10 ans plus tard…
_ Hyuck, à table !
_ Ouais, ouais, j'arrive…Affalé sur son lit défait de la nuit, le rouquin grogna.
Il gigota un peu, se défaisant avec peine de la couverture le recouvrant à moitié. La nuit tombait doucement dehors, teintant le ciel d'une couleur rosée.Il n'avait pas faim, pour le troisième jour consécutif.
Il ne mangeait quasiment rien d'habitude, alors cela ne lui manquait pas vraiment.Malgré tout, cela commençait à inquiéter son entourage ; ses parents insistaient pour le nourrir plus que nécessaire, et sa grand mère qu'il voyait très peu était mille fois pire.
Pourtant, Donghyuck allait bien. Du moins, il ne se sentait pas spécialement bizarre ou vide.
Il allait bien, parfaitement bien.Se redressant paresseusement, il s'étira les bras et balança son corps en avant pour se lever.
Sa mère avait eu le temps de l'appeler une nouvelle fois, d'un ton qui se faisait impatient._ J'arrive, j'arrive !
Les syllabes perdirent de leur intensité au fil des paroles.
Il n'avait pas la force de crier plus fort. Il ne s'en sentait pas capable.
Une fois debout, son corps chancela et un voile noir se posa sur ses yeux ; quelques secondes passèrent avant que le roux retrouve la vue, mais un mal de tête insupportable avait pris d'assaut sa boîte crânienne déjà douloureuse.Soupirant encore, Donghyuck descendit lourdement les marches grinçantes de l'escalier, les yeux papillonnant incontrolablement.
Il n'avait pas beaucoup dormi la nuit dernière._ Il est 19h, Donghyuck, tu peux pas t'endormir à des heures pareilles.
_ C'est pas de ma faute, j'ai pas réussi à dormir cette nuit.Son père émit un bruit peu convaincu, mais n'insista pas.
_ J'ai mal au crâne…
_ On a plus de médicaments, je vais en chercher demain matin.Grognant faiblement, Donghyuck laissa sa tête tomber contre la table, manquant de justesse de se faire mal.
La nourriture dans son assiette ne lui faisait pas envie, et il avait l'impression qu'une seule bouchée lui ferait vomir ses tripes ; pourtant, sous l'air insistant de sa mère, il attrapa sa fourchette sans grande motivation et porta un peu de légumes à sa bouche, mâchant lentement.Ce n'était pas dégoûtant, c'était même très bon ; cependant, Donghyuck ne pouvait plus apprécier la nourriture.
Ce plat en particulier, ces accompagnements, tout cet ensemble de trucs, il ne pouvait même pas en supporter la vue.
Sa mère faisait très souvent ça à manger, mais le problème était autre.C'était la nourriture que Donghyuck avait mangé avant d'apprendre la disparition de Jaemin.
Et sans qu'il comprenne vraiment pourquoi, tout ce qui se rapportait à cette soirée l'avait traumatisé.
Il ne voulait plus aller se promener dans les chemins, puisque que c'était ce qu'il faisait tous les jours avec Jaemin.
Il évitait sa rue comme la peste, n'étant plus capable de s'y rendre sans se sentir mal, voir même de vomir.
Il ne dessinait plus, puisque c'était la dernière chose qu'il avait fait avant d'enterrer ce maudit cercueil vide._ J'ai pas faim, je crois que je vais aller prendre l'air.
Habitués, ses parents levèrent juste les yeux au ciel, comme si c'était de la comédie.
Pourtant, dès que le jeune homme eu franchit le pas de la porte, il sentit remonter dans son œsophage le peu qu'il avait avalé.
De la bile, avec d'autres choses non identifiées se retrouvèrent dans le caniveau, Donghyuck s'étant mit à pleurer incontrolablement.Il s'essuya avec sa manche et toussa, un goût horrible dans la bouche.
Il en fit abstraction - il avait l'habitude, à force - et marcha lentement vers la rue principale, où quelques personnes traînaient encore sans but précis ; tout le monde était en groupe, en particulier les enfants qui étaient toujours accompagnés d'un adulte.Pour cause, le village était devenu dangereux.
Depuis la disparition de Jaemin, au moins trois enfants avaient subi le même sort que son ami, et ce chaque année.
Pourtant, jamais la police n'était intervenue, et avait laissé tout le monde sans réponse.
Désormais, même les adultes ne disaient plus rien ; ils ne faisaient plus de remarques, ne se rendaient même plus aux enterrements débiles et ignoraient les traces de sang séché parsemant les murs des maisons.Ces enfants disparaissaient, et tout le monde faisait comme si de rien n'était.
Donghyuck trouvait cela révoltant. Jamais il n'aurait pu se faire à l'idée que tous ces enfants avaient fugué, étaient morts dans des endroits isolés, où quelque excuse stupide trouvée par les policiers et répétée comme un prophétie par les adultes.
S'énervant tout seul au milieu de la rue, il marcha plus vite, les mains dans les poches et ses veilles baskets raclant le vieux bitume défoncé de la route. Les lampadaires s'effacèrent de son chemin, et il emprunta sans vraiment y penser les petites routes du village, celles mal éclairées et plutôt glauques.
Sortant de ses pensées, Donghyuck regarda rapidement autour de lui ; il ne reconnaissait pas vraiment les murs l'entourant.
Tout était sombre, et les seuls bruits environnants étaient des claquements de volets, des oiseaux nocturnes, et les dernières cigales qui chantaient.Le roux n'était pas serein ; traîner dans les rues si tard était dangereux, il le savait.
Tentant d'apercevoir une lueur quelque part, il fit quelques pas en arrière, hésitant.Un claquement retentit.
Donghyuck se figea.
Son cœur s'accéléra quand le bruit s'éleva de nouveau.
Un claquement.
Un autre.
Encore un autre.Finalement, les claquements ne s'arrêtaient plus, résonnaient dans l'air du soir, sans aucune pause.
Le roux était tétanisé. Il essayait de bouger, mais la peur le clouait sur place et lui prenait à nouveau les tripes.
Il allait vomir.Et puis d'un coup, tout s'arrêta.
Un fracas s'apparentant à une chute de poubelles se fit entendre, suivit d'un cri perçant, venant d'une ruelle adjacente.Donghyuck sentit son cœur rater un battement.
Ses jambes se débloquèrent, et malgré le danger qui semblait évident, le roux se mit à courir en direction de la ruelle.
Il bifurqua rapidement, manquant de tomber, et déboucha finalement sur la rue faiblement éclairée par un unique lampadaire.
Et à l'endroit où la lumière jaunâtre frappait le sol, des vêtements déchirés et une flaque de sang frais se découpaient dans la semi-pénombre.
Il semblait même rester quelques bouts de chair sanguinolente, qui baignaient dans cette mare rouge.Ne pouvant supporter cette vue, le jeune homme se mit a hurler, à s'en déchirer les cordes vocales.
Peu de temps après, les habitants du quartier accoururent, alertés par le son d'horreur produit par le rouquin.Et alors qu'il vit deux hommes s'approcher prudemment de la flaque rouge, ses yeux roulèrent dans ses orbites et il perdit connaissance.
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•| deviltown |• ; markhyuck
Fanfic" Je ne peux plus rester les bras croisés comme vous tous, voilà tout. " Donghyuck s'est mis en tête de retrouver son ami disparu, par tous les moyens.