Chapitre 13

53 9 2
                                    

Cela faisait deux jours que nous progressions sans Javier et Zita était notre nouvelle guide. D'après elle, nous atteindrions notre but dans la journée, ce qui la rendait particulièrement surexcitée. Les arbres succédaient aux arbres depuis cinq jours et il me tardait de voir d'autres personnes que les Sentinelles, surtout si ma mère en faisait partie. Je m'étais amusée à l'imaginer, en sachant que j'avais hérité de beaucoup de traits de mon père, ça laissait place à mon imagination. Durant les quatre nuits que nous avions passé dans la forêt, nous nous étions relayés pour monter la garde par binôme, légèrement craintifs à l'idée qu'un animal sauvage ait notre peau pendant notre sommeil.

- Nous ne sommes plus très loin, il ne nous reste qu'une centaine de mètres apparemment, annonça finalement Zita une heure plus tard.

La forêt dense s'éclaircissait au fur et à mesure que nous progressions en direction de la tribu de ma mère. L'avancée du groupe s'interrompit brusquement, si bien que je percutai Sheila devant moi.

- Qu'est ce qu'il y a ? Demandai-je en la contournant.

- C'est vraiment magnifique, on se croirait dans un autre monde ! S'extasia-t-elle.

Devant nous, le sentier au milieu de la végétation tropicale gravissait une légère butte au sommet de laquelle se trouvait une arche de pierre. Un rayon de soleil perçait les frondaisons jusqu'à nos pieds en traversant cette porte vers la tribu, car il ne subsistait aucun doute quant au fait que nous touchions au but.

- Je pense que c'est à toi de passer devant, annonça Zita avec un sourire en se tournant vers moi.

Je fis quelques pas hésitants pour venir à son niveau, avant de finalement la dépasser. Les émotions se déchainaient à l'intérieur de moi : un mélange d'appréhension, d'excitation, d'impatience et de soulagement. Mon cerveau bouillonnait un peu plus à chaque pas qui m'approchait un peu plus de l'arche, ma respiration s'accélérait et les battements de mon cœur résonnaient fort dans mes oreilles, me donnant l'impression que mon organe vital frappait ma cage thoracique comme pour s'en enfuir. Je ne savais pas exactement ce que mes yeux allaient voir de l'autre côté, mais c'était son monde et elle m'y attendait. Par hérédité, c'était aussi un peu chez moi et je voulais découvrir cette partie de moi. Au moment de franchir la grande arche, je marquai une pause sachant qu'après rien ne serait réellement pareil. Le passage sous le rayon de soleil réchauffa brièvement ma peau quand je passai de l'autre côté. C'est à peine si je fus surprise d'apercevoir Amélie nous attendant, après tout elle m'avait dit à Miami que nous nous reverrions. Entre ses doigts elle tenait une magnifique fleur aux délicats pétales couleur corail et lorsque j'allai à sa rencontre pour la saluer, elle arracha un des pétales du reste de la plante qu'elle mit dans le récipient qu'elle tenait dans son autre main.

- Bienvenue chez toi Anaïs, m'accueillit-elle tout en broyant le pétale dans le bol. Est ce que tu peux fermer les yeux pour recevoir ta marque de rituel ?

Je m'exécutai et l'instant suivant, ses doigts vinrent déposer sur mes paupières et toute la ligne horizontale de mon visage la mixture contenue dans le bol. Ses doigts étaient froids mais sinon la sensation n'était pas désagréable sur ma peau par cette chaleur moite.

- C'est bon, tu peux rouvrir les yeux, fille d'Ellen.

Amélie était radieuse devant moi, elle accueillit ensuite les autres Sentinelles et Raphaël mais ils n'eurent pas droit aux peintures sur le visage. Quand Zita le fit remarquer, Amélie expliqua que ces peintures m'étaient réservées en qualité de fille de chef. Elle nous guida ensuite au milieu de la végétation un peu moins dense qu'en pleine forêt jusqu'à une zone encore un peu plus dégagée. De modestes bâtisses en pierre grise s'y trouvaient, un plancher un demi mètre au-dessus du sol pour éviter aux provisions qui y étaient stockées de prendre l'eau à chaque pluie diluvienne. Nous entendîmes les membres de la tribu avant de les voir : des voix venant des frondaisons au-dessus de nos têtes nous parvenaient. Lorsque nous levâmes les yeux, nous pûmes découvrir le véritable lieu de vie de ces hommes et ces femmes. Des cabanes s'appuyaient sur les troncs et les branches des nombreux arbres tropicaux, reliées par des ponts suspendus et des échelles de cordes. Les habitants avaient pour la plupart interrompus leurs activités en nous découvrant au pied de leurs habitations : ils nous observaient, curieux, depuis les ouvertures de leur cabane, les ponts, les échelles. Ils faisaient partie intégrante de cette forêt, les couleurs du peu de vêtements qu'ils portaient se confondaient avec le vert si caractéristique des feuillages ou le marron des troncs et les oiseaux tropicaux colorés, dont les cris emplissaient l'air, n'hésitaient pas à s'approcher des constructions humaines ni des-dits humains.

Les autres Sentinelles étaient, tout comme moi, subjuguées par le spectacle que nous offrait la nature tout autour.

- Anaïs, m'interpella Amélie, je vais montrer à tes amis où vous allez dormir, pendant ce temps Ellen t'attend pour faire ta connaissance. Elle est dans le temple derrière toi, il faut suivre le chemin jusqu'au bassin, m'expliqua-t-elle en devançant toutes mes questions.

Après avoir fait un dernier signe de la main aux Sentinelles à qui j'avais laissé mon sac, je suivis les instructions d'Amélie. L'entrée du temple en pierre était bien visible mais le reste disparaissait sous la végétation. Je m'y avançai pour découvrir un couloir creusé dans la roche qui s'enfonçait sous terre avec une légère pente. Mes pas résonnèrent étrangement dans le passage tandis que j'y progressais. Le chemin déboucha ensuite sur une large cavité possédant une petite ouverture vers le ciel ce qui permettait à la lumière naturelle de venir éclairer l'espace. Je descendis l'escalier taillé dans la paroi pour atteindre le sol de la grotte. Juste devant moi se trouvait à présent un bassin assez peu profond, un mètre et demi voire deux tout au plus, empli d'une eau cristalline. Le bruissement d'une étoffe derrière moi me coupa de ma contemplation de ce lieu tout à fait incroyable.

*******

Le chapitre hebdomadaire....

N'hésitez pas à voter et à laisser un petit commentaire, par ce temps maussade ça illumine mes journées !

Pour rappel j'ai commencé la publication de Héloïse ou Le double jeu, une romance historique. N'hésitez pas à y jeter un œil

Les Sentinelles 2 - L'Artefact PerduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant