The Summer Love

Chapitre 10 - Hayden

"Le mensonge s'abreuve de cris. La vérité se contente du silence."
- Gilbert Choulet

          Si ces dix mois ont été bénéfiques pour Amber et moi, et qu'ils nous ont permis d'avancer d'une façon ou d'une autre, on peut dire qu'ils ont été plus que révolutionnaires pour Spencer. Je suis tellement content qu'elle vienne passer le week-end à l'appartement, ça va lui faire du bien.

Je pousse son fauteuil dans l'entrée tandis qu'elle somnole encore un peu. Il est très tôt, mais j'ai la sensation que ça la dérange plus elle que moi d'avoir dû se lever aux aurores. Elle a bientôt officiellement terminé le lycée, et ses séances de rééducation se passent bien. Oui, de rééducation, parce que ma petite sœur a retrouvé l'usage de ses jambes. On ne sait toujours pas si elle retrouvera cent pour cent de ses capacités, mais c'est déjà une victoire. Pour le moment, quand elle s'en sent capable, elle s'aide de béquilles et essaie de marcher lentement. Elle n'a fait que deux pas toute seule, sans l'aide de qui que ce soit, et ça a été périlleux, alors les médecins lui ont conseillée d'attendre avant de se lancer. Elle doit encore favoriser le fauteuil roulant, mais elle n'a jamais été aussi heureuse et maintenant qu'elle a commencé la rééducation, elle ne parle plus que de ça.

En pensant à son progrès, ou plutôt au miracle qui nous a frappé cette année, je ne peux pas m'empêcher de penser à Amber. Je ne sais pas pourquoi, mais ces deux-là s'adorent, à tel point que c'est à elle qu'elle s'est confiée avant son départ. J'ai toujours trouvé qu'elles se ressemblaient, elles ont toutes les deux un caractère plus ou moins similaire. Ça expliquerait pourquoi elles s'entendent aussi bien.

J'aurais voulu lui annoncer que Spencer est sur la bonne voie, mais elle ne m'a pas laissé l'occasion de lui annoncer. J'espère pouvoir le faire lundi.

En parlant de lundi, je ne sais pas comment ça va se passer, ni comment je vais gérer ça. D'avoir invité Amber ici alors que Lana sera à San Francisco, ce n'est pas l'idée la plus judicieuse que j'ai eue. Ça ne fait que rajouter un mensonge au-dessus de la pile.

Mais je ne pouvais pas avoir cette discussion avec Amber si Lana était dans les parages, impossible. Tout va voler en éclats, j'en ai la certitude. On finira par s'hurler dessus sans même nous laisser l'occasion d'argumenter. Je ne sais pas si ça débouchera sur quelque chose, mais il faut qu'on crève l'abcès. Dans tous les cas, ça sera à celui qui hurlera le plus fort, c'est certain.

Lana referme la porte derrière nous et j'ai à peine le temps de stabiliser le fauteuil de Spencer qu'elle veut se lever.

— Oh, doucement.

— Hayden, je suis pas en sucre, me dit-elle en tendant les mains vers Lana pour récupérer ses béquilles.

Au moins, qu'elle soit ici va me permettre de penser à autre chose. Elle s'appuie sur ses béquilles et se lève en essayant de positionner correctement ses pieds. De soulever une jambe pour avancer semble lui demander tous les efforts du monde, et j'ai un pincement au cœur en voyant ça. Spencer était une danseuse incroyable, ses jambes lui permettaient de voler et aujourd'hui, elle se retrouve à devoir mettre toute son énergie pour simplement avancer jusqu'au canapé.

— Tu comptes me regarder comme ça tout le week-end ? lance-t-elle en se retournant vers moi, un sourcil arqué. Au pire, si je tombe, je me relève.

Un rire nerveux m'échappe. À chaque fois qu'elle vient ici pendant ses permissions, c'est pareil. J'ai sans arrêt peur qu'elle se fasse mal, alors je suis trop sur son dos. Quand elle était en fauteuil, elle passait son temps dans sa chambre et elle me demandait sans arrêt de ne pas rester enfermée ici pour elle. L'été dernier, quand j'ai pu lui payer une place à la clinique pour qu'elle reçoive des soins et des examens dans l'espoir de trouver une solution à son problème, j'étais aussi tranquille. Maintenant, quand je sors et que je la laisse aussi, j'ai toujours peur qu'elle pense être capable de quelque chose alors que ce n'est pas le cas.