𝘉𝘳𝘰𝘤𝘰𝘭𝘪-𝘳𝘩𝘰𝘥𝘰𝘥𝘦𝘯𝘥𝘳𝘰𝘯-𝘴𝘦𝘳𝘷𝘪𝘦𝘵𝘵𝘦

[𝔜𝔞𝔬𝔲𝔯𝔱]

Sa douce cuillère d'argent prélevait avec parcimonie la mixture sacrée. Tel un ours plongeant dans la banquise, elle s'imprégnait du délicat yaourt nature. Ce moment intime la réconfortait de sa rupture douloureuse avec Douketsu.

« Ma vie c'est d'la merde... »

Elle était à bout. Heureusement que son pot de yaourt était là. Elle le considérait plus qu'un réceptacle à dessert. Mais plutôt comme un ami, un psychologue. Car après tout, un pot de yaourt est beaucoup plus utile qu'on ne le pense ! Il peut nous aider à nous défouler lorsqu'on en a besoin, ou encore à contenir nos lunettes de vue ! Pour la princesse, ce bocal était une véritable révélation !

« Le yaourt.... Mon seul ami.... Sniff... »

Chaque bouché était comme une Renaissance. Comme un coussin de douceur enveloppant son corps dans une étreinte douce et moelleuse.

« Douketsu... Pourquoi ? »

Elle était encore sous le choc. Ses crises d'angoisse, si peu fréquentes d'habitude, se sont multipliées, la faisant trembler de tout ses membres à la moindre occasion. C'est pourquoi elle voulait rester seule. Seule avec seulement une réserve de pots de yaourts pour au moins trois mois. Car, au moins, les pots de yaourts ne le jugeait pas.

« Je devrais tenter ma chance avec Kuuten.... Ah non, c'est vrai, il est mort... »

Cet instant de délice touchait à sa fin., elle avait englouti la dernière cuillère. Alors, pour combler son nouveau manque, elle se jeta, en furie, sur son second pot de yaourt. Son désir était renouvelé. Elle ressentait à nouveau cet enlacement tendre et réconfortant ressentit par sa langue. Cette dégustation était l'un de ses plus beaux moments d'existence. Mais demeurant inconsolable, elle dut se faire une raison.

«Je ne puis continuer à me morfondre ainsi ! Je dois revenir à la tête du royaume ! Boarf..... Papa s'en occupera...»

Tout à coup, l'image de Shutendoji lui parvint à l'esprit. Elle l'avait oublié, celui-là ! Quand allait-il débarquer dans ses appartements, un bouquet de fleur à la main pour lui manifester son amour ? Mais ce qu'il fallait redouter plus que tout, c'était certainement ses câlins ! Vifs et rapides, et surtout meurtriers pour la colonne vertébrale, ces enlacements plus que douteuses dégoutait la souveraine au plus haut point ! Plutôt mourir que d'approcher ce franc taré à moins de cinquante mètres ! Car après tout, c'est sa vie qui est en jeu ! On ne sait jamais ce qui peut arriver !

« Hime ! Hime, ouvrez-moi, je suis coincé ! Je me suis bloqué les doigts dans le rabat de la fenêtre ! Je souffre un peu don si vous pouviez me secourir, ça m'arrangerait.... S'il vous plait ? »

Elle étai sur les fesses. Comment avait-il put se mettre dans pareille situation ? Son esprit lui commandait de s'éloigner rapidement de ce malade mental et de disparaitre de ce lieu à jamais. Mais d'un autre côté, cela lui faisait de la peine de laisser ce pauvre oni à son sort funeste.

 « Hime ! Aidez-moi ! J'ai mal ! Je vous ferais goûter de mon saké en échange ! »

Elle a craqué. Elle ne supportait plus ces couinements plaintifs réitérés par cet espèce d'éclopé en culotte courte. Alors, dans un élan de bonté, elle ouvrit la fenêtre, laissant la possibilité à l'énergumène de réintégrer la terre ferme.

« Merci, Hime ! Vous m'avez sauvé !

- Bon ! Qu'est ce que c'est que cette histoire, Shutendoji ?! Pourquoi voulais-tu te faufiler dans mes quartiers ? Ça s'appelle de la violation de vie privée, tu sais ?

Le concerné devint aussi rouge que ses cheveux.

- M-m-m-mais non ! Je voulais simplement vous voir !