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« Promis, je t’écoute parler sans me moquer. »
J’ai inspiré. Ça n’avait jamais été aussi sérieux.
« Écoute, je suis désolé. Vraiment désolé. Tu vas certainement quitter cet appartement et ne plus jamais revenir, même ne plus jamais revenir dans ma vie. Et ce sera horrible. Mais écoute. Je ne veux pas être là à souffrir pendant que toi tu pourrais trouver la bonne personne. »
Ses yeux ont brillé à ces mots. J’ai continué.
« Je t’aime ok ? Voilà je l'ai dit. Et écoute, c’est pas comme si c’était la plus grande nouvelle du monde, mais je voulais juste que tu sois au courant. »
Il pleurait à présent.
Lui ? Pleurer ? Il était si fort, si sûr de lui. Je ne l’avais jamais vu pleurer. Je ne l’imaginais pas pleurer. Et pleurer pour moi en plus ? A cause de moi ?
J’ai voulu essuyer ses larmes avec ma mains, j’ai commencé à me pencher mais je me suis rappelé que je le dégoûtait peut-être en cet instant, donc je me suis ravisé.
Mais il a attrapé ma main et l’a embrassée. Ça m’a touché encore plus que n’importe quoi. Il l’a posée sur sa joue humide.
Les minutes sont passées et je ne savais pas quoi faire. Donc je n’ai ni bougé, ni parlé. On est restés comme ça, comme si les mots étaient inutiles.
Il a finalement eu les yeux secs.
Il a alors dit :
« Je… je peux tout expliquer. Mais il faut que tu jure de m’écouter jusqu’au bout. »
J’ai promis. Alors il a commencé.
« Quand je t’ai vu ce soir là, je t’ai remarqué parce que t’avais tellement l’air de te faire chier que c’était obligé qu’on te voie. » il a ri à ces mots. « Mais j’avais passé une journée de merde, et je voulais pas en plus que ça se termine mal ; j’étais pas prêt pour ça. J’ai bu ce soir là. Je voulais oublier les cours, ma routine de merde et mes études à chier. Je voulais juste oublier. Quand je t’ai vu sortir tout seul en douce, je ne sais pas ce qui m’a pris. C’est maladroit, mais j’ai soudain eu le courage de te parler. Et tu m’as répondu ! C’était ça qu’était dingue. »
Il se fiche de moi ? Depuis quand… depuis quand ?
J’ai senti mes yeux s’humidifier, mais je me suis souvenu de ma promesse de le laisser terminer jusqu’au bout, alors J’ai serré les dents. Il me regardait dans les yeux, il a souri.
« Et tu m’as embrassé. Tu m’as emmené avec toi. Et je suis resté. » il a ajouté. « J'avais peur que ce ne soit que ça, que ça s’arrête ici pour toi. Et je ne sais pas pourquoi j’ai laissé ce papier. Je… je sais pas. Mais j’ai attendu. Le vendredi, toujours pas, et je m’étais fait une raison. Mais ensuite tu m’as envoyé ce message. Bien sûr. Tu en as mis du temps hein ? »
Je le retrouvais. J’ai rougi. Imbécile. Bien sûr que j’ai mis du temps.
« J’ai failli faire une crise. Moi je pensais que j’était juste un mec de soirée, juste un gars comme ça. Je crois que j’avais surtout peur de me faire des films. » a-t-il dit avec un rire. « Donc pour te répondre, moi aussi. Moi aussi je t’aime. Tu es tellement… »
Je l’ai coupé, et J’ai capté sa phrase directement sur mes lèvres. Pas besoin d’entendre la suite. J’avais juste besoin de répondre à sa réponse.
J’ai posé mon front sur le sien, et j’ai passé mon pouce sur ses lèvres.
Il m’a laissé faire. Et je sentais que je pouvais faire ce que je voulais, tant que j’acceptais son amour et que je ne brisais pas son cœur.
J’ai pris ses mains dans les miennes, et je l’ai tiré sur le lit avec moi.
On était juste samedi après midi. La nuit ne tombait même pas encore. C’est comme si on avait toute la vie devant nous.
Il s’est allongé à côté de moi. J’ai posé ma tête contre lui. Et j’ai attrapé nos doigts pour les entrelacer. J’ai embrassé ce joli nœud. Mes larmes ont coulé toute seules.
Ça me faisait quelque chose de les voir ensemble comme ça. On avait tout fait à l’envers, l’amour d’abord, parler ensuite, se tenir les mains enfin.
Il n’a rien dit, et je l’ai remercié de l’intérieur. Les mots ne trouvaient plus leur place entre nous, de toute manière.
Il a embrassé mes yeux, et une douce chaleur s’est répandue dans mon cœur.
Nos regards s’accrochaient sans cesse, pendant que nos mains effectuaient des mouvements qu'elles n’avaient pas encore pu faire, dans le simple bruit des draps et de nos cœurs.
Je glissais mes mains sous son t-shirt, pour lui retirer, et quand j’ai voulu m’attaquer au bas, il a entrepris de retirer le mien. On est sortis du lit.
C’était différent de d’habitude, mais délicieusement doux, et agréable. On se regardait plus, on prenait plus notre temps. On s’embrassait plus aussi.
J’avais la peau rougie de ses baisers.
Une fois mon t-shirt atterri dans un coin du salon, il a ri en apercevant le suçon qu’il m’avait fait plus tôt dans la journée. J’ai rougi en repensant à ce moment.
« T’es à moi. » a-t-il dit. « T’es à moi. » il a répété, en embrassant l’endroit.
Il a appuyé sa tête contre mon cœur, comme pour m’écouter vivre. M’écouter l’aimer.
J’ai embrassé sa tête. Il a remonté ses yeux jusqu’aux miens. Si j’avais pu plonger dans son regard, à ce moment je l’aurai fait sans aucune hésitation.
Mais debout, il était déjà en train de dégraffer mon jean, et je sentais ses doigts contre mon bas ventre, ce qui n’a pas arrangé mon état. Je me suis mordu la lèvre en espérant que ça me retiendrai un peu. Grave erreur. Il a senti ma tension, et il m’a à nouveau regardé, un peu inquiet.
Je n’ai pas pu m’en empêcher et j’ai planté mes doigts dans son dos. Il a serré les dents, sans se départir de son étincelle. Il a continué.
Quand mon pantalon a été baissé, j’étais en feu, et je l’ai envoyé sur le côté d’un petit coup de pied.
Avant qu’il ne commence quoi que ce soit, je me suis mis à défaire son jean à lui. Je pouvais faire ce que je voulais, et je crois bien que j’étais déjà accro. J’ai ouvert la fermeture, et j’ai passé mes doigts dans la ceinture.
J’ai marqué l’arrêt, les doigts toujours entre sa peau et son jean. J’ai relevé mes yeux, il était juste là, avec tellement d’amour dans les yeux, que j’ai failli me remettre à pleurer. J’ai baissé la tête pour continuer, mes pouces toujours sur ses hanches. Mais il a relevé ma tête d’une main, l’autre dans mon dos.
« Je t’aime. » a-t-il dit.
Et des larmes ont aussi envahi ses yeux. J’ai remis sa mèche de cheveux derrière, mais je n’ai pas effacé ces larmes. Elles étaient très belles.
« Je t’aime. » ai-je dit aussi.
J’ai retiré son pantalon, son caleçon et nous nous sommes recouchés. Ses mains et mes mains ensembles, son cœur et mon cœur ensemble, nos corps ensemble.
Le lendemain, on était enfin dimanche, et j’avais du mal à absorber le fait que nos 2 mois venaient d’être résumés en un seul jour. Et la manière dont ça s’était terminé… J’y croyais toujours à moitié. Et l’autre moitié était gonflée de bonheur, tellement qu’elle aurait presque pu exploser. C’était allé bien trop vite.
Cette nuit, je m’étais réveillé plusieurs fois, et chaque fois j’avais cru à un rêve, un doux rêve. Mais quand je tournais la tête, il était là, en chair et en os. Chaque fois.
Il dormait encore, mais il était déjà dix heures et quelques, et j’avais faim. Je me suis levé, pour aller chercher un truc dans la cuisine.
Bien sur je n’ai rien trouvé, à part du riz de la veille, et je décidais que ce serait ce qu’on mangerait, puisque c’était tout ce qu’on avait.
Je suis allé le réveiller, et doucement il m’a souri. Je l’ai tiré par la main hors du lit, et il m’a suivi.
