Merveilleuse soirée

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Assise près de la télévision, perdue dans mes pensées, le regard fixé sur le canapé, je l'observe.
Il est là, devant moi, allongé sur le ventre, les yeux fermés. Il a l'air tellement paisible, tellement calme et heureux.

Mon regard divague et quitte son corps d'ange. Je pense. Je pense à ma famille et toutes les choses qui comptent pour moi. Je pense à ma vie. Les raisons qui m'ont conduite ici. La raison de mon existence. Au bien et au mal. Au paradis et à l'enfer. À la vie après la mort. Je me demande où est-ce que j'irais. Je ne sais pas. Ça me fait peur. Je n'aime pas ne pas savoir.

Après de longues minutes à réfléchir sur la raison de ma venue sur terre, je me relève. Je me dirige d'un pas lent vers le canapé. Je le regarde, puis avec mes doigts, je lui fais des petits dessins dans le dos. Je sais qu'il aime ça. Pendant un instant, j'ai l'impression qu'il me sourit. Il a l'air tellement paisible.

— Mon amour... Tu m'entends ? Je t'aime. Je voulais te le dire avant que je parte au travail. Je t'aime, mon chéri.

Je me relève après l'avoir embrassé, pour ensuite aller me préparer. Je me dirige vers la salle de bain. Au passage, je prends des vêtements propres et enlève les sales. La douche me fait un bien fou. L'eau chaude ruisselant sur mon corps me procure une joie intense. Sous la douche, je revis. Je me sens bien. Je voudrais que cet instant dure une éternité. Hélas, comme tous les bons moments, ils ont une fin. Comme cette nuit. Ce moment entre nous est passé beaucoup trop vite. Rien qu'à y repenser, ça me donne des frissons d'excitation. Je revois nos corps s'entremêlant, dansant sous la lumière de la lune. Criant à pleins poumons au moment de la pénétration. Et enfin, s'écroulant sur le divant. C'était un moment merveilleux.

Je sors de la douche pour aller finir de me préparer pour sortir.

Au début, c'est vrai que j'avais un peu peur. J'avais peur de ne pas aimer, de me sentir coupable ou tout simplement mal. J'avais aussi peur de ne pas y arriver, de ne pas être à la hauteur ou même de rater. Cependant, au final, tout s'est très bien passé. Je n'ai pas eu peur, je n'ai pas tremblé et quand j'ai commencé, je me suis rendu compte que j'aimais ça. C'est sûrement bizarre, mais j'ai ressenti au fond de moi un bien-être immense une fois l'acte accompli. J'avais même envie de recommencer, mais il n'était pas vraiment en état pour une deuxième partie. Il faut dire que j'y suis allée un peu fort. Et même ses supplications ne m'ont pas fait arrêter. Ses petits gémissements, quelques secondes avant la fin, étaient délicieux. Il m'a offert une soirée magique.

Il faut dire qu'il m'a beaucoup aidée. On sort ensemble depuis presque deux ans, mais on se connaît depuis plus de cinq ans. On s'était rencontré au lycée. Nous avions tous les deux dix-sept ans. Nous sommes tout de suite devenus amis. Et puis un jour on s'est embrassé. Je l'aime tellement... Je t'aime tellement...
Oui, mon amour, cette fois c'est à toi que je parle, tu étais mon premier copain et mon premier baiser. C'était magique. Comme dans un rêve...
J'aurais voulu que ce moment dure à jamais. Malheureusement, tu as tout gâché. Au bout d'un certain temps, je ne te suffisais plus. Tu avais besoin d'aller voir d'autres femmes. Tu pensais sûrement que je ne m'en rendais pas compte. Mais si, je savais tout. Cependant, à chaque fois, je te laissais une deuxième chance. Comme on dit : trop bonne, trop conne. Oui, j'ai été conne de te pardonner, mais, que veux-tu, je t'aime. Pourtant, malgré tout ça, tu restes mon premier amour, l'amour de ma vie. Et je ne pourrais jamais t'oublier.

Mais hier matin, tu as fait la chose de trop. Tu as voulu me quitter pour une de ces sales putes que tu te tapais dans mon dos. Tu voulais me remplacer. Me jeter comme on jette un vieux tee-shirt. Sauf que moi, je ne suis pas une fille qu'on remplace aussi facilement. Je ne l'ai pas supporté. J'ai voulu t'expliquer ce que je ressens. Je voulais juste te montrer à quel point je t'aime, mon amour. Or, tu n'as rien voulu savoir, tu n'arrêtais pas parler de cette fille. D'après toi, tu l'aimais, mais je savais que c'était faux. Comment aurais-tu pu aimer une autre femme que moi ? Je suis la seule qui te comprenne vraiment. Pour toi, j'aurais fais n'importe quoi. Mais ça, évidement, tu ne le voyais pas. Tu es parti au travail, tout simplement. Tu m'as laissée toute seule dans l'appartement, alors que je t'ouvrais mon cœur. A ce moment précis, une haine est née en moi.
Durant toute la journée, j'ai eu un désir de tuer. De te tuer. De te faire souffrir. De te faire comprendre tout ce que tu perdrais si tu me remplaçais. De te faire ressentir tout le mal que tu m'as fait en prononçant ces trois petits mots : «Je te quitte»
Alors j'ai pris une arme et j'ai attendu. Et hier soir, quand tu es enfin rentré, nous avons vécu ensemble cette merveilleuse nuit. Une nuit où jamais plus tu ne t'en relèveras...

Je suis enfin prête à aller au travail. Avant de partir, je jette un dernier coup d'œil au salon où son corps gît inerte sur le canapé. Une marre rouge de sang s'est formé sur le sol, il faudra que je nettoie ça aussi ce soir. Je soupire, exaspérée par ce travail supplémentaire, les hommes ne sont définitivement pas soigneux. Mon regard glisse ensuite vers son visage paisible, un sourire grandissant sur mon visage, la mort le rend tellement beau. Je crois que je l'aime encore plus comme ça.

— Ne t'inquiète pas, mon amour, ce soir, quand je rentrerais, je te ferais une jolie tombe. Une tombe que je serais là seule à connaître, où l'on pourra se retrouvé sans être dérangé... Oui, maintenant tu seras à moi pour toujours. Je t'aime, mon amour.

(Avez-vous bien compris ce qui c'est passer pendant cette nuit mouvementée ? Parce qu'il ne faut jamais ce fier aux apparences, cette soirée n'est peut-être pas celle que vous croyez... )

***

Hello ! Encore un vieux texte, mais pour être honnête, j'ai énormément hésité à le publier ou carrément le supprimer. Car je n'en suis pas satisfaite, c'était mon premier essaie, mais je ne suis pas douée dans les textes à double sens ahah. Mais une talentueuse écrivaine m'a dit qu'il fallait malgré tout que je le garde, alors je lui fais confiance, et décide de le publier :)
Bisous !

Maux Dits (recueil de nouvelles)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant