Partie 1

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Ce soir encore, après le diner, j'ai refais la même chose qu'il y a deux jours. Alors que Quentin mon mari, s'est installé devant la télévision pour digérer le repas, moi, je m'éclipsais dans un coin moins bruyant de la maison : la terrasse.

La terrasse arrière de la maison donne une vue imprenable sur le ciel. Elle est comme un sanctuaire de sûreté tellement le calme y est apaisant.

Seule, assise sur la chaise à bascule, je contemple le ciel. Les étoiles semblent s'être cachées ce soir, le ciel est nu. Le vent parsème ma peau de doux baisé en la caressant lentement. Je me sens bien.

Armée de mon plaide noir et gris pour éviter de prendre froid, je profite de ce petit moment de solitude et de tête à tête avec le silence.

Mon esprit divague et me mène vers la frise de mon bout de parcours.

Vingt-huit ans et mariée, vingt-huit ans et salariée, vingt-huit ans et pleine d'avenir. La vie, en quelques sortes, m'a toujours couverte de ses bonnes grâces. Elle m'a offert toutes les choses que je désirais : de brillantes études, une amie à l'écoute sur qui compter, la création de ma propre entreprise dont je suis très fière à ce jour et le plus important ma rencontre avec mon époux Quentin.

Onze années se sont écoulées depuis la célébration de notre mariage et depuis, notre couple est comparable à un champs de tournesol arrosé par un bain de soleil en été. Quentin est mon point d'appui, mon encrage et mon plus fidèle soutien.

Aujourd'hui encore, je me surprends à sourire lorsque je me souviens du jour de notre rencontre. Ce fut un peu comme dans les films : la bousculade du gars maladroit dans une bibliothèque, cependant cette fois, la maladroite s'était moi.

Les yeux braqués sur un ouvrage de programmation, je marchais le long d'une allée de la bibliothèque quand soudain, un inconnu me rentra dedans. Mon livre tomba par terre et tandis qu'il essayait de le ramasser, je m'insurgeais en lui demandant de regarder où il mettait les pieds et que les yeux ne servaient pas qu'à lire des bouquins mais à regarder devant soi aussi. Il argua d'un ton calme que ce n'était pas de sa faute mais j'insistais dans mes accusations en lui indiquant l'opticien le plus proche.

Un homme surgit de loin et essaya de calmer la situation en affirmant que s'était réellement moi qui avait heurté l'inconnu en premier. Je me sentis confuse à ce moment et bafouillais des excuses. Je me sentis tout de suite très bête, et mal à laise. Cependant, l'homme semblait plus détendu que moi. Il se mit à sourire en disant que ce n'était pas grave, que ça arrivait à tout le monde et, venant de nulle part, il m'invita à prendre un café. On ne s'est plus quitté.

Le bruit des feuilles frappées par le vent me sortis de ma rêverie. Il soufflait un peu plus et faisait danser les boucles de mes cheveux à son rythme. Un frisson parcouru mon échine et je m'emmitouflai un peu plus dans mon plaide. Je ramenai mes bras vers mes épaules, puis, presque instinctivement, l'un deux tomba sur mon ventre.

Je fermai les yeux et le caressa lentement. Ce geste m'attristait autant qu'il me fendait le cœur. Tant d'années sont passées, tellement de prières ont été faites et tellement d'espoir mis en jeu. Je ressentais comme une douleur lancinante, les railleries de la vie qui me retirait petit à petit chacune de ses grâces notamment la plus importante : celle de donner la vie.

Après en avoir discuté avec ma famille et mon époux, il en ressortit que chacun en avait une approche totalement différente.

Selon ma mère, j'étais beaucoup trop impatiente et surtout, beaucoup trop stressée par mon travail et mon rythme de vie accéléré, un ensemble de facteur impropre à la fécondité ; Mon père cependant, disait qu'il n'y avait rien de grave car eux aussi avaient eu beaucoup de mal à m'avoir, qu'à plusieurs reprises ils envisagèrent de renoncer mais un jour, après de nombreuses prières, Dieu avait fini par les entendre ; Pour mon mari par contre, tout était une question de foi. Et moi....Moi, je ne sais plus où jen suis.

Une Histoire de NomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant