Chapitre 12 : Une vieille histoire

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Le petit moustachu ? Sérieusement ? Qui, dans mon entourage est petit et moustachu ? Et d'ailleurs, comment est-ce qu'il peut savoir pour le PDF ? Je serais mis sous surveillance ? Comment ? Et pourquoi ? Je ne vais encore pas dormir de la nuit. Je me lève et regarde un peu autour de moi. Je chercher les endroits où d’habitude ils mettent des micros : sous les tables et les chaises, au niveau du lustre, je vais même regarder prêt du placard à balais. Rien. Je ne vois alors qu'une seule option : M. Evilblacke, le Proviseur. C'est lui qui m'a donné la carte, peut-être qu'il reçoit une alerte quand quelqu'un ouvre le fichier avec son code. Je n’ai pas répondu au message. Alors que de base j'avais du mal à suivre mon film, ben là c'est fini. J'ai essayé de le remettre en route, mais je n'arrivais pas à me concentrer. Je l’arrête, et vais me coucher. Je n’oublie pas de mettre mon réveil, et j'essaie de m'endormir, la tête pleine de questions. Toute la journée, qui a pourtant commencé vers 16 heures pour moi, me repasse en tête. Je revois tous les évènements et tout ce que j'ai appris dans mes pensées. Je m'endors après plusieurs dizaines de minutes, finalement épuisé.
Je me réveil alors, les idées toutes embrumées, et la sonnerie calme de mon réveil qui m'aide à ne pas me rendormir dans la seconde. Je me lève, éteignant la sonnerie, tout en m'étirant. Une fois debout je pars dans la cuisine. Je fais chauffer deux toasts et je sors la pâte à tartiner du placard. Je me prépare deux toasts pour après ma douche. Je pars chercher des habits dans mon armoire et direction la salle de bain. J'ai passé plusieurs minutes devant mon miroir à regarder ma marque et mes oreilles. Me demandant si je suis vraiment un elfe, et si mes oreilles vont devenir pointues un jour ? Je reste ainsi planté avant de partir à la douche. Un peu de musique et c'est parti. Je me lave et m'habille. Je sors, je prends le petit-déjeuner que j'ai préparé plus tôt. En passant je prends mon skateboard mes écouteurs et mon sac de cours avec juste des feuilles et une trousse dedans. Pour mon absence d'hier je trouverais une excuse de dernière minute, et au pire j'irais voir le proviseur, si c'est bien de lui le message d'hier, il me fera une régulation bidon et basta. Je mange mes tartines tout en roulant, avec du lofi hip hop dans les écouteurs. Je ne mets pas trop de temps à arriver. Je suis environ dix minutes à l'avance. D'habitude j'aime bien traîner mais là il me fallait du repos. Je vois alors Lucie qui arrive. Maintenant je comprends un peu mieux ses agissements, mais ça m’attriste quand même. Aujourd’hui j'ai 1h30 de physique chimie et 1h30 de mathématiques. Après ça j'ai deux heures pour manger. Puis 1h d'histoire-géographie et 2h de communication professionnelle. La communication professionnelle se fait généralement à deux, c'est pour nous apprendre à communiquer autant avec la voix qu'avec le corps dans le monde professionnel. Ce travail je voudrais le faire avec Lucie mais bon… pas sûr que ça lui aille. Puis l’arrivée de Light qui se fait toujours autant remarquer. Elle esquive les gens dans le couloir sans aucune difficulté. Ça me surprend de moins en moins. Je commence sûrement à m'habituer au fait qu'une aveugle se déplace comme si elle voyait très bien. Il est difficile de voir clairement ses expressions avec son bandeau, mais dès qu'elle croisa Chloé, la fille qui s'est aussi fait attaquer dans les bois, j'ai eu l'impression que son visage se refermait. Comme si elle la voyait et la dévisageait. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai comme l'impression qu'elle ne l'aime pas. M'enfin, ce n'est qu'un détail. Elle vint se poser à côté de moi. Elle me fit alors une remarque :
« T'as un coup ici. »
Dit-elle en touchant l’arrière de mon crâne, là où je me suis cogné lors de mon « rêve ». Je lui réponds :
« Mais comment tu sais ça ?
_ Une femme ne révèle jamais ses secrets voyons.
_ Ah oui mais là… à se demander si t’es vraiment aveugle… »
Evidemment j’ai dit ça en taquinant, ce n’est pas un manque de respect total. Elle l’a compris et me répond en riant :
« Ah, si tu savais tout ce que je peux faire !
_ Dis-moi vas-y !
_ T’aimerais bien hein !
_ Je ne te le demanderais pas sinon.
_ Je ne compte pas te le dire.
_ T’es pas drôle ! »
Sur ces mots nous rions à deux. Cependant une question me vient en tête : Rigolait-elle vraiment, où était-elle sérieuse ? A-t-elle des « talents », des « capacités » cachées ? Bonne question… peut-être que je le saurais un jour. Nous entrons en cours. Maintenant : 1h30 de Physique-Chimie. Je ne suis pas beaucoup dans le cours. Avec tout ce qu’il s’est passé, cela se comprend je pense. Placé au milieu, avec Light à côté de moi, je ne parle pas. Pendant tout le cours j'ai noté machinalement la leçon. Je n'ai même pas essayé de faire les expériences. Les maths c'est pareil, j'ai noté machinalement. Les exercices sont fait à moitié. Seule une chose m'importe : aller au bureau du proviseur.
C'est la fin du cours. Je sors alors et vais à mon casier pour déposer mon sac. Je vois alors un mot. Une écriture que je ne connais pas. Il dit :
« Je te vois, mais tu ne me vois pas. Je t'observe, mais tu ne le sais pas. On s'est déjà vu, mais tu ne me connais pas. On se retrouvera, ne t'en fais pas. »
Encore un truc pas flippant du tout… je plis le papier et le met dans ma poche. Ça peut servir. Et je vois un autre papier. Putain c'est le jour ! J'ai un peu d’appréhension en l’ouvrant. C’était une convocation dans le bureau du directeur, dans dix minutes. Ça m'arrange. Moi qui comptais aller le voir. Par contre lui il veut me dire quoi ? Est-ce en rapport avec le message d'hier ? C’était vraiment lui ce fameux « petit moustachu » ? Je n'ai plus que quelques minutes à attendre pour avoir ma réponse. Je me dirige alors directement vers son bureau. J’attends cinq minutes et je vois deux étudiants sortir avant que le proviseur ne me dise :
« Super tu es là ! Entre je t’en prie ! »
J’entre alors et m’assois après qu’il m’y ait convié. On ne parle pas, on se fixe pendant environ une minute. Il crève le silence en disant :
« Alors ? Tu as reçu mon message hier soir ? Tu ne m’as pas répondu donc je me demandais.
_ C’était donc bien vous. Je n’ai pas répondu car je ne réponds généralement pas aux messages qui ne sont pas signés et de contacts non enregistrés.
_ Mais je l’ai signé !
_ Ouais… « Le petit moustachu » n’est pas vraiment une signature.
_ Mais si ! C’est juste une signature personnalisée ! Bref… Redevenons sérieux. As-tu compris ce que tu as lu hier ?
_ Oui, ça m’a beaucoup aidé ! Je comprends mieux tout ce qu’il m’est arrivé. Mais comment avez-vous su que je l’avais lu.
_ Tu as utilisé mon code, j’ai donc reçu une notification comme quoi quelqu’un venait de l’utiliser. Et je n’ai donné de carte qu’à toi.
_ D’accord… Il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas… comme pourquoi les « mondiaux » n’ont pas le droits de s’accoupler à des humains, ou entre deux mondes différents ?
_ Tout ça tu sais c’est très ancien, et très compliqué. Dans cette société, on n’aime pas trop la différence. Le fait de n’appartenir à aucun groupe, à aucun monde, était très mal vu. S’en est même devenu interdit. Alors, les gérants de l’état de ce temps ont vite commencés à exterminer toutes personnes qui seraient ce qu’on appellerait un « entre-deux », ainsi que leurs familles.
_ Je ne comprends toujours pas pourquoi.
_ Alors laisse-moi te raconter une histoire :
La guerre vient de finir. Les 6 généraux doivent se rejoindre pour parler du Pacte, il n'a pas encore était fondé. Mais il y a eu comme un problème. Le Général des mages noirs qui n'avait pas encore signé le Pacte a eu une aventure. C’était une fée, elle était magnifique. Elle était la fille du Général des fées, qui lui n'en savait rien. Elle lui annonça sa grossesse. Ils étaient tous les deux ravis, ils pourraient enfin dévoiler leur amour avec du concret. Puis, le jour de la signature du Pacte, quelques semaines après, le Mage-Noir se décida à aller voir le général fée. Il lui a alors avoué son amour pour sa fille. Le général fée était un homme d'un calme fou. Plutôt sue d’être enragé que sa rechetonne ait été engrossée par un ancien ennemi, il posa juste sa main sur l'épaule du Mage-Noir et lui souriait simplement. Alors ont commencées les réunions de famille. Les mages-noirs avec les fées. Du jamais vu ! Ils sont même devenu le symbole du Pacte, l'exemple à suivre, le premier couple Inter mondial, c’était une grande fierté. Bonne nouvelle supplémentaire : ils auront des jumeaux. Mais comme tu dois t'en douter, tout ne s'est pas passé comme prévu. Le symbole a commencé à s'ébrécher. Lors de l'accouchement, la puissance dans ces deux êtres ne pouvait pas passer inaperçue. Mais en accouchant, la fée est devenue malade. Gravement malade. Pendant quatre ans, elle à souffert de cette maladie qui endolorissait tout son corps, avalant la quasi-totalité de sa magie. Mais ce n'est pas la maladie qui l'a tuée. Mais c’était son fils, l'un des jumeaux. A quatre ans tu n'as pas la relation de vie et de mort. Mais nos deux jumeaux, eux, sont nés avec cette conscience. Ces êtres sont bloqués entre le bien et le mal. Voyant sa mère malade, clouée au lit, sans aucune force, les seuls mots du petit ont été :
« Tu es bien faible. Tu ne mérite même pas la vie. »
Et alors qu'elle lui tendait la main, pour le rassurer, il la prit et elle se mit à hurler. Elle commençait à se désagréger lentement, et apparemment douloureusement. Évidemment, le père, le mari, l'amant, l'aimant, l'amoureux accouru à la chambre entendant les cris de sa femme. Il ne vit que quelques tas de cendres devant son fils qui dit :
« Tu n'as pas su la protéger. Toi aussi tu es faible. »
Alors le fils attaqua son père. Mais son père, général Mage-Noir, en pleine forme, ne se laissa pas faire. Il ne voulait pas se battre avec son petit de quatre ans, mais il a bien vu qu'il était prêt à le tuer. En plus de cela, le petit avait une force incroyable. Ayant hérité des attributs de ses deux parents, le petit usa de la totalité de son immense pouvoir pour tuer son père. Mais il ne réussit finalement pas. Mais, le Général le savait, il n'y avait qu'un seul moyen de le stopper. C'est à contre-cœur qu'il combatta violemment son fils. Ce qui devait arriver arriva, le général pleurait sur le cadavre de son fils qu'il venait de tuer. Mais il manquait le second fils, son frère jumeau. Lui était dans la ville, et venait d'éradiquer toute une ville, tuant un nombre incalculable de mondiaux comme d'humains. En son rôle de général, il prit son arme et parti combattre son second fils. Combattre est un bien grand mot, il n'a pas pu lui faire face. Les larmes à l'œil, il tua son dernier fils d'une lance dans le cœur. Après ça qui ne serait pas enragé ? Moi je le serais. Et il fut vu par les autres généraux comme un indigne, comme celui qui avait amené la destruction par ses enfants. Il n'eut d'autre choix que de s'exiler. Le lendemain deux nouveaux généraux ont pris leurs places, et c'est là qu’a vu le jour la loi qui interdit à deux mondes de s'unir.
_ Woh… je ne… n'avais pas pensé à ça…
_ Tu comprends peut-être mieux pourquoi il est interdit entre deux mondes différents de s'unir ?
_ Oui… Je comprends mieux.
_ Depuis ce jour ils ont tellement peur que cela arrive à nouveau qu'ils sont très à cheval sur cette loi. Y-a-t-il autre chose que je puisse faire pour toi ?
_ Oui j'ai deux questions.
_ Je t'écoute ?
_ La première est : de quel monde êtes-vous ?
_ Haha ! T'aimerais bien le savoir hein ? Tu n'as qu’a le trouver par toi-même !
_ Bon d'accord. Et la deuxième ce n'est pas vraiment une question à proprement parler, c'est juste que je voudrais vous parler de certaines choses que je ne comprends pas.
_ Oh ? Et bien dis-moi.
_ Après un événement que je préfère ne pas citer, j'ai fait un rêve. Un drôle de rêve où j’étais dans une belle maison, dans la nature. Et en un clin d'œil, l’environnement est devenu chaotique, et un homme habillé en noir avec une capuche qui cachait son visage m'a dit que… que c’était de ma faute. Que j’avais rompu le Pacte et que je devais mourir pour ça, et ensiite il m'a violemment poussé et je me suis cogné la tête. En temps normal ça ne m'aurait pas trop inquiéter, mais en me réveillant, j'avais la blessure derrière le crâne. Comment pouvez-vous me l'expliquer ?
_ Hm… c'est un cas complexe… mais ça me fait penser à une chose. Certains maîtres dans le contrôle de leur esprit réussissent à projeter leur corps astral, leur âme hors de leur corps, mais toute blessure faite sur leur âme est aussi faite sur leur corps.
_ Vous croyez que j'aurais projeté mon âme dans mon rêve ?
_ Aussi invraisemblable que cela soit, c'est possible, mais il faut une maîtrise parfaite de son corps et de son esprit.
_ Encore des histoires de fous. »
J’hésite… j’hésite à lui parler de la marque apparue. Et de la mort de Louis. Je ne sais même pas pourquoi j’hésite, il m'a clairement montré être digne de confiance. Enfin je crois… Je suis en pleine hésitation. Mon regard doit certainement lui sembler perturbé. Il me demande alors :
« Il y a autre chose que je puisse pour toi ? Autre chose dont tu voudrais me parler ?
_ Et bien… Il s'est passé quelque chose d'étrange… en lien avec ce pacte…
_ Quoi donc ?
_ Hier, la marques des Elfes est apparue sur mon corps comme par magie. Je ne me l'explique pas, c'est incroyable.
_ C'est la première fois que j'entends parler de marque qui apparaît à ton âge. Même deux ou trois jours après la naissance c'est inquiétant.
_ Oh…
_ Ok… Luc, écoute moi bien attentivement… tu dois faire attention à toi. Sans savoir comment ni pourquoi, tu as été embarqué dans une histoire qui te dépasse. Et en plus de ça… ton arrivée va attirer le conseil. En es-tu conscient ?
_ Mais putain pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Depuis que je me suis pris un arbre, rien ne va ! Je n'ai rien demandé de tout ça moi !
_ J'en suis conscient… mais tu y as tout de même été amené de force. Et quoi que tu dise, quoi que tu fasse, ça ne changera pas.
_ Ouais… je deviens un fugitif pour un monde tiré d'un bouquin de science fiction. »
Ma réflexion a apparemment fait rire le proviseur. Moi ça ne me fait pas rire, au contraire, ça m'emmerde. Avant que l'un de nous ne sorte un mot, un surveillant arrive avec deux élèves qui apparemment se sont violemment battus. Le proviseur dit alors :
« Bon, on reprendra tout ça plus tard. Luc sors s'il-te-plaît, j'ai une affaire à régler. »
Sans dire un mot je sortis. Il ne me reste plus très longtemps pour manger, je vais alors dans l'aire de repas. Manger me fera peut-être décompresser. Je m'assis alors seul à ma table habituelle, Light n'est apparemment pas là. Ou plus là. Alors que je commence mon repas, j'entends une voix derrière moi qui me dit :
« Je t'ai attendu l'autre soir, t'es pas venu. »
Je me retourne alors et vois Kévin. Merde ! Je l'avais oublié ! C’était le soir du combat avec Louis. J'étais censé le rejoindre pour qu’on aille skater. Il faut que je trouve une excuse, je ne peux pas lui dire que j’étais occupé à tuer mon meilleur ami.
« Ah Kévin ! Je suis désolé, ma mère était rentrée pour me faire une surprise, j'ai oublié de te prévenir.
_ C'est pas cool !
_ Ouais je sais, en plus elle m'a gavé comme un oie j'ai été malade toute la journée d'hier.
_ Bien fait ! T'avais qu’à venir avec moi ! Je t’aurais gavé uniquement avec mes paroles !
_ Mais quel talent ! »
On se mit alors à rire. J'ai l'impression que tout mon entourage est tout sauf humain en ce moment. Alors rigoler un peu avec un ami qui ne connaisse rien de ce monde de fou, ça me fait du bien. J'ai l’impression de reprendre une vie normale. Mais est-ce qu’un jour j’aurais un semblant de vie normale ? Je n’en sais rien, rien n’est moins sûr. Je ne préfère même pas y penser. C’est quand même incroyable tout ce qu’il s’est passé en à peine deux jours. C’est vraiment horrible. Ma vie a changé du tout au tout. Je voudrais revenir en arrière. Revenir au temps où je ne savais rien de tout ça. Mais bon, ça n’arrivera pas.
Les cours vont bientôt reprendre. C’est à ce moment-là, au niveau de l’entrée que Kévin me demande :
« T’as révisé ?
_ Hein ? Révisé pour quoi ?
_ Ben l’interro d’aujourd’hui ! C’est sur la guerre froide.
_ Meeeerde… j’avais complètement zappé.
_ Ta note, ça va jeter un froid, ça déclarera la guerre chez toi.
_ Très poétique.
_ Je le sais merci. »
J’avais complètement oublié ce cours. Cette interrogation, je n’y suis pas du tout prêt. Je vais donc essayer de me débrouiller comme je le peux. On entre en cours. Le prof nous dit sortir une feuille et un stylo. Bon bah je vais voir ce dont je me souviens plus ou moins. Le prof nous donne les copies. Ouf ! Il n'y a presque pas de dates. Dans l’heure, je réponds comme je peux. Croyez-le ou non, pendant un instant j'ai oublié tous les problèmes des derniers jours. Concentré sur cette interrogation, je n'ai plus pensé aux derniers évènements. Je pense qu'inconsciemment cela m'a fait du bien.
J'ai donc répondu à ce que je pouvais, et j'ai rendu ma copie, fier de moi, du moins proportionnellement au temps passé de travail dessus. Et maintenant je vais en cours de communication professionnelle. Je me demande bien comment ça va se passer, ce qu'on va devoir faire. À chaque fois, sln cours est différent du dernier, parfois même sans grand rapport. Une fois nous sommes passés de « la posture en cas d'entretien d'embauche » à « le verbal et le para-verbal lors d'une communication téléphonique ». Donc c'est un peu comme une loterie. Avec de bons et mauvais numéros. Les mauvais numéros ce sont les cours où on ne fait que copier, les cours théoriques. Les bons numéros ce sont les cours de mises en situation. Prions pour en tirer un bon.
Une fois en cours, nous avons une table de trois avec Light et Kévin. Kévin était le dernier rentré, il s'est donc assis là par défaut, même si ce n'est en aucun cas dérangeant. Au contraire. Avec un mec cool et une fille non-voyante mais qui a pourtant l'air de très bien voir, plus un mec qui s'est fait hisser de force dans une histoire qui le dépasse, on fait un bon trio ! Très bon même. Et tant mieux que ce trio fonctionne si bien, car nous devrons créer pour Lundi prochain une scénette de quinze minutes environ sur une situation de médiation. La situation est différente à chaque groupe, et imposée par tirage au sort. Light a donc tiré au sort pour nous, et nous sommes tombés sur un conflit entre deux voisins chez le Médiateur. C'est génial ! Ça me rappelle pas du tout mon conflit avec mon voisin. Enfin… mon ancien voisin… Je n’arrive pas à me sortir son visage de la tête. C'est quelque chose de fou.
Malgré la douleur, je réussi à me le sortir de la tête. Ça a été long, mais au bout de dix minutes je revenais au cours. Nous avons décidé d’aborder un conflit entre une voisine fêtarde qui met la musique tard et fort, et un voisin violent qui l'a plusieurs fois menacé. Nous commençons à y travailler. Alors qu'il ne restait pas grand-chose, la sonnerie retentie.
« Merde… on y était presque ! »
Râle Kévin.
Il n'a pas tort, on y était presque. Je propose alors :
« Sinon vous venez chez moi et on bosse ça, on le finit et on peut même faire un test.
_ J'approuve ! Dis Kévin.
_ Ça me va, répond Light, mais vite alors ! »
Sur ces paroles, nous nous dirigeons vers chez moi. Sur la route, nous parlons toujours du travail. Mon cerveau s'en déconnecte lorsque je réalise que la mère de Louis vient de prendre une camionnette et déménage. Son regard en disait long sur ses nouveaux sentiments envers moi. Un regard sombre de haine.
Nous montons, en entrant, on découvre alors une surprise. Cinq personnes vêtues de longs manteaux à capuche noir qui cache même leur visage sont chez moi. Ils me rappellent fortement l'homme dans mon rêve. Ce sont presque les mêmes, ils sont juste plus petits. Ils ne disent pas un mot. Light a étrangement réagi en les voyant : elle s'est mise en position de combat et tremblait fortement. Le deuxième à gauche demanda d'une voix féminine, mais pas très douce, plus sadique :
« Ils sont plus que prévu… Qu’est-ce qu'on fait ?
_ On prend les trois. Dit celui du milieu avec une voix rauque et ferme.
_ Je me garde le petit humain ! » Dit la femme à la voix sadique.
Avant que je n’aie le temps de comprendre, Light m'attrapa par le bras et se mit à me tirer vers la sortie. Elle semblait vouloir fuir.
Je ne comprenais rien, je courrais. Nous n'avons pas eu à courir longtemps. Nous fûmes rapidement encloîtrés entre 4 murs de pierre. Nous n'avons même pas eu le temps de réagir que notre air fut coupé. Je me sentais à nouveau partir d’asphyxie. Je n’arrivais à rien, je le sentais partir. Je vis juste Light s’englober d’une forte lumière avant de perdre connaissance.

Le pacte des 6 mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant