Chapitre 4. [CORRIGÉ]

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Théo l'attendait déjà dans la voiture, prête à partir, lorsque Lilou sortait de chez Jenny's. A peine fut-elle installée côté passager que Théo démarrait sur les chapeaux de roues, prenant la route de la supérette. L'agent Williams roulait très bien. C'était bien la première fois que Lilou se sentait en sécurité dans une voiture alors qu'elle n'était pas au volant de celle-ci. Même si elles étaient bien au dessus des réglementations de vitesse autorisée, les sirènes de leur voiture les protégeaient d'éventuels accidents de la route. La supérette dans laquelle avait été repéré le suspect se situait quasiment à l'autre bout de la ville, si bien qu'elles n'arrivèrent pas sur les lieux avant un bon quart d'heure.

Heureusement pour l'unité des renseignements de Chicago, l'homme était encore à l'intérieur, tenant le gérant de l'enseigne en joue. Lorsque Lilou, Théo, Jane et leurs coéquipiers rentrèrent dans la supérette, ils durent faire preuve de beaucoup de précaution. L'homme avait présument tué un petit garçon, ils ne souhaitaient pas avoir un second cadavre sur les bras. Pendant que Jane et Jeff, son équipier, sécurisait l'entrée, Théo et Lilou s'approchait doucement de l'homme en entamant la conversation. Lilou cherchait à établir un contact verbal pendant que l'agent Williams protégeait ses arrières, son arme pointée sur l'individu, prête à l'abbattre si cela venait à mal tourné.

- Monsieur, baissez votre arme, commença Lilou avec douceur. Vous ne voulez pas tuer cet homme.

- Reculez ! cria-t-il alors, en proie à la panique. Reculez ou je tire !

Au plus la jeune Danvers tentait de s'approcher du suspect, au plus le doigt de celui-ci se contractait sur la gachette. Dans des gestes lents, Lilou baissait son arme et la rangeait. Elle ne devait pas prendre le risque que l'individu perdre pied. Il devait rester avec elle.

- Monsieur, reprit-elle. Regardez-moi.

La chaleur montait considérablement dans la pièce et Lilou pouvait sentir de la sueur commencer à perler sur son front. Une fine pellicule se posait sur sa peau, principalement engendrée par l'anxiété. Le suspect jetait des coups d'oeil vers elle sans pour autant la fixer. A chaque fois, son attention se reportait sur son otage et Lilou commençait à vraiment avoir peur qu'il ne commette l'irréparable. Le gérant de la supérette tremblait de peur, les yeux écarquillés. Continuant à progresser vers le jeune homme, Lilou tenait ses mains en l'air pour lui montrer qu'elle n'était plus armée. Mais rien n'y fit.

- Arrêtez d'avancer ! Cria-t-il à nouveau.

Décidée à ne pas prendre de risque inutile, Lilou obtempérait. Elle se figeait à quelques mètres de la personne qu'elle devait neutraliser, sans pour autant être en capacité de l'atteindre.

- Je sais que vous ne voulez pas faire ça, assura la policière en se voulant le plus convaincante possible. Vous ne voulez pas tuer cet homme et vous ne voulez pas mourir. Car c'est ce qui va se passer si vous ne lâchez pas votre arme. Ma collègue va être obligée de tirer si vous l'abbatez. Ce n'est pas ce qu'on veux et vous ne le voulez pas non plus.

- Vous ne savez pas ce que je veux !

Lilou avait eu tord. Elle venait de commettre la plus grosse erreur de sa vie. Avant que Théo n'ai pu le descendre, le suspect avait saisi le gérant et le tenait maintenant devant lui, en guise de bouclier. Il reculait jusque l'issue de secours derrière lui et quittait la supérette après avoir lâché l'otage. Sans attendre, Lilou s'était élancée à sa poursuite.

La porte donnait sur une ruelle. Le temps qu'elle retrouve le suspect du regard, celui-ci avait réussi à enfourcher une moto et venait de s'élancer vers la baie. Saisissant sa radio, elle communiqua l'info au reste de ses agents, qui le prirent en chasse. Théo venait de la rejoindre en voiture et elle n'eût qu'à grimper côté passager avant que l'agent Williams ne démarre en trombe. Grâce aux indications de leurs collègues, elles parvinrent à le rattraper sur une route nationale non loin de là. Après maintes bifurcations toutefois, Lilou se rendait compte que l'individu les emmenaient droit vers le pont de Chicago. Théo ne ralentissait pas mais l'homme commençait à les distancer. Le motard venait de s'engager sur le pont à toute vitesse. Une petite sonnerie significative parvint aux oreilles de Lilou, qui eut juste le temps de crier à Théo de s'arrêter. Cette dernière, entendant le hurlement de terreur de sa collègue, pilait juste avant que le pont ne se lève. Mais il était trop tard, le suspect avait, lui, réussi à passer de l'autre côté du pont. Elles étaient obligées de se rendre à l'évidence : elles l'avait perdu.

- Putain ! S'exclama Lilou, hors d'elle.

Théo reculait, dépitée de s'être laissée semée, et reprit la route en direction du commissariat.

- Tout ça c'est de ta faute ! continua Lilou, aveuglée par la colère. Tu as laissé s'enfuir notre seul suspect !

Théo n'en revenait pas. La jeune Danvers était submergée par ses émotion et elle en venait à parler sans vraiment réfléchir. Elle savait à quel point elle était injuste envers la brune mais, elle avait besoin de rejeter la faute sur quelqu'un d'autre qu'elle même.

- Quoi ? s'étonna Théo en écarquillant les yeux. Comment tu peux dire une chose pareille ? C'est n'est pas ma faute !

- C'est toi qui conduit, c'est forcément de ta faute !

- Alors quoi, tu aurais voulu que je conduise plus vite ? s'indigna l'agent Williams.

- Tu aurais du !

La colère gagnait peu à peu de l'emprise dans le cœur de Théo. Elle aurait souhaité remettre Lilou à sa place et asseoir son autorité. Néanmoins, elle ne le pouvait pas. Elle n'était pas en mesure de pouvoir manquer de respect à sa supérieure, encore moins en sachant que celle-ci n'attendait que ça pour pouvoir la virer et la renvoyer d'où elle venait. Théo devait être beaucoup plus maligne que ça. Alors elle ne répondait pas et se contentait de laisser un silence de plomb s'installer entre elles deux. Il valait mieux pour tout le monde qu'elle ne s'adresse plus la parole, aujourd'hui. Lilou n'était visiblement pas dans un bon jour et l'agent Williams ne souhaitait pas s'en attirer davantage les foudres. Alors elle relativisait en se disant que tout irai mieux le lendemain. D'après ce qu'elle avait compris, Lilou avait passé la nuit au bureau, pas étonnant qu'elle soit à cran.

Théo, sentant la pression monter face à l'attitude de sa coéquipière, eut bien du mal à se garer correctement sur le parking du commissariat. Lilou la rendait de plus en plus folle et elle aspirait à sortir de cette voiture, rentrer chez elle, et s'éloigner le plus possible de la jeune femme aux cheveux châtains qui lui était nocive, aujourd'hui. Pourtant, en pénétrant dans les bureaux de leur unité, situés au premier étage du commissariat, pour s'atteler au rapport qu'elle devait rendre suite à l'altercation de la supérette, Théo comprit que la journée n'allait pas se finir si tôt. Le capitaine James, son père adoptif, les attendaient, debout face au tableau blanc où était attachée la photo de leur victime de la veille, ainsi que le portrait robot de leur suspect et les informations qu'ils possédaient.

- Théo, Lilou, il faut qu'on parle, annonça-t-il de but en blanc, avec fermeté.

D'un geste de la main, il leur indiquait de pénétrer dans le bureau qu'occupait la jeune Danvers. Elles échangèrent un rapide coup d'oeil avant de suivre leur capitaine dans celui-ci. Théo, qui fut la dernière à entrer dans la pièce, fermait la porte derrière elle. Tous leurs collègues les avaient suivies du regard jusqu'à ce qu'elles passent le pas de la porte. Laisser s'échapper un suspect valait toujours de rendre des comptes. Elles n'y échapperaient malheureusement pas.

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