Story Of Yanala [Fanfiction IE] - [Terminée]

Chapitre 22

Yanala arriva devant sa maison, et entra sans hésitation. Elle ne devait pas reculer, car sinon jamais elle ne serait capable d'avancer. Bien sur, elle craignait de ce qui allait suivre, mais elle devait garder la tête haute.

Elle pénétra dans la maison, et passa dans le couloir en silence pour se rendre dans sa chambre et déposer ses affaires. Ensuite, elle attendit quelques instants, réfléchissant, ses doigts s'agitant légèrement dans le vide, comme cherchant une chose invisible.

- Yanala, tu es rentrée...

Elle se tourna, et vit le visage de sa mère, creusé par les larmes, et les yeux rougies. Elle tenait une bassine de linge dans ses bras, tout en fixant sa fille aînée avec...tristesse.

- Oui, répondit simplement la jeune fille.

- Oh Yanala...écoute...je...

De nouveau, des larmes vinrent perler à ses yeux, et elle laissa tomber son linge pour venir prendre sa fille dans ses bras.

- Je suis désolé..., souffla-t-elle, je suis si désolé d'avoir été une mauvaise mère...pardonne moi...pardonne moi...

Yanala ne bougeait pas, elle se contentait d'écouter sa mère, mais cela lui faisait...plaisir. Entendre sa mère s'excuser, demander le pardon, voulait aussi dire qu'elle cherchait à faire des efforts.

- Je pensais agir comme une bonne mère...mais il n'en était rien...je ne faisais que me voiler la face...prenant la solution de facilité... pardon...je voyais que tu souffrais...mais je n'osais pas réagir...je faisais semblant de ne rien voir...pardon...pardon...je sais qu'il est trop tard, que le mal est déjà fait. Mais je...je voudrais tellement essayer d'arranger les choses...être une...bonne mère pour toi...

Yanala leva les yeux vers elle, est ce que cela était vrai ? Pouvait-elle tenter de faire confiance à ses paroles ? Dans le fond, elle le voulait, mais il faudrait plus que des belles paroles pour la convaincre. Seuls des actes pourraient avoir une quelconque valeur à ses yeux.

- Actions, dit-elle simplement.

Eva regarda sa feuille, hochant lentement la tête, avant de la lâcher et reculer un peu.

- Tu as raison...parler c'est bien beau mais...agir est bien mieux...

- Oui.

Sa mère essuya doucement ses larmes, avant de reprendre le panier de linge, et sortir de la chambre. Yanala se laissa tomber sur son lit, et un faible sourire étira ses lèvres, tandis qu'un petit papillon d'espoir venait faire vibrer son cœur.

- Tient, tu es de retour !

La voix désagréable de Wanda vint grésiller à ses oreilles, faisant voler rapidement en éclats son petit moment de bonheur. Apparemment, sa petite sœur n'avait pas pris de bonnes résolutions, comme leur mère.

- Tu aurais mieux fait de ne pas revenir ! La petite peste que je suis vit bien mieux sans toi dans cette maison !

Yanala ne dit rien, se contentant de la regarder. Malgré des paroles froides et acerbes, elle pouvait percevoir dans la voix de Wanda la douleur. Le fait d'avoir lu la vérité, de se prendre en pleine face toutes les pensées refoulées de sa grande sœur semblaient l'avoir affectés. Yanala ne devrait pas, mais elle en était satisfaite. Car si Wanda était touchée, ça voulait dire qu'elle pouvait changer.

- Pense vraiment ça, Wanda ?

- Bien sur que je le pense ! Pourquoi je ne le penserais pas d'abord ?? Tu es...tu es...merde !

Elle tourna les talons et partit, claquant la porte de sa chambre. Elle n'avait pas pu trouver les mots pour en dire plus. Yanala avait la sensation que cela était crescendo. Sa mère avait compris le message, sa sœur semblait être comme tiraillé, et son père...lui, elle savait que rien ne changerait. Il resterait de marbre.

- A table, appela Eva après deux bonnes heures.

Yanala se leva, se dirigeant vers la cuisine, sentant déjà une ambiance pesante régner. Son père était là, le regard froid, les mains croisées devant son assiette. L'aînée ne dit rien, et ne détourna pas les yeux. Elle soutint le regard acéré de son père, attendant qu'il parle, dise quelque chose, exprime ses émotions, mais rien. Il baissa juste les yeux sur son plat, commençant à manger. Et pour une fois, ce fut silencieux, même Wanda ne parlait pas de sa fabuleuse journée au collège.

- Bien, gronda alors le paternel, il est temps de mettre les choses aux points.

Il posa ses couverts, et fixa de nouveau son regard ardent sur Yanala.

- Bientôt, tu seras majeure. Cela veut donc dire que tu ne seras plus sous notre responsabilité.

Le silence s'installa, et plus personne n'osa dire quoi que ce soit. Pourtant, Yanala sentait venir la suite à grand pas.

- Donc, une fois majeure, tu pourras quitter cette maison, et ne plus y revenir.

- Chérie ! Voyons ! protesta sa femme, tu ne peux pas faire cela !

- Bien sur que si, j'ai parfaitement le droit en tant que maître de cette maison. Donc, dès sa majorité, elle pourra quitter la maison.

- Il en est hors de question ! Yanala ne quittera pas la maison ! Je refuse que tu la jettes dehors ainsi, il s'agit de ta fille !

- Il n'en est rien, j'ai parfaitement compris ses pensées dans sa lettre, et j'ai compris ce qu'elle pensait de moi. Et comme elle semble nous considérer comme des gens autres que sa famille, il est normal qu'elle ne reste pas plus longtemps dans cette maison. Sa présence ne sera plus tolérée dès qu'elle aura atteint sa majorité. Ma décision est prise, et je ne reviendrais pas dessus.

Il se leva et quitta la table, ayant l'intention de se rendre dans le salon. Cependant, sa femme lui bloqua la sortie, et croisa ses bras sur son torse.

- La discussion est loin d'être terminée, je ne te laisserais pas imposer cela à ta guise ! Yanala restera dans cette maison autant de temps qu'il lui faudra. Et ne compte pas sur moi pour t'aider à la foutre à la porte !

- Il me semble que c'est moi qui prends les décisions dans cette maison ! Tu n'as pas à t'y opposer !

- Eh bien si pourtant, je m'y oppose ! C'est terminé maintenant. Il me semble que notre fille a tenté de nous faire passer un message. Elle a besoin d'une famille, de sa famille, et ce n'est pas en te comportant de la sorte que tu vas lui donner ce dont elle a besoin !

- Elle ne fait pas partie de ma famille.

Et sur ces dernières paroles froides et blessantes, il poussa sa femme et quitta la pièce. Eva se tourna vers sa fille, qui ne disait rien, mais qui souffrait malgré tout des paroles de son père.

C'était encore pire que ce qu'elle avait pu imaginer. Son père ne la considérait même pas comme sa fille. Elle n'était rien à ses yeux. Rien du tout.