q u a t r e
2 mois plus tôt…
J’étais venu à la soirée de mon voisin parce qu’il m’avait demandé de l’aider à monter tous les packs de bière alors que je sortais juste de mon appart pour récupérer du courrier. Et une fois rentré dans son appart il m’avait invité. En guise de remerciements je suppose.
J'ai accepté. Il faut dire que je n’ai pas grand-chose de beau à faire de ce samedi soir. J’avais fini un rapport pour l’école, et j’avais juste besoin de décompresser. Enfin c’est ce que je m’étais dit.
J’ai accepté, et je suis resté.
Au fur et à mesure, les gens ont commencé à arriver. J’avais juste une bière depuis le début, parce que c’était un nouveau voisin, et que je ne voulais pas qu’il pense que j’étais un gratteur. Pire encore, un gratteur d’alcool. C’était con comme réflexion. En effet. Mais je n’avais pas besoin de me faire remarquer. Donc je buvais deux trois gorgées de temps en temps.
J’avais au début entrepris de faire le tour de l’appart. Mais 1) c’était assez petit, un studio. Et 2) c’était une réplique du mien. Disons que niveau découverte c’était moyen.
Alors je m’étais installé sur un des deux canapés, faisant mine d’être sur mon téléphone, en jetant des coups d’œil de temps en temps aux gens qui arrivaient, et à ceux qui dansaient au milieu de la piste. Prêt à passer une soirée ennuyeuse.
J’en étais à me demander pourquoi j’avais accepté, au lieu de prétexter un truc à faire, et j’envisageais sérieusement d’attendre que tous ces jeunes gens soient assez bourrés pour me barrer en douce, quand j'ai vu ce mec entrer dans le salon. Ça avait toujours été évident pour moi que j’aimais les mecs. Mais lui il était si… si beau, quand il est rentré, que j'ai failli lâcher ma bière. Qui était vide à présent. C’était sûrement l’alcool, mais je l’ai vu, et j’ai réellement eu l’impression qu’on avait traversé mon cœur avec une flèche.
De toute manière, ils étaient tous déjà ivres pour le voir. J’avais l’impression que quelqu’un s’était amusé à ce que je me sente parfaitement seul pour ne voir que lui.
La musique avait tourné au ralenti, et les lumières aveuglantes et tournoyantes semblaient avoir changé de rythme, comme pour éclairer cette tension qui n’aurait pas dû exister. Pas déjà.
Et ce soir-là, je suis tombé amoureux de lui.
Nos regards se sont croisés une fraction de seconde, et j’ai raté un battement. Il a souri imperceptiblement, et il a tourné la tête, parce quelqu’un lui tendait une bière. Il l’a attrapé, et même si lui ne me regardait plus, moi j’étais aimanté. Irrémédiablement attiré par lui, et tout ce qu’il dégageait.
Je me suis un peu repris, et j’ai reporté mon attention à mon téléphone, complètement perdu, pour me déconcentrer de ce centre d’attraction trop puissant.
Je trainais sur les réseaux sociaux depuis quelques minutes déjà, quand j’ai eu un mal de crâne assez dingue. Je faisais littéralement une overdose de cette soirée, et la seule bouffée d’air frais que j’avais pu entrapercevoir s’était volatilisée comme de rien en un temps record. J’ai voulu aller me rafraîchir dans la douche, seul endroit de l’appartement avec un robinet qui n’était pas censé être recouvert de bouteilles d’alcool vide, mais visiblement, des gens que je ne connaissais pas – en réalité ici je ne connaissais personne – étaient en train de se reproduire dans la cabine de douche.
Il était plus d’une heure du matin, et j’avais un peu bu, vraiment peu, mais je n’ai pas plus réfléchi, et je suis parti. Pas question de rester ici plus longtemps, il fallait que je rentre chez moi, pour dormir.
Je suis sorti de l’appartement, dans l’idée de redescendre chez moi, en me posant de réelles questions sur ma présence ce soir.
J’ai pris soin de refermer sa porte derrière moi, et quand je me suis engagé dans le couloir.
Quand je l’ai vu, adossé au mur, assis par terre. J’ai un peu sursauté de l’intérieur. Pour moi il allait rester un bon souvenir dans un mauvais souvenir, un de ces beaux mecs qu’on croise une fois sans jamais les revoir. Et surtout aussi inaccessibles que d’essayer d’attraper le vent.
J’ai eu la réaction la plus banale, c’est-à-dire que je l’ai fixé une seconde à peine, avant de me diriger vers l’ascenseur. Ça aurait fait beaucoup trop irréaliste que je vienne comme ça, et que je lance la discussion. Pas moi.
« On dirait que t’as fait une connerie. » j’ai entendu.
Je me suis planté au milieu du couloir, figé. J’avais bien entendu ? Ou je n’aurais vraiment pas du accepter cette bière bon marché ? Il était vrai que je n’avais pas vraiment l’habitude de boire.
« Ton attitude de fuite est plus que suspecte. » a-t-il ajouté. « Qui quitterait une soirée en plein milieu, à… »
Il a jeté un coup d’œil à sa montre.
« À 23h46 à peine. »
Eberlué, je n’ai pas répondu. Je rêvais ou ce mec me parlait à moi ? J’ai regardé autour de moi, et je me suis retourné, mais j’étais bel et bien seul. Avec lui. Dans un couloir. Si j’avais su je serais sorti plus tôt.
« Je pourrais en dire de même de toi. » je lui ai répondu.
Il s'est levé, et s’est approché doucement. J’ai reculé. Mais j’ai fini contre le mur. Il a posé ses mains sur le mur, à la hauteur de ma taille, et il a soufflé.
Il avait bu lui aussi.
Il se rapprochait de plus en plus, son visage juste à quelques centimètres du mien, et alors je l’ai embrassé.
Je n’explique toujours pas cette réaction, et peut-être que je ne réfléchissais plus tout à fait clairement, mais c’est moi qui ait commencé.
Ou lui. C’est lui qui m'avait parlé, lui qui m’avait approché. C’est comme s’il m’avait donné la permission de le faire.
C’est allé assez vite, et finalement se peloter dans le couloir, c’était assez risqué puisqu’il y avait des personnes âgées et des familles qui habitaient avec nous dans le petit immeuble.
Retourner dans cette soirée n’était pas envisageable, et c’est comme ça qu’on à fini chez moi.
Cette nuit a été fantastique.
Le matin, j’ai émergé du sommeil bien après lui, et mon salon m’a paru bien froid comparé à la veille. Il était parti.
Avec déception, j’ai posé ma main dans la trace de son corps dans les draps, trace qui abritait son corps encore cette nuit. Je n’y croyais toujours pas. Étais ce réel ? Cela avait-il eu réellement lieu ? Ce genre d’aventure ne m’arrivait jamais.
J’ai laissé glisser ma main pour la rabattre contre moi.
En repensant à hier, j’ai rougi.
En fait, j’était dans un état bipolaire, savant mélange d’incrédulité et de gêne, mélangé à un bonheur sans fin.
Avec courage, je me suis levé, après une demi heure d’alternance entre mes deux états. On aurait dit que je m’étais transformé en bonbon rose pailleté. Je devenais mielleux, écœurant. Il fallait que je me reprenne, parce que s’il était parti sans me réveiller c’était parce qu’il préférait qu’on n’en reparle plus jamais. Qu’on ne se reverrait plus jamais non plus.
Je repliais mon clic clac.
J’avais peut-être été merdique ?
Génial. Même mon plan d’un soir me trouvait naze.
Je m’étais levé, mais toute bonne humeur m’avait quitté. C’est vrai, c’était déjà assez gros d’avoir couché avec lui, et même si ça lui avait semblé nul, moi ç'avait été le meilleur coup de toute ma vie. Je n’en revenait toujours pas.
D’ailleurs, en plus d’avoir bu, j'avais ramené un mec chez moi comme ça, dès le premier soir. Ça aurait pu être un pervers psychopathe. Quel inconscient, j’ai pensé, avec un sourire flottant sur les lèvres.
Rien de mieux qu’un café n’aurait pu me remettre sur pieds à cet instant, car même si je n’avais pas bu comme un trou, j’avais une migraine qui commençait à se faire sentir.
Il fallait voir les choses du bon côté : j’avais tiré mon coup, et on était dimanche. La journée idéale pour se poser dans le canapé et rattraper quelques épisodes de séries.
Je suis parti dans la cuisine, pour allumer la machine à café. J’ai sorti céréales, bol, lait et cuillère, paré pour ma journée chill qui se préparait.
Une fois le café prêt, après de si longues minutes d’attente que j’en aurait tué quelqu’un – sans compter que ma vieille machine ruminait si fort qu’on l’entendait dans tout Paris – j’ai emmené ma tasse et mon bol, pour m’installer en tailleur sur le sol, adossé au canapé.
J’ai posé ma tasse fumante sur ma table basse qui me servait aussi accessoirement de table de chevet, mais du café a débordé, me brûlant la main. J’ai alors lâché la tasse qui est retombée sans faire plus de dégâts. C’était sans compter le bol, que j’avais relâché en même temps par réflexe, et qui avait tâché une pile de papiers qui traînait là. Rien de bien grave, heureusement il ne s’agissait que de quelques gouttes.
Sur le moment, j’ai un peu paniqué, puis je me suis souvenu que je rangeais mes factures à un autre endroit.
Je suis quand même allé chercher du sopalin pour essuyer.
En revenant, et en y jetant un peu plus d’attention, j’ai remarqué un bout de papier déchiré posé sur le dessus. Replié en quatre. J’ai posé mon sopalin in instant, pour regarder ce que c’était. Rapidement j’avais déjà fait la liste mentale de ce que ça aurait pu être : une liste de courses oubliée, un dessin gribouillé en cours tombé d’un cahier, ou encore un numéro de commande. Bref un truc à jeter.
Mais c’était un numéro. Et une adresse.
Avec deux mots seulement.
« À bientôt ? »
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Regards Croisés
Romance« On se voit quand ? » « Quand tu veux. » « Ça a toujours été comme ça. » ... } les noms ne sont pas cités, il n'y a pas besoin de connaître BTS ou la kpop pour pouvoir lire cette histoire :) bonne lecture ! { Terminé. Les noms ne sont pas cités...