Chapitre 4 : COMMENT ÇA JE SUIS PRÉCOCE !?!

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J’étais resté sur ma faim. Je voulais lui poser des tonnes de questions, mais elles sont restées sans réponse. Ma mère est repartit après m'avoir souhaité une bonne soirée. Ce que je venais d'entendre me laissa bloqué sur mes pensées pendant pas mal de temps. J’étais choqué de ce que je venais d'entendre. Ceci dit, elle ne m'a même pas donné son nom. Je le suis posé énormément de questions, celle qui revenait le plus c’était celle de savoir ce qu'il entendait par « C’est impossible ». D’après ma mère c’étaient ses mots. Je suis resté ainsi dans mes pensées pendant au moins 15 minutes. Il est 18h45, une jeune fille d’environ mon âge me sortit de ma bulle en tapant sur mon épaule. J’étais encore trop sonné pour faire attention à son physique. Je sortis dans un grand sursaut, ce qui la fit sursauter également. Elle me dit alors légèrement essoufflée :
« Vous allez bien ?
_ Oui ça va. J’étais juste dans mes pensées.
_ J'ai cru voir cela. Enfin… voir c'est une façon de parler. »
Je ne compris pas tout de suite pourquoi elle disait cela. En reprenant mes esprits je me rendis compte qu'elle était aveugle. En effet elle portait un bandage sur les yeux. Elle a les cheveux blancs et courts. Elle doit faire dans les 1m65, elle est plutôt mince, mais pas maigre, elle a même des muscles. Elle ne porte pas la chemise d’hôpital, elle est habillée tout en noir, d’un débardeur, et d'un short. Elle ne fait pourtant pas gothique. Comment a-t-elle su que j’étais là, et en plus avec une tête de dépité ? Cette fille à l'air tout de même très mystérieuse. Je lui répondis alors :
« Oui. Comment avez-vous su que j’étais si mal, et comment m'avez-vous trouvé malgré votre handicap ?
_ Je suis né aveugle, alors j'ai eu le temps de m’adapter et au dépit de pouvoir voir, je ressens et pressens les choses.
_ C'est surprenant ! »
J’étais scotché ! Cela restait incompréhensible pour moi. J'allais lui en demander plus lorsqu'une infirmière vint en panique, toute essoufflée et s’arrêta devant la porte. La jeune fille mystérieuse dit alors :
« Ah c'est pour moi. Monsieur dans ses pensées, ce fut un plaisir.
_ Euh… oui, le plaisir est partagé. Bonne journée mademoiselle.
_ Bonne soirée »
Elle sortit accompagnée de l’infirmière. Je ne m’attendais pas à cette rencontre surprenante. C'est la journée des surprises, la prochaine c'est quoi ? Lucie qui vient s'excuser ? Ce serait plutôt bien ! Et d'un coup, on toqua à la porte. Est-ce que vous pensez que cela pourrait être elle ? Non je ne pense pas… ce serait trop beau. Quoi que, je ne sais plus quoi croire. Tout se chamboule dans ma tête. La porte s’ouvrit, qu'est-ce que j’allais voir ? Qui allait entrer ? Encore la jeune fille aveugle ? Une énième infirmière ? Ou même Lucie ? J’étais tellement bouleversé par les événements de la journée que même une porte qui s'ouvre suffisait à me mettre dans un état de stress, ça n’allait vraiment pas bien moi… Finalement, j’étais décidément partit trop loin, ce n’était qu’une infirmière qui m’apportait mon repas. C’est vrai qu’on mange assez tôt dans les hôpitaux.
« Je vous apporte votre repas. C’est de l’hachis-parmentier avec de la salade et un yaourt aux fruits. Avez-vous besoin de quelque chose ?
_ Pourriez-vous m’apporter des cachets pour les maux de tête s’il vous plaît ?
_ Oui bien-sûr, attendez un instant je vous prie. »
Elle sortit de la chambre et revint 1 minute plus tard et me donna un cachet. Je la remercia puis elle partit. Tous ces évènements m’ont donné encore plus mal au crâne. J’étais tellement dans mes pensées que je ne releva même pas la fadeur du plat. Je mangeais sans faire attention au goût de celui-ci. 19 heures 30, je suis sur mon téléphone sans grande conviction. Cette journée m’a lessivé, je pense pas tarder à aller me coucher, moi qui suis d’un habituel couche-tard. Je mis Netflix sur mon téléphone et mis une série que je suis depuis quelques temps. Ou plutôt : quelques temps + 2 mois. 3 épisodes de 40 minutes, il est 22 heures 08 et je décide alors d’aller me coucher. Mais comme je m’y attendais, je ne m’endors pas de suite ! Ce serait trop simple ! C’est mieux de me faire galérer dans mon sommeil à repenser à toute cette putain de journée, dont j’ai hâte qu’elle se termine d’ailleurs. Je mets plus d’une heure à m’endormir. Finalement j’aurai préféré ne pas m’endormir… j’ai fait un rêve très bizarre ! Non, en fait j’ai rêvé de mon accident. Mais vu de l’extérieur, j’ai rêvé d’une tempête qui est arrivé comme par magie et qui est reparti après avoir parlé à un garçon avant de lui balancer un arbre à la figure, c’est donc plutôt bizarre non ? Mais c’était différent de mon accident sur un seul point : la tempête ne m’a pas dit la même chose. Cette fois la tempête m’a dit « Je ne pourrai pas te protéger plus longtemps, tu dois quitter le pays ! Il faut que tu ailles en France ! Quitte les Etats-Unis au plus vite ! ». Puis après c’est un arbre et pouf ! Réveil en sursaut, en sueur, et tout tremblant, il est 2 heures 48. Il faut que je me calme. À quoi est-ce que ça rime tout ça ? Qui est cette voix ? ET POURQUOI JE DEVRAIS ALLER EN France PUTAIN ? Y’a que des gens pleins de manières qui portent un béret, qui bouffent du pain à chaque repas, et qui adorent manger des grenouilles ! En plus de ça ce sont des alcooliques qui prennent le vin comme le sang de dieu ! C’est des tarés ! Je ne vois pas pourquoi les gens veulent tous aller voir une tour en fer. Bref dans tous les cas je ne compte pas aller en France. Encore quelque chose qui va me faire cogiter pendant je ne sais combien de temps ! Je mets 45 minutes à trouver le sommeil.
Je me réveille à 10 heures. Je sors de ce long sommeil tumultueux et m'étire. En m'étirant je ressens une douleur dans les jambes. Cela me paraît assez normal. Je me penche pour récupérer mon téléphone et la douleur s'accentue au point de me faire hurler. En y réfléchissant bien ce n'est pas normal ! Mes jambes ne devraient pas me faire ressentir quoi que ce soit avant demain midi ! C'est à n'y plus rien comprendre ! La douleur est vive, je ne sens que cela dans tout mon corps, cela me paralyse totalement. Alertée par mes cris, une infirmière vint me voir et me dit, avec un soupçon de panique :
« Qu’avez-vous ?
_ J'ai atrocement mal aux jambes !
_ Mais… ce n’est pas possible… l’anesthésie devrait faire effet encore au moins 24 heure !
_ Ben je peux vous dire que vous avez fait une sacrée erreur de calcul ! »
Elle était en pleine panique, elle ne savait pas quoi faire. Et moi à côté je souffrais énormément. Elle m'a l'air complètement dépassée à la première chose qui ne se passe pas comme prévu. Elle ne savait pas où donner de la tête. Je lui dis donc, sur un ton assez énervé et pressé :
« Peut-être que vous pourriez me donner un anti-douleur ou quelque chose comme ça pour commencer ?
_ Euh oui ! Oui bien sûr ! »
Elle sortit en courant et alla chercher des anti-douleur avant de revenir me le donner. J’espère qu'il est fort leur truc parce que j’ai vraiment super mal ! J’espère aussi que cela va vite faire effet. Il fallu compter 10 minutes avant que la douleur ne commence à s’atténuer. En 30 minutes, la douleur est toujours présente mais bien plus supportable ! Dans le même temps le chirurgien vint me voir, il avait l'air dépité et triste. Il me dit avec une petite voix :
« J’ai quelque chose à vous dire…
_ Qu'est-ce ? Vous me faîtes peur…
_ C’est assez dur à dire… »
Qu’allait-il me dire ? Qu'avait-il à me dire pour être dans un tel état. Il parlait bas et lentement, comme s'il voulait retarder au plus le moment de me le dire. Je lui dis, un peu sur les nerfs :
« Ne tournez pas autour du pot ! Que se passe-t-il ?
_ Vous… Voilà vous êtes précoce. »
Quoi !?! Tout ce cinéma pour me dire que je suis précoce ? Et puis je ne vois pas le rapport avec mes jambes, ni même comment il aurait pu le savoir. D'un coup il se mit à éclater de rire, et me dit alors fier de lui :
« Vous devriez voir votre tête ! J'adore faire cette blague !
_ Qu’entendez-vous par là ?
_ Et bien vous êtes bel et bien précoce, mais uniquement dans le sens où vous avez guéri à une vitesse folle. Vous n'auriez pas du sentir cette douleur avant 24 heures au moins. Au vue de cette avancée il est possible que vous puissiez sortir ce soir, mais à la seule condition que vous soyez capable de vous déplacer en béquilles.
_ Sérieusement ?
_ Oui. La douleur devrait s’arrêter d'ici une heure ou deux, ça dépend des personnes, je pense que pour vous cela sera assez rapide. Après cela nous ferons travailler vos jambes, nous mettrons tout en œuvre pour que vous sortiez ce soir.
_ Merci beaucoup ! J’ai hâte de rentrer chez moi !
_ Je me doute bien. Je reviens d’ici une heure, d’accord ?
_ Génial ! A tout à l’heure ! »
Il me sourit et partit ensuite. Ce serait une super nouvelle que je sois rentré dès ce soir ! Je pourrais faire une sacrée surprise à ma mère ! Et je n’ai pas envie de perdre mon temps dans cet hôpital. Je n’allais pas très bien, mais là je suis remonté à bloc ! Je prends mon téléphone en ayant hâte qu’une heure passe. J’ai tout fait pendant cette heure : j’ai lu, j’ai regardé des vidéos sur internet, j’ai surfé sur les réseaux sociaux, j’ai même regardé les prochaines sorties de jeux vidéos, mais je n’ai concentré sur aucunes de ces occupations, j’étais trop concentré sur l’heure ! Cela me paru une éternité et il n’était toujours pas là. J’étais surexcité. Je ne pouvais plus attendre ! Cela fait 45 minutes qu'il est parti et moi je me mets à essayer de bouger les jambes. Comment elle a fait dans kill bill déjà ? Ah oui ! En essayant de bouger ses orteils en premier ! J’essaye alors de bouger le gros orteil. Si vous étiez en train de voir un film et non pas de lire un livre, vous me verriez en train d’essayer de bouger mes orteils un à un, avec des images de la femme dans kill bill qui virevoltent un peu partout en même temps. En 15 minutes c’est pas simple de faire beaucoup de progrès, je m’attends pas à grand-chose. Cependant, peu après avoir essayé de bouger mes orteils, ceux-ci ont bougés. 5 minutes après, je faisais bouger mes chevilles. Je ne comprends pas tout, mais braiment ! En fait je ne comprends rien ! Je ne suis même pas censé pouvoir sentir quoi que ce soit dans mes jambes et me voilà à faire tourner mes chevilles comme pour un échauffement de foot. Après les chevilles on passe logiquement aux genoux. Et encore 5 minutes après, voilà que mes genoux fonctionnent parfaitement, je suis totalement perdu. Encore 10 minutes plus tard, le chirurgien entre dans ma chambre, et lance un petit cri tout en sursautant. Il me demanda alors stupéfait :
« Peux-tu m’expliquer ce que tu fais debout !?
_ Euh… Pas vraiment à vrai dire…
_ Ah si je veux des explications là !
_ Ben moi aussi.
_ Comment c’est possible… c’est limite surnaturel !
_ Je ne peux vraiment pas vous aider.
_ Tu devrais être au lit, et sortir demain sans même pouvoir tenir debout sans béquilles, et te voilà devant moi, limite en train de faire des sauts un peu partout !
_ Je n’irais pas jusque-là, j’ai la tremblote facile ! Mes jambes flagellent assez facilement… Je peux à peine rester debout
_ Hé bien c'est la seule chose logique que tu m’ais dite !
_ Je n’ai aucune explication… je récupère vite apparemment.
_ Apparemment oui ! Voilà ce qu'on va faire, je vais te faire une prise de sang, ensuite on passera aux exercices, d’ici ce soir tu devrais pouvoir te déplacer.
_ Super faisons ça ! »
C’est juste incroyable ! J’ai toujours été rapide à récupérer de mes blessures, mais là c’est bien autre chose ! Je me rassis sur le lit. Je sens mes jambes encore engourdies mais mes muscles me font mal, comme après avoir fait un footing, en même temps elles n’ont pas fonctionnées depuis longtemps, c’est assez logique en soi ! Le chirurgien me fait une prise de sang et me demande de m’allonger. Il fait bouger mes muscles, m’étire, et me masse les jambes. Il m’a expliqué que cela permettait de remettre celles-ci en forme, comme un échauffement avant un match de foot. Après tout ça, il m’a demandé de faire des mouvements simples pour commencer, bien que ce ne soit pas si simple pour moi à ce moment là. Il m’a demandé de bouger les orteils, de lever les jambes, de les rabaisser lentement, de lever les genoux. Ensuite il m’a demandé de lever les jambes mais tout en faisant tourner mes chevilles, pareil avec les genoux levés et les chevilles qui tournent. Pour que je réussisse correctement ces exercices, il m’a fallu une bonne heure. Suite à cela, le docteur m’a demandé de me lever. Je tremblais moins qu’une heure auparavant, mais ça allait tout de même être compliqué de rentrer à pied. Je tenais debout mais ce n’était pas très facile. Il me tendit une béquille que je pris avec hâte. J'ai donc pu répartir mon poids en grande partie sur celle-ci, l'effet fut direct : je tremblait bien moins qu’avant. Avant que le docteur ne me le demande j’essayai d'avancer. Je peux dire que ce n'est absolument pas simple ! J'avançai difficilement, centimètres après centimètres. Le docteur était stupéfait et me dit alors de continuer de m’entraîner, qu'il allait revenir. Il sortit donc de la chambre tandis que moi je suis resté afin de mieux manier la béquille tout en contrôlant les douleurs que le mouvement procure. Pendant 45min j’étais là à marcher, faisant des allers-retours entre mon lit et les toilettes, faisant des ronds. Je marchai aisément en béquilles maintenant, j'avais eu le temps de m'y habituer. Lorsque le docteur vint et s'assit sur mon lit, je remarquai qu'il avait des papiers dans la main. Il me demanda alors :
« T’es-tu habitué à ta béquille ?
_ Oui ! C'est bon je marche assez facilement maintenant !
_ Ah parfait alors ! Sais-tu ce que sont ces papiers ?
_ Je n'en sais rien, dîtes moi.
_ C'est un contrat.
_ Un contrat ?
Oui un contrat. Ce contrat stipule que tu dois venir à l’hôpital chaque week-end ainsi que rentrer directement après tes cours chaque jour afin de te faire examiner par un kinésithérapeute. En contrepartie tu peux dorénavant rentrer chez toi.
_ SERIEUX !?!
_ Bien-sûr que c'est sérieux. Il suffit que tu signes ici, en bas de page. »
Je me précipita alors vers le contrat, pris le stylo et signa directement. Le docteur sourit et  signa à son tour. Il me dit donc :
« Voilà qui clos l’affaire. Vous pouvez partir.
_ Je vous remercie énormément ! »
Il me lança un regard complice et repartit aussitôt. Je m’empresse alors de faire mes affaires pour partir au plus vite. Je m'habille avec mes habits dans le placard, fais mon sac malgré son état, passe une dernière fois aux toilettes et pars à nouveau pour chez moi. Je me mets en route pour rentrer mais sans prévenir personne, je souhaite faire la surprise à ma mère. La béquille m'est d'une grande aide. Autant au déplacement que dans les transports en commun : on me laisse une place assise. Cela me fait du bien de prendre un peu d’air. J'en avais besoin. En 45 minutes je suis chez moi et j'entre en hurlant :
« C’EST MOI !!! »
Aucune réponse. Personne à la maison à part un petit mot de ma mère. Elle dit qu'elle est repartie travailler. Je suis déçu

Le pacte des 6 mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant