UN DOUX CHANTAGE

Chapitre 12

PDV Nasha

Depuis deux jours, je n'arrête pas de pleurer. Je suis dévastée et déçue de moi-même. La douleur et la déception que j'ai lu dans ses yeux d'habitude pleins de malice et de joie m'ont brisé le cœur. J'ai tellement honte que je n'y suis même pas retournée, pour essayer de lui expliquer.

D'ailleurs voudra-t-il m'écouter? Me croira-t-il? Toutes ces questions restent en suspens dans mon esprit.

Ce matin j'ai reçu un appel d'Olivia m'intimant de revenir au travail sous la demande de Mr Milner. J'appréhende beaucoup et j'ai hésité à partir ou au contraire me cacher jusqu'à la fin de mes jours. Je rentre dans l'entreprise qui me paraît différente aujourd'hui. Tout le monde semble plus occupé, silencieux, comme si la maison fonctionnait au gré des humeurs de quelqu'un.

-Bonjour Olivia dis-je lorsque je fus enfin à son bureau.

-Ah Nasha, mon Dieu où étais-tu donc? J'ai cru qu'il t'était arrivé malheur. Et tes yeux, tu as pleuré ou c'est une allergie?me questionnait-elle alors qu'une des stylistes l'appelait déjà à l'autre bout du fil.

Je n'eus même pas le temps de répondre qu'elle reprit.

-Argh ça n'arrête donc jamais, le travail et encore du travail. Riky est dans la salle juste à côté, vas-y et passe me voir après, qu'on discute un peu me dit-elle avant de s'en aller.

Je prie intérieurement en prenant une grande inspiration avant de rejoindre une salle qui semblait être, une sorte de studio photo. Plusieurs personnes s'affairent autour des mannequins qui n'étaient d'autres que Mr Milner lui-même ainsi qu'une belle jeune femme que j'ai déjà vu dans plusieurs magazines.

La complicité entre eux était indéniable, comme s'ils se connaissaient depuis longtemps. Elle qui lui souriait, se collant à lui et en parfait gentleman il lui rendait chaque toucher, de ses mains parfait accompagné de ce sourire qui il y a quelques jours encore illuminaient mes journées.

-Parfait dit-il en quittant le plateau sous les applaudissements de toute l'équipe.

-On mange ensemble?demanda la grande brune.

Je me surprend à espérer qu'il dise être occupé, mais à mon plus grand regret il fit oui de la tête en lui rendant la bise qu'elle lui donnait.

Lorsqu'il me vit enfin, son sourire retomba et il s'approcha de moi les mains dans les poches.

-Bonjour Mr dis-je timidement en évitant son regard qui semblait chercher le mien.

Il ne répondit pas et me dépasse. Je le suis jusqu'à son bureau où il me demande de m'asseoir.

-Je me suis rendu compte que j'ai agis avec empressement commença-t-il. Je me suis montré égoïste en vous imposant des taches qui ne faisaient pas partie de votre formation. Alors après mintes réflexions, j'ai lu votre dossier et décide de prolonger votre stage de deux semaines en compensation de votre temps dont j'ai abusé.

-Je peine à comprendre dis-je étonnée qu'il veuille bien me garder alors que je lui ai causé du tort.

-Vous allez poursuivre votre stage au service marketing. C'est bien ça votre filière d'étude n'est-ce pas? Marketing et action commerciale?interrogea-t-il.

-Oui, c'est exact répondis-je blessée par le détachement dont il faisait preuve.

-Bien alors demandez à Victoria de vous montrer où se trouve cette section et dites leur que vous venez de ma part.

-Mais je ne commençai-je avant qu'il ne me coupe en se levant brusquement.

-Bienvenue à FashionLand dit-il en me tendant sa main pour que je la serre.

J'hésite un moment à relâcher sa main et pendant ce court instant, je sens qu'il me questionne du regard, l'air de vouloir trouver des réponses qu'il ne veut sûrement pas me demander.

-Je suis prête chantonna la jeune femme de la séance photo en pénétrant dans le bureau.

Je relâche sa main et me dirige vers la sortie. Sa voix impérieuse me stoppe dans mon élan.

-Je vous souhaite bonne continuation dit-il simplement.

Je hoche de la tête sans me retourner et sors, les larmes prêtes à tomber en cascade. Je me dirige vers le service marketing qui par hasard se trouve trois étages plus bas, ce qui réduit mes chances de le revoir de 100%.

Les premiers jours étaient durs, mais j'essayais de m'adapter et me concentrer sur ma formation. Franck était parti en voyage d'affaire avec son père , je passais mes soirées à manger de pizza et à me goinfrer de glace à la vanille. Je n'ai pas revu le patron et c'était mieux ainsi, il avait été très généreux en ne portant pas plainte contre moi en plus de ne pas me virer. Même si sa voix me manquait terriblement, son humour, son toucher et ses yeux qui pouvaient exprimer mille émotions à la fois.

Une semaine plus tard, un document qui nécessite urgemment sa signature m'amène à lui. Je toc deux fois et rentre comme Liv me l'a demandé et là c'est le choc total pour moi.

-Oh pardon fis-je en me couvrant les yeux à l'aide des documents à signer avant de sortir de la pièce. Je les confie ensuite à Liv avant de m'en aller en courant. Quelle idiote je fais!

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PDV Erik

La voir d'aussi près et ne pas pouvoir la toucher lui parler me fait un drôle d'effet. C'est fou comment je me suis attaché à sa maladresse, son sourire et elle tout simplement en si peu de temps.

Ce qu'elle a fait me chagrine beaucoup, ce n'est pas la nature des informations vendues aux médias qui me pose problème, mais l'attitude. J'avais confiance en elle, je n'ai pas mis de barrière entre elle et moi. Je n'ai voulu voir que son côté innocent et doux, mais ce qui me chagrine le plus c'est que Brenda avait raison. Elle voulait des informations et peut-être même coucher pour grimper les échelons, si non pourquoi ce baiser?

Parfois j'ai mal à la tête rien qu'à y penser. Je me dis que je ne devrais pas la juger et que peut-être qu'elle n'a pas eu d'autre choix que de faire ce qu'elle a fait. J'ai préféré l'éloigner de moi sans pour autant la faire disparaître complètement de ma vie, car sans le vouloir, je l'ai laissé avoir le contrôle sur mes humeurs, mes émotions.

Ça fait deux fois déjà qu'Olivia me surprend à la regarder de loin. Elle semble heureuse et épanouie même si son magnifique sourire a disparu et que ses yeux ne brillent plus pour moi.

Depuis mon divorce je n'ai pas ressenti le besoin d'avoir de la compagnie féminine, parce que rien que de la voir chaque jour me suffisait largement.

Jenna se déhanche sur mes cuisses et se colle à moi. J'empoigne ses cheveux et l'embrasse avidement, pour évacuer la frustration que je ressens. Elle couine et je me détache de ses lèvres pour m'attaquer à son cou pendant qu'elle passe ses mains sous mon tee-shirt pour me le retirer. Je fais de même avec le sien avant de la soulever pour la déposer sur mon bureau. J'évite de la regarder dans les yeux pour ne pas y voir mon reflet.

Je ne veux pas voir cet homme qui utilise le corps d'une femme pour éteindre le désir qu'il ressent pour une autre.

Je sens qu'elle se tend et se fige d'un coup et je la regarde avec incompréhension avant d'entendre ce qui résonne en moi comme un doux chant de sirène, un de ceux qui t'envoutent et t'empêche de penser à autre chose.

-Oh pardon avait-elle dit avant de s'en aller.

Je réalise ensuite la situation dans laquelle elle vient de me voir et je suis étonné de ressentir de la culpabilité. Mais pourquoi donc? me demandai-je.

Apres tout, je ne lui dois rien et elle non plus n'a pas pris la peine de m'expliquer ses actes.

Aussi, elle me trouve sûrement trop vieux. Elle doit aimer les jeunes garçons de son âge, un peu comme Larsen. Un de ces connards qui la font pleurer mais qu'elle préfèrerait toujours à moi.

Je fais abstraction de ces pensées et continue à embrasser la magnifique femme qui se trouve en ce moment dans mes bras. Sauf que tout le temps que je vais et viens en elle, mes pensées sont tournées vers Nasha avec qui j'ai partagé un moment des plus drôles, ici même dans ce bureau, sur cette table... juste ici.