« Tiens. » j'ai dit en lui tendant le bol.
Il a exposé de rire, et j’ai souri. J’adorais son rire.
« Mais c’est du riz. » a-t-il dit.
« En effet. »
« On ne mange pas de riz le matin. Si ? »
« Si. C’est tout ce qu’il y a. »
Il l’a attrapé, et il a mangé, en souriant. Et en me regardant. Alors j’ai souri, et je l’ai regardé aussi. S’il voulait jouer à ce petit jeu…
Après avoir mangé mon riz, après l’avoir complètement déshabillé du regard, et après qu’il ait fait de même, on est retournés au salon et on a replié le clic clac. Je n’avais presque plus aucune force.
Ça se sentait qu’on était fatigués et malades, et c’était bien le moment. J’aurai voulu l’embrasser encore, mais ni lui ni moi n’en avions la force à ce moment précis. Alors j’ai proposé qu'on regarde un truc sur Netflix. On s'est serrés l’un contre l’autre, en se refaisant l’intégrale des Harry Potter.
Il me faisait des caresses sur la main du bout des doigts, comme s’il avait peur de me faire mal, rien à voir à ce qu’on avait pu expérimenter jusqu’ici. Et pourtant. Et pourtant !
On était arrivés au bout du deuxième, et le soleil était déjà pas mal avancé, quand on a eu un petit creux.
Il était déjà 15 heures et quelques, alors on a commandé une pizza. Je ne me rappelle même plus exactement qu’est-ce qu'on avait commandé. Ça aurait pu être à l’espadon, que je ne m’en serais pas aperçu.
Quand j’ai raccroché, j’ai senti ses doigts sur ma taille, doucement, qui me chatouillaient. J’ai souri, soupiré, et je me suis retourné.
« Dis donc. » j'ai dit, sur un faux ton de reproche.
Il m’a fait un petit bisou sur le nez.
« On a combien de temps avant l’arrivée de la pizza ? » il m’a demandé.
« Pas beaucoup de temps. »
Il m’a attrapé par la taille et m’a fait tourner avec lui dans la petite cuisine. Il avait du faire tourner mon cœur avec parce que ce dernier me donnait l’impression d’avoir fait des tonnes et des tonnes de galipettes. Mais je n’étais pas écœuré de ce tournis joyeux, plutôt étourdi, comme dans une poche de bonheur.
Nous étions en train de rire, d’échanger des baisers volés et de sourire encore quand la sonnette a retenti.
Je suis allé ouvrir au gars, qui commençait à s’impatienter, je lui ai passé l’argent, il m’a passé la pizza et je suis retourné à mon amoureux. Il s’était allongé dans le canapé, et quand il m’a vu arriver, son visage s’est éclairé. Il s’est levé, et à attrapé la pizza avec un énorme sourire.
Eberlué, je l’ai vu s’en aller avec le repas.
Puis, faisant mine de bouder, je me suis assis sur le canapé. Quand je lui ai jeté un regard noir, il me regardait en coin, avec un sourire jusqu’aux oreilles. Il a brusquement lâché la pizza, pour me sauter dessus, bras ouvert.
« La pizza ! » me suis-je exclamé, en me précipitant pour la ramasser, et l’esquiver par le même coup.
La boîte était tombée sur la tranche, et la pizza était à présent dans un piteux état. Encore qu’elle n’avait pas touché le sol directement. Mais elle était salement amochée.
Me rendant compte que je l’avais laissé en plan au profit de mon examen méticuleux sur l’état de la pizza, j’ai tourné la tête, et à son tour, il était assis sur le canapé, bras croisés et moue sur le visage, comme moi il y avait à peine quelques secondes. J’ai éclaté de rire.
« Oh, allez, pleure pas. » j’ai dit en m’asseyant sur ses genoux.
Il m’ignorait toujours. J’ai passé mes bras autour de son cou.
« Elle est bien plus moche que toi maintenant. » j’ai ajouté en riant.
Il a ri à son tour.
« Seulement maintenant ? J’étais moche avant ? »
J'ai fait semblant de réfléchir.
« Hmm. Non. »
Et je l’ai embrassé.
Finalement on a mangé la pizza cassée devant Harry Potter 3. C’était une Margherita.

Regards CroisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant