoire ! Rigola Zita. Tu devrais sortir du lit pour venir prendre le petit-déjeuner avec nous.

Je la suivis mécaniquement, essayant de me rappeler de la totalité de la soirée de la veille. Comment avais je pu être à ce point débridée avec seulement deux verres ? C'est la question à laquelle je tentai de trouver une réponse lorsque nous pénétrâmes dans la salle à manger. Les autres étaient déjà installés autour de la table et conversaient joyeusement. Je me glissai sur le banc à ma place habituelle et me servis immédiatement un verre d'eau pour soulager ma langue pateuse. Malheureusement, je l'avalai de travers en voyant en face de moi deux iris gris me fixer malicieusement. Je toussai plusieurs fois avant de retrouver mon souffle. Je regrettai d'être descendu en pyjama et les cheveux encore emmêlés.

- Bonjour Anaïs, murmura Raphaël, je ne pensais pas provoquer une telle réaction chez toi.

- Qu'est ce que tu fais ici ?

- Il est temps que je vous informe de tous les détails du voyage au Brésil. Et il me semble que tu as insisté hier soir pour que je rentre avec vous...

Plus jamais je bois au-delà d'un verre d'alcool !

Je fis du mieux possible pour dissimuler ma gêne, je m'étais montrée assez débridée la veille, à des années lumières de mon attitude habituelle. C'est-à-dire discrète, timide et sûrement pas audacieuse, enfin sans mon masque de Sentinelle d'Argent. Zita me colla un verre de jus d'orange dans les mains ce qui me fit sortir de ma léthargie. Je la remerciai d'un signe de la tête et portai la boisson à mes lèvres pour reprendre contenance. Raphaël se reconcentra sur son petit-déjeuner, libérant mon corps de l'emprise de son regard.

- Je vous fais un briefing d'ici une heure dans le salon, soyez tous présents, annonça Raphaël en se levant du banc.

Dès qu'il eut quitté la pièce, je me penchai vers Zita.

- Qu'est ce que j'ai fait hier soir ?

- Tu veux un résumé ou un récit détaillé ?

- Résume à l'essentiel, je veux juste ne plus avoir l'air surprise dès qu'il évoquera ce qu'il s'est passé hier soir...

- Pour commencer, tu t'es assise sur ses genoux...

- Parce qu'il t'y a attiré, intervint Sheila un peu plus loin à table.

- Oui, confirma Zita, et après le deuxième verre on peut dire que vous avez flirté et finalement tu l'as embrassé.

- Et tu as passé le reste de la soirée sur ses genoux, ajouta Sheila.

- Je ne comprends pas pourquoi il n'a aucune marque, fit Yoann avec un sourire en coin, parce que tu n'y es pas allée de main morte...

Mes joues commencèrent à chauffer, tout le monde prenait part à la conversation.

- Arrêtez, s'il vous plaît, c'est assez embarrassant, murmurai-je.

- Oh, on te taquine, s'exclama Zita en se penchant vers moi tout en passant un bras autour de mes épaules. Et on te prépare aussi mentalement à le recroiser, parce que ce n'était pas très glorieux tout à l'heure... Tu étais tellement gênée que tu t'es étouffée avec ton eau...

Sheila conseilla à Zita de se taire avant que mon visage n'achève de se consumer, ce qui provoqua un rire général autour de la table. Mes pommettes avaient probablement pris une couleur écarlate bien visible pour tous.

***

- Le départ est prévu pour dans trois jours, on embarque à 10h30 à l'aéroport de San Francisco pour un vol direct pour Rio de Janeiro. On a deux jours de battement à l'hôtel sur place avant de prendre un vol interne pour São Luis. De là-bas, on rejoindra la forêt amazonienne avec une voiture louée à un guide qui nous accompagnera provisoirement.

Nous étions tous attentifs à Raphaël qui nous déroulait le programme du séjour. Il poursuivit en abordant la question de l'équipement.

- Sac à dos individuel, contenant carte, boussole, balise gps pour tout le monde, je n'exclus pas la possibilité que nous soyons séparés pendant le voyage. Gourde, mini trousse de secours, cordes, lampe torche, énuméra Raphaël en vidant un sac qu'il avait apporté. Il y aura aussi une machette pour deux, il ne faut pas oublier que nous allons traverser une partie de la plus grande forêt vierge du monde. Il faudra que vous passiez à nos bureaux avant le départ pour récupérer les tenues pour crapahuter au milieu des arbres centenaires. Pour ceux qui restent ici, la CIA fournit un agent pour la surveillance et la protection. Nos supérieurs n'ont pas très envie de se retrouver avec un autre mort sur les bras sans avoir pu faire quelque chose.

- On a prévu de rejoindre les Cercles Rouges pendant votre voyage, annonça Éric. Il est temps qu'on coordonne nos forces.

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C'est le dernier chapitre de cette année ! (Et malheureusement, je vais être obligée de ralentir le rythme d'un chapitre par semaine)

Je vous souhaite à tous de bonnes fêtes de fin d'année !

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