Une méfiance attirante

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Alienore profitait de cette belle journée de printemps. Cela faisait à présent 2 semaines que Jeanne séjournait au château. Alienore traversait la basse-cour, souriant à tous les passants. Elle marcha jusqu'à l'écurie et entendit une voix familière.

- Commencez à équiper les chevaux, qu'ils soient prêts dans 3 jours, pour que nous ne perdions pas de temps au moment du départ.

Le coeur d'Alienore se décomposa, elle s'arrêta net derrière le mur en bois de l'écurie et essaya de reprendre sa respiration. L'homme qui parlait avec Jeanne partit. Alienore sentit ses jambes partir toutes seules, elle entra aussitôt dans l'écurie.

- Votre duchesse va vous manquer si vous partez...

Se surprit Alienore. Jeanne leva la tête et transperça le regard de la princesse.

- Je pensais plutôt à une autre personne qui me manquerait mais peu importe.

Alienore avala sa salive et serra la mâchoire.

- Pourquoi partir plus tôt ?

- Je n'ai plus rien à faire ici, les hommes sont prêts. Plus vite nous partons, plus vite nous délivrons Orléans.

- Plus vite certes, mais plus vite à la mort si tout le monde n'est pas complètement fin prêt.

- M'insitez vous à rester Alienore ?

- Peut être oui...

Jeanne, étonnée de la réponse immédiate, écarquilla les yeux.

- Dans l'intérêt des hommes du château bien sûr. se rattrapa Alienore.

- Je m'en doutais.

Sur ces mots Jeanne sortit de l'écurie. Alienore dévastée, se laissa tomber sur une botte de paille.
Son esprit se torturait férocement depuis une dizaine de jours. Ses forces l'abandonnèrent et elle vit une image trouble du sol se rapprocher anormalement.

- ...re, al..ore..., réveillez vous...

Alienore sentait comme une épée lui transpercer le crâne mais ce ne fut que Jeanne qui lui épongeait le front avec un tissu.

- Comment vous sentez-vous Alienore ?

Elle regarda autour d'elle : des armes étaient posées sur une table, le lit dans lequel elle était, correspondait à celui des invités d'honneur, elle se trouvait dans la chambre de Jeanne.

- Que s'est-il passé ?

- En revenant à l'écurie je vous ai trouvé inconsciente, je vous ai donc porté jusqu'ici pour que vous soyez au calme. Vous avez l'air tant torturé Alienore, et vous avez l'air faible avec votre visage clair et vos cernes. Dites moi ce qui vous tourmentes tant.

Alienore toute tremblante prit la main de Jeanne et dit :

- Je ne dors guère assez depuis quelques jours.

- Reposez-vous alors, il est tard.

Jeanne s'allongea à côté d'elle.

- A moins que vous ne préfériez que je vous ramène dans votre chambre ?

Alienore ferma les yeux et se rapprocha de Jeanne. La guerrière tira la couette sur elles et mit sa main sur le ventre d'Alienore.

Au réveil, Alienore se trouvait seule dans le lit. Le soleil dehors brillait de mille feu. Les affaires de guerre de Jeanne n'étaient plus là. La princesse se leva d'un bond, elle avait retrouvé ses forces. Elle ne pouvait pas être partie ?! Alienore s'habilla dans sa chambre et sortit dehors. Dans la cour du château, Jeanne et ses hommes se livraient à des combats avec de vraies armes. Alienore se posa sur un banc, à côté d'un tas d'arme en tout genre. Jeanne s'entraînait face à un homme de 2 têtes de plus qu'elle et d'une largeur supérieur, alors elle jouait ses coups sur la rapidité. L'homme la regardait de travers, et frappait farouchement. Quelques minutes plus tard ils firent une pause.

- Voulez-vous de l'eau ?

- Oui merci Alienore.

- Cet homme y va un peu fort pour un simple entraînement !

- Ne vous en faites pas Alienore, ils seront performant sur le terrain ainsi.

La princesse se leva et passa devant les 2 hommes pour aller chercher un pichet d'eau qu'elle apporta aussitôt à Jeanne. La guerrière avala le tout et monta sur son cheval, armée d'une lance. L'homme dit à un autre homme tout bat : "Ce sera un accident, mais pas aussi dramatique que si cette femme nous commande sur le champ de bataille."
Les 2 hommes ricanèrent. Alienore réfléchit à toute vitesse. Que voulait dire cette phrase ? Sûrement pas du bien. Alienore regarda où en était l'homme.

- Élance toi et tape mon bouclier ! cria Jeanne.

L'homme donna un coup de talon à son cheval et brandit sa lance. Alienore prise de terreur se leva et cria le nom de Jeanne, mais elle ne l'entendit pas. L'homme continuait de foncer droit sur la guerrière. La lance de l'homme ripa sur le bouclier et termina sa trajectoire vers la poitrine de Jeanne qui fut aussitôt projetée au sol. Alienore attrapa un arc dans le tas d'arme et tira une flèche dans le dos de l'homme.

Baignade Sentimentale Dans Un Château Du XIe Siècle (G×G)[terminé] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant