Une Histoire de Nom

Partie 4

Je quittai la plage vers dix neuf heures et rentra près d'une heure plus tard. Je trouvai Quentin assis devant la porte du garage, téléphone en main et l'air inquiet. Je fis entrer la voiture dans le garage et il m'ouvrit la portière en s'exclamant.

- Où est-ce que tu étais ? Je t'ai appelé plusieurs fois sur ton téléphone mais tu n'as jamais répondu, est-ce que ça va ?

Désorientée, je ne prêtais pas attention à lui tout de suite. Je mis un moment avant de répondre d'une voix à peine audible un « je vais bien » sans lui accorder un regard et de m'excuser pour les appels manqués. Je rentrai dans la maison et il me suivit derrière, soucieux.

- Il est arrivé quelque chose au bureau ?

Je répondis distraitement « Non » sans me retourner. Alors que je me dirigeai dans le couloir pour aller dans la chambre à coucher, il intercepta mes pas et passa devant moi. Il prit mon visage en coupe entre ses mains et dit d'un ton doux.

- Anna parle moi. Tu as l'air dévasté comme si tu venais d'apprendre une mauvaise nouvelle. Dis-moi ce qu'il y a s'il te plaît.

- Il n'y a rien Quentin, je t'assure. J'ai juste besoin de dormir un peu. La journée a été longue c'est tout.

Je lui fis une bise sur la joue pour amoindrir son inquiétude, lui répéta que « tout allait bien » puis alla dans la chambre. Je déposai mes affaires sur la chaise et m'enfermais dans la salle de bain.

Je pris une douche froide afin de me revigorer l'esprit et sortie quelques minutes plus tard pour vêtir une robe de nuit bleue à rayures blanche. Je m'assis sur le rebord du lit, en face de la fenêtre et le silence m'emplit complètement. Le bruit était dans ma tête, les pensées de la journée affluèrent dans mon esprit, j'étais troublée.

D'abord, les aveux de Louise sur les débuts chaotiques de sa vie amoureuse, puis cette petite fille dans les couloirs du centre commercial et pour finir, le plus déconcertant, ma conversation avec la vieille dame de la plage.

Qui était-elle ? Les phrases incompréhensibles qu'elle avait prononcées raisonnaient encore dans ma tête comme une musique qui ne quittait plus mes pensées.

« Ecouter la voix qui crie au plus profond de soi, c'est généralement celle-là qui est la clé. ».

Qu'est ce que cela pouvait bien vouloir signifier ? Qu'est ce que la voix représentait exactement ?

« Quand tu l'auras obtenue, sache qu'il changera radicalement ta vie. »

Cette phrase était plus qu'interpellative. Je la répétai plus d'une fois dans ma tête pour essayer d'en comprendre le sens mais sans succès.

Un bruit me sortit de ma réflexion. Je tournai la tête vers le lieu d'où provenait le son et vit Quentin à l'entrebâillement de la porte, téléphone en main. Il entra quelques secondes plus tard et vint s'asseoir à coter de moi en passant son bras autour de mes épaules.

- Qu'est-ce qu'il y a chérie, tu me semble si soucieuse, s'en est presque troublant. Partage-moi les pensées qui trottent dans ta tête s'il te plaît.

J'hésitais à tout lui avouer, cependant, mentir n'était pas la bonne solution car j'ai toujours peiné à cacher mes sentiments. Je me tournai vers lui et le prit par la main. Je débutai mon monologue en racontant tous ce que j'avais vécu jusque-là : des enfants dans la voiture, à la vieille dame de la plage, en passant par la petite fille dans les couloirs du centre commercial et l'histoire surprenante de la vie de Louise.

Il resta d'abord bouche bée, comme si les mots lui manquais, il fronça les sourcils à plusieurs reprises, comme pour réfléchir puis fini par dire :