Son âme mise à nue (Publié sur Amazon)

Chapitre 29

     Lucia...

     Je quitte George vers vingt-trois heures, il insiste pour me raccompagner chez moi mais je préfère prendre un taxi.

     — Merci George pour cette agréable soirée, bon week-end et à lundi.

Il persiste une dernière fois,

     — Lucia, je peux très bien te déposer, c'est sur mon chemin, c'est idiot de dépenser de l'argent avec un taxi.

     — George, tu sais très bien que mon appartement n'est pas du tout sur ta route, je suis une grande fille, j'ai l'habitude de me débrouiller, ne t'inquiète pas.

Un taxi s'arrête à notre hauteur, toujours aussi galant, George ouvre la portière pour que je puisse m'y installer. Il en profite pour m'embrasser délicatement sur la joue. Déconcertée, je recule et l'interroge,

     — C'était quoi ça ?

     — Juste un baiser que ferait n'importe quel ami Lucia, n'y vois rien de choquant.

Mouai, je suis sceptique mais en même temps, il ne m'a pas violé non plus. Je grimpe dans le véhicule avant que l'envie de m'embrasser à nouveau ne lui reprenne. Ma voix est plus glaciale que je le voulais,

     — Merci encore George et à lundi.

     Et je claque la porte tu taxi. Je donne mon adresse au chauffeur. En entrant dans l'appartement, c'est le silence total. Je range ma veste et mon sac dans le placard à côté de la porte d'entrée. Je saisis mon téléphone, j'ai deux messages, un de Carla et un autre de Demon. Je commence avec celui de mon amie.

     {Coucou ma chérie, Dany et moi sommes au théâtre, nous serons là vers minuit. Je t'ai    laissé un gratin de macaronis dans le frigo au cas où tu n'aurais pas mangé. Bisous ma belle}

     C'est la meilleure colocataire que je n'ai jamais eu, elle me connaît si bien ! Je suis affamée et il faut absolument éponger tout l'alcool que j'ai ingurgité. Je fonce sur le frigidaire et me prépare une assiette pleine que j'enfourne dans le micro-onde. En attendant que mon plat réchauffe, je regarde le message de Demon.

     {Lucia, je passe te chercher à dix-neuf heures trente, sois prête. Demon.}

Ça ressemble plus à un ordre qu'à une invitation, pour qui il se prend ? Je ne suis pas un petit chien obéissant ! Je lui réponds à ma manière,

     {Très cher Demon, il n'est pas dans mes habitudes de répondre au doigt et à l'œil comme une gentille fille, je regarde mon agenda pour connaître mon emploi du temps de demain et je te dis ça. Lucia.}

     La sonnerie du micro-onde retentit, je pose mon portable sur le plan de travail, récupère mon assiette et commence à déguster mon gratin. Hummm, c'est une tuerie ! Merci ma Carla pour cette bénédiction ! Mon smartphone m'annonce un nouveau SMS, Demon vient de me répondre.

     {Ne me parle pas de doigt Lucia, ça me donne de mauvaises pensées... Tu n'as pas idée de ce que je pourrais te faire avec un doigt, voire deux... Je te laisse méditer là-dessus... Bonne nuit Lucia. Demon.}

     Je bloque sur ce dernier message, je déglutis avec peine. Comment un simple SMS peut m'émoustiller comme ça ? Ma petite culotte est foutue ! Je finis, non sans difficultés, mon repas. Je range mes couverts et mon assiette dans le lave-vaisselle tout en repensant à ce que Demon a écrit. Mon corps, ce traître, réagit trop violemment aux simples mots de ce message, une vraie morte de faim ! La fatigue me rattrape, je prends une douche et me lave les dents, je m'écroule sur le lit et les bras de Morphée m'entourent peu à peu.

     Mes rêves sont peuplés de cet homme au regard de braise, le roi des Enfers, Demon...Son visage entre mes cuisses, sa langue qui appuie sur mon clitoris tout en tournant sensuellement autour, ses mains malaxant mes seins, je suis si excitée que tout mon corps tremble d'anticipation. Pourquoi j'entends Carla jurer comme un charretier dans mon rêve ? Mes paupières papillonnent et je me retrouve dans mon lit, toute seule. Je lève ma couette pour réaliser qu'il n'y a personne entre mes jambes, cruelle déception ! Ce rêve était si vrai, l'envie de Demon est trop réelle, je suis obligée de la satisfaire en descendant ma main jusqu'à mon entre-jambe. Je débute avec mon majeur, en imaginant que c'est celui de Demon, je caresse mon clitoris délicatement d'abord puis plus rapidement, j'étouffe mes gémissements dans l'oreiller. Je mouille, rien qu'en pensant à sa queue qui me baise sans ménagement, l'arrivée de mon orgasme et sa délicieuse délivrance électrocute tout mon corps... Je respire fort, mon cœur pulse de bonheur... Oh my god, j'en suis là ? A me masturber en pensant à Demon ? Le manque de lui me fait faire des choses inavouables et immorales ! Je glousse car je trouve tout ceci trop dingue et un tantinet pathétique tout de même.

     J'attends que mes symptômes post-masturbation se calmes avant de me lever et d'aller rejoindre Carla dans la cuisine. Quand je la vois à quatre pattes par terre à éponger sa pâte à pancakes répandue sur le sol.

     — Qu'est-ce qui s'est passé Carla ?

Elle lève la tête, échevelée, son visage rouge-écrevisse, Carla se relève l'air ahuri dans sa nuisette qui ne cache pas grand-chose,

     — Ah ! tu es rentrée ?

     — Bah, oui comme tu le vois, ou veux-tu que je couche en-dehors d'ici ?

     — Oh ! Comme je n'ai pas vu tes affaires un peu partout, je pensais qu'il n'y avait personne...

Je connais ma colocataire par cœur, plus manique que Carla, tu meurs !

     — Je suis bordélique Carla mais je me soigne !

Je vois bien qu'elle me cache quelque chose vu son visage paniqué, son rire forcé et sa gêne soudain me font un peu peur,

     — Qu'est-ce que tu me caches Carla ?

Puis j'entends la porte de sa chambre s'ouvrir, je n'y crois pas mes yeux ! Cet homme vêtu d'un simple boxer noir, un torse musclé, une gueule d'ange et de surfeur,

     — Matt ?

     — Salut Lucia ? Tu vas bien ?

Carla fonce vers moi,

     — Euh, voilà, comme tu le sais, Dany et moi nous étions au théâtre hier soir et à la sortie, nous avons rencontré Matt en compagnie de sa mère et de son père. Ses parents sont partis de leur côté et Matt nous a demandé si on voulait aller prendre un