Je vais donc derrière les bureaux, il y a une salle qui est en libre-service pour les objets trouvés. Il n’y a pas grand-chose, juste une caisse en plastique poussiéreuse pleine d’objets dont personne ne veut. Je la prends pour la poser sur la table. J’allume la lumière et je me mets à poser tout ce qu’il y a dedans sur la table. Je regarde alors tout ce qu’il y a dedans : un vieux jean troué, un ballon de basket crevé, une quinzaine de chewing-gums mâchés, un préservatif usagé, une vieille bague poussiéreuse, quatre ou cinq tee-shirts dont personne ne voudrait, un chronomètre daté de 1998, une paire d’écouteurs dont les fils dépassent, une vieille montre à gousset marquée « Chronos » dessus et quelques carnets d’anciens élèves du lycée. Allez savoir pourquoi, mais cette montre m’intrigue. Je la prends en main. Elle est assez belle, peut-être qu'elle vaut cher. Je sors mon portable et regarde ce que je peux trouver sur la marque de montres « Chronos ». Je ne trouve strictement rien. C'est une montre fantôme, impossible d'en trouver l’origine. Intrigué, je l'ouvre et remarqué que le cadran est fissuré. Maintenant que j'y pense, c'est sûrement pour ça qu'elle est encore là cette montre. Je la repose sur la table puisqu'elle est cassée, elle n'a plus de valeur. Je me tourne vers la bague. Elle parait être dans une matière inoxydable. Elle était assez jolie en fin de compte. C’était un anneau couleur argent avec des écritures étranges dessus, on dirait l'anneau de Sauron, mais en argent. Je souffle dessus afin de retirer le plus gros de la poussière, puis je prends le bout de mon t-shirt afin d’essuyer le reste de poussière sur la bague. Il y a l'indication « Evil » gravée dessus. Je la mets à mon doigt et me rends compte qu'elle me va très bien. Je secoue ma main et elle ne tombe pas. Je pense la garder, j'aime bien les bijoux. Celle là je ne la vendrais pas, je vais la porter. Cela doit bien faire quinze minutes que je suis ici, il est temps de retourner vers le bureau du proviseur. Je remets alors toutes les affaires de la caisse et sors de la salle. Merde… le proviseur a fini avec Light et m'attendait devant son bureau, les bras croisés. Il a dû voir la lumière de la salle et se dire qu'il allait m’attendre. Je me dépêche alors d’aller vers son bureau. Une fois face à lui, je lui dis :
« Excusez-moi pour cela.
_ Tu as trouvé ton bonheur ? »
Je ne savais pas s'il était ironique ou sérieux. Pour ne pas dire de bêtise j'ai simplement souris. Il me dit signe d'entrer. J'entre alors dans son bureau et attends qu'il m'en donne l’autorisation pour m’asseoir. Une fois assis, j’attends que le proviseur vienne s’asseoir à son tour. Une fois assit il me sourit avant de regarder la bague. Il semble perplexe, je ne sais pas pourquoi. Il la fixe environ vingt secondes avant de me dire :
« Elle est vieille, tu sais ? Tu devrais bien la nettoyer avant de la porter. On ne sait jamais.
_ Oui d’accord, je ferais attention.
_ Bien. Sinon je ne t’ai pas fait venir pour parler de cette bague mais de toi.
_ De moi ?
_ Oui, je m’inquiète depuis ton retour.
_ Pourquoi ça ?
_ Tu me parais… comment dire… préoccupé.
_ Non pas du tout, pourquoi pensez-vous ça ?
_ Je fais attention à mes élèves, on dirait que tu te méfis des autres élèves.
_ Ah oui ? Je ne ressens pourtant rien. »
De quoi parle-t-il ? Est-ce qu’il parle du fait que depuis que je suis rentré je ressens des choses étranges chez certains élèves ? Moi-même je n’y faisais plus attention. Mais maintenant qu’il me le fait remarquer, chez lui aussi il y a quelque chose d’étrange, quelque chose de sombre chez lui, voire même intimidant. Je n’arrive toujours pas à m’expliquer cela moi-même. Peut-être que je devrais lui en parler ? Je ne sais pas… Il me parait bizarre qu’il m’en parle comme ça, alors que personne n’a rien dit, ni rien fait. Personne n’est au courant. Je suis dans mes pensées, je ne réagis même plus à ce que fait le proviseur, c’est comme si j’étais entré en phase pour me concentrer. Je réagis à nouveau lorsque le proviseur me montre un dessin. Ce dessin n’est autre que le signe présent sur le porte-clés de Lucie. J’essaie de ne pas réagir extérieurement mais c’est raté, le proviseur a remarqué que j’ai réagis. Il pose rapidement le dessin et soupir d’une grande respiration. Il met ses bras sur la table, croisant ses mains et me regarde plus sérieusement. Apparemment il attend que je parle, mais je ne sais pas quoi dire. Ou plutôt je ne veux pas lui dire, ce qu’il a l’air de comprendre. Il ouvre en silence son tiroir et me donne une carte avec une adresse internet et un code de confirmation. Il ne me donne pas plus d’informations. Je la garde en main et demande :
« Qu’est-ce que c’est ?
_ La réponse à tes questions ?
_ Comment ça ?
_ Tu verras ça ce soir en regardant ce site. Sinon je voulais te parler d’autre chose.
_ De quoi ?
_ Light. Tout d’abord je te remercie encore de l’avoir sauvée de ces voyous, tu as très bien agis, c’est parfait, et tu as eu raison d’appeler les secours après que vous vous soyez battus.
_ Je n’allais tout de même pas les laisser mourir.
_ Je suis d’accord avec toi.
_ Merci.
_ Et maintenant je voudrais te demander quelque chose.
_ Oui ? Qu’est-ce que c'est ?
_ Je souhaite que tu continues à la protéger, elle est spéciale tu as dû t'en rendre compte ?
_ Bien évidemment ! »
En même temps comment ne pas se rendre compte qu'elle est aveugle ? Elle porte tout de même un bandeau noir sur les yeux en continu. Le proviseur continu notre conversation en disant :
« Et pour cela je veux que tu restes avec elle. Ainsi tu la protègera, et comme j'ai l'impression que vous vous entendez bien, cela lui permettra d'avoir un ami. Puis, je pense qu’à toi aussi cela pourrait te faire du bien.
_ Oui d'accord je veillerai sur elle. Et comment ça cela pourrait me faire du bien ?
_ Ne t’inquiètes pas, tout s'éclaircira en temps voulu.
_ Si vous le dîtes…
_ Oui je le dis. Je sais que c’est nouveau pour toi et que tu te poses beaucoup de questions, mais ne t’inquiète pas, tôt ou tard tu comprendras ce qu'il t'arrive.
_ Mais enfin de quoi vous parlez… ? »
DRIIIIIING, la cloche sonne, évidemment au moment où cela devenait le plus intéressant ! Le proviseur esquive alors ma question :
« Allez je t'ai pris assez de temps comme ça, il est l’heure d'aller en cours de sport !
_ … Avouez que cela vous arrange bien que cela sonne maintenant.
_ Oh oui ça m'arrange ! Mais dans tous les cas vous devez aller en cours de sport. Tu comprendras sûrement mieux en rentrant lorsque tu iras sur ce site. En attendant tu dois aller à ton cours de sport. Passe une bonne journée.
_ Oui vous aussi. »
Je repars alors, sans avoir eu les réponses que j’attendais. Je peux dire que j'ai la haine, moi qui pensais avoir des explications, au final tout a été compliqué. Je verrais bien ce qu'est que ce site qu'il m'a donné. En attendant il est l'heure pour moi d'aller en cours de basket. Je me dirige vers la salle de sport et retrouve ma classe attendant à la grille de la salle. Je vois Lucie et Light l'une à côté de l'autre. C'est peut-être le moment de demander à Lucie des informations concernant la légende. Mais Lucie à l'air occupée, elle recherche quelque chose apparemment. Je ne vais pas l'embêter, je vais éviter de mettre de l'huile sur le feu. Je m’associe à côté de Light qui lit le même livre qu'hier. C'est impressionnant la vitesse à laquelle elle passe son doigt sur cette page poinçonnée. Comment est-ce possible de lire le braille à cette vitesse ? Elle a dû s’entraîner pendant très longtemps je pense. Elle est aveugle de naissance, j'imagine qu’à force elle a appris à lire très vite. Maintenant que le Proviseur m'a remis ces histoires de ressentis en tête, je ne peux m’empêcher le caractère différent que je ressens aussi chez Light. Ce ressenti est lui différent de tout à l'heure, il me paraît clair et bienveillant. Je n'ai moi-même pas le temps de sortir mon bouquin que la prof de sport, Madame Villert, arrive et ouvre la grille de la salle. Tout le monde rentre. Les filles et les garçons partent se changer dans leurs vestiaires respectifs. Comme toujours dans les vestiaires des garçons, la discussion part sur « la meuf la plus bonne de la classe », « quelle meuf tu te taperais dans la classe » ou encore « quelle meuf de la classe tu vas essayer de pécho ». Franchement je trouve cela puérile. Comme toujours les autres garçons essaient de me poser leurs questions, et comme toujours je les ignore. Je m'habillais en silence lorsque Kévin qui était en retard entra dans les vestiaires et s'assit à côté de moi. Il me dit alors :
« Alors il voulait quoi le dirlo ?
_ Il voulait parler de mon amitié avec Light.
_ Ah bon ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce qu'il vous a dit ?
_ Ben que c’était une bonne chose et qu’il voulait que je m’assure qu’elle se sente bien ici.
_ Waaaaah ! Trop bizarre !
_ Oui comme tu dis ! M’enfin bref voilà quoi ! »
Je me voyais mal lui expliquer ce qu’il s’est passé hier soir. La tentative de viol, et la raison pour laquelle le Proviseur nous a tous les deux convoqués, moi et Light, e préfère que cela reste secret. Je ne connais pas encore assez Kevin pour lui faire confiance. Il reprend alors en disant :
« Sinon …
_ Oui ?
_ Ça te dit que ce soir on va faire un tour en skate ?
_ Oui bien-sûr ! Avec plaisir même !
_ Super ! On se dit à 21 heure au lampadaire en face du skate park ?
_ Ça me va.
_ Cool ! Dis je peux te poser une autre question ?
_ Oui je t’écoute ?
_ Pourquoi tu restes toujours tout seul ? Tu n’aimes pas les gens ?
_ Pas vraiment, les gens me trouvent bizarre et me jugent en général, donc moi à un moment donné je fais plus d’efforts.
_ Je te comprends mais après ce n’est pas non plus impossible de parler avec toi, les gens ont des passions que tu n’as pas, et inversement, plutôt que de se battre ce ne serait pas mieux d’en discuter pour apprendre à comprendre les autres ?
_ Tout le monde ne pense pas comme ça hélas…
_ C’est con ! En plus du coup ça te créé des problèmes avec des gens qui se croient intéressants.
_ Y’en a partout des gens comme ça tu sais ?
_ Oui mais c’est débile. Je ne vois pas pourquoi les différences devraient nous disperser alors que personne n’est à 100% identique a une autre.
_ Je suis bien d’accord avec toi, mais le problème c’est que c’est encore loin d’être le cas de tout le monde.
_ Pffff… Monde de merde.
_ Comme tu dis. »
Je suis content de bien m’entendre avec Kevin, je trouve qu’il a une très bonne mentalité. S’il y avait plus de monde comme lui, tout serait plus simple, mais nous ne sommes pas chez les bisounours, tout n’est pas beau, tout n’est pas comme on préférerait que ça soit, on ne peut pas tout contrôler. C’est dommage. Parfois j’aimerai avoir un détecteur qui me dit qui est con, et qui ne l’est pas. On sort des vestiaires et nous dirigeons vers le terrain de basket. J’aime bien ce sport, y’a pas beaucoup de monde sur le terrain, c’est ça qui est bien, il peut même très bien se jouer à deux, voire même seul. En bas de chez moi il y a un terrain, quand j’étais petit et sociable je jouais avec les enfants du quartier, j’ai gardé goût à ce sport, c’est la seule raison pour laquelle on me choisit rapidement dans les équipes. La prof m’aime bien, même un peu trop à mon goût, à chaque fois qu’il y a une démonstration à faire, c’est moi qu’elle appelle. Cela a parfois ses avantages c’est vrai, mais c’est parfois très énervant, je n’ai pas envie de me donner en spectacle à tout le monde. Je n’ai pas envie aujourd’hui ! Donc j’espère juste qu’elle ne va pas me le demander aujourd’hui. Comme toujours, tout le monde prend un temps fou à s’habiller. Nous sommes cinq dans la salle actuellement : Kevin, Light, deux autres élèves et moi. Light n’est pas en tenue, elle très certainement dispensée dû à son handicap. Nous parlons avec Kevin de skateboard, il a l’air d’être un véritable passionné. Pendant que nous parlons, je ne peux pas m’empêcher de regarder plus ou moins fixement Light, pensant à ce que je ressens sur elle. C’est tout de même très étrange ça, que je ressente cela, sur certaines personnes, sur elle je ressens quelque chose de bon… bien-sûr elle ne le remarque pas que je la fixe, mais Kevin ne manque pas de le remarquer :
« Hé dis-moi ? Apparemment tu l’as bien oubliée Lucie hein ?
_ Hein ? Mais pourquoi tu dis ça ?
_ Allez je te vois bien, tu la fixes depuis tout à l’heure.
_ Mais de qui ?
_ Fais pas celui qui comprend pas, je te parle de Light ! T’es amoureux d’elle avoue-le !
_ Mais non tu te trompes ! Arrêtes de dire des bêtises comme ça toi ! Crois-moi que je n’ai pas oublié Lucie…
_ T’en es sûr de ça ?
_ Oh oui… »
Il me regardait désolé, je pense qu’il a bien comprit que je suis bel et bien encore amoureux de Lucie. Il se sent bête de ce qu’il a dit là. Il reprend alors pour « réparer » ce qu’il a dit :
« Sur le tableau il est marqué qu’on fait des matchs de deux contre deux, ça te dit qu’on se mette en équipe ?
_ Ah oui je comprends mieux pourquoi tu es venu me parler ! »
J’ai bien-sûr dit cela avec humour et ironie, je rigolais en le voyant se demander quoi avant qu’il ne se rende compte que je lui ai fait une blague et de rigoler à son tour. Il me répond alors ironiquement :
« Voilà t’as tout compris !
_ Dans ce cas je ne peux pas refuser ! »
Le temps passe plus vite lorsqu’on discute avec quelqu’un, je ne m’étais pas rendu compte que le temps que l’on parle, les autres élèves sont arrivés dans la salle et discutent également, on attend l’arrivée de Madame Villert. En parlant du loup, la voilà qui arrive. Cette femme qui doit avoir la quarantaine est toujours habillé de la même tenue de sport, à croire qu’elle n’a que ça à se mettre. Elle nous explique qu’aujourd’hui nous allons bel et bien faire des matchs de deux contre deux. Nous nous mettons donc à deux avec Kevin. Je ne compte pas jouer en solitaire. Durant les matchs je fais beaucoup de passes et reste volontairement en arrière par moment afin de laisser champ libre à mon équipier. Nous faisons environ cinq matchs que nous gagnons plus ou moins facilement pour certains. Le match suivant est contre Lucie et une fille de la classe. Lucie est, contrairement à moi, solitaire lorsqu’elle joue au basket, elle ne passe quasiment jamais la balle. Elle est aussi une bonne joueuse, j’ai parfois eu l’occasion de jouer contre elle et les duels étaient assez serrés dans mes souvenirs. Nous commençons alors à jouer, et d’un coup Lucie devient très portée sur l’esprit d’équipe, et fait directement une passe à sa co-équipière. C’est surprenant de sa part… peut-être veut-elle me déstabiliser en changeant de tactique de jeu, c’est bien son genre. Je rentre dans son jeu et défends sur sa co-équipière. Je finis par récupérer la balle et fonce au panier marquer. C’est bizarre, Lucie ne joues même pas, en temps normal elle aurait foncé pour défendre, surtout qu’elle en avait le temps, mais elle n’a même pas bougé. Je passe alors la balle à Kévin, et d’un coup elle rejoue, et lui prend la balle. Je me place face à elle pour défendre, et là elle refait une passe. Le regard qu’elle me lance pendant sa passe me fait vite comprendre qu’elle esquive le jeu face à moi, son regard est méprisant. Tout du long du match cela se déroule comme ça et ça m’énerve ! Je perds alors mon calme sur le terrain et joues plus agressivement. Lors d’un tir puissant, j’ai mal jugé la trajectoire et la balle fonce vers Light qui est retournée. N’étant pas au maximum de mes capacités mentales, je ne réagis pas assez rapidement et n’ai pas le temps de crier garde à la balle. Mais Light réussit tout de même à esquiver la balle. Mais ce n’est pas le plus choquant ! Que son handicap a aiguisé son ouïe et qu’elle a réussi à esquiver la balle en l’entendant tout de même passe encore. Mais le fait qu’elle tourne sa tête vers l’emplacement exact de la balle avant d’esquiver, comme toute personne bien-voyante aurait fait pour vérifier si oui ou non une balle lui arrivait dessus ça commence à faire beaucoup, je ne comprends pas comment c’est possible. A cet instant j’ai eu l’impression pendant une seconde qu’elle était bel et bien voyante. C’est à n’y plus rien comprendre. Et cela me perturbe jusqu’à la fin du cours. Ce qui me perturbe aussi est cette relation avec Lucie. Je ne le supporte plus, je veux que cela cesse ! A la fin du cours je me dépêche d’aller dans les vestiaires pour sortir avant tout le monde. Je compte bien avoir une discussion avec Lucie.
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Le pacte des 6 mondes
FantasíaUn jeune lycéen nommé Luc qui adore la science-fiction et le fantastique apprend suite à un accident à ouvrir les yeux sur notre monde remplit de créature aussi folles les unes que les autres. Tous les mythes, toutes les histoires qu'il a pu lire, t...