Chapitre 2 - Hayden

4.4K 269 322
                                    

"L'absence de l'être aimé laisse derrière soi un lent poison qui s'appelle l'oubli."
- Claude Aveline

Six mois plus tôt —

       Les bas-fonds, voilà où je suis. Pendant la soirée la plus festive de l'année, celle où on se promet d'être une meilleure personne et où on met en place des résolutions qui ne tiendront que sur quelques mois, je reste fidèle à moi-même. À quelques kilomètres, ceux qui ont toujours été mes amis fêtent la nouvelle année, pendant que je regarde le liquide brun stagner dans le fond de mon verre. La musique gronde autour de moi et mon irritation me rappelle que je suis bien vivant. Le bar poisseux sur lequel je suis appuyé m'est familier, mais je déteste que cet endroit soit devenu pour mon plus sûr refuge.

J'ai menti. Je lui ai menti. Après avoir lu sa lettre, je pensais être capable de me relever, mais j'ai plongé. Depuis son départ, je n'ai été sobre qu'une fois. C'est quand j'ai décidé de lui chanter deux chansons pour son anniversaire, le trente octobre.

Je savais qu'elle était au fond du trou, et je ne le supportais pas. C'est Klaus qui me l'a dit. Je me suis pointé chez lui et j'ai hurlé comme un taré jusqu'à ce qu'il se décide à me dire la vérité. Ma Amber était sous antidépresseurs et anxiolytiques, elle ne répondait plus au téléphone et la seule personne qui donnait des nouvelles, c'était sa salope de mère. Celle qui a bousillé une bonne partie de sa vie.

J'ai voulu jouer de la musique pour qu'elle se sente mieux, et qu'elle pense que j'allais mieux aussi. J'espérais que ça l'aide à se relever et mon plan a fonctionné, parce que la dernière fois que j'ai croisé Klaus, il m'a dit qu'il l'avait eu au téléphone et qu'elle avançait.

Encore ce soir, c'est tout ce qui m'importe. Je n'en ai rien à battre de sombrer, ou de perdre mes amis et de m'éloigner de tout le monde. Ça fait un bail que je n'ai pas vu la bande et je suis une merde de laisser Spencer toute seule ce soir. Je suis une merde de ne pas avoir été au top pour son anniversaire en septembre, ou le soir du réveillon de Noël. Il ne lui reste que moi, mais je ne suis plus vraiment là.

Boire, boire, boire... baiser, boire. Quelle douce mélodie. Voilà ce qu'est devenue ma vie. Depuis qu'elle est partie il y a quatre mois, je suis une épave. Mon foie m'implore d'arrêter d'ingurgiter autant d'alcool, mais je ne veux pas. Je n'arrêterais pas d'étouffer mes sentiments tant qu'ils ne s'arrêteront pas de me torturer.

Les autres ont essayé de m'aider, mais ça a dégénéré. Je ne voulais ni entendre parler de Nina, ni de Klaus, et encore moins de Dylan. Le seul qui a réussi à m'approcher, c'est Noah. Il n'était pas là l'été dernier, et ça a été compliqué de lui expliquer pourquoi j'étais dans cet état. À l'heure qu'il est, il doit être avec la bande aussi. Je ne peux pas le lui reprocher.

Même mon meilleur pote n'a pas à passer le nouvel an avec un type qui boit du whisky comme de l'eau. J'empeste l'alcool et mon comportement est à vomir, c'est légitime qu'il préfère être avec eux.

Il n'y a pas un jour qui passe sans que je ne me demande comment les choses se seraient passées si elle avait décidé de se battre pour que ça marche entre nous malgré la distance. Toute la journée, je réfléchis à sa lettre. J'essaie de lire entre les lignes, et de comprendre l'énigme qu'elle a toujours été, mais ce n'est rien de plus qu'une lettre d'adieu. Elle me laisse penser qu'on se retrouvera un jour, mais je n'y crois plus. Moi, j'aurais pu me battre, mais elle et son caractère de merde en ont décidé autrement.

Mon écran s'allume sur le bar. C'est Spencer qui me demande si je vais tarder. Merde... ma petite sœur de seize ans, qui est paralysée depuis plusieurs années, doit gérer son grand-frère alcoolique. Parce que c'est ça que je suis, un putain d'alcoolique de dix-neuf ans. Mon oncle, qui nous envoie de l'argent pour qu'on s'en sorte, a insisté plusieurs fois pour qu'elle aille vivre chez eux, mais elle a refusé. Je ne comprends pas pourquoi elle veut rester avec moi, je n'ai rien à lui offrir depuis la mort de nos parents.

The Summer LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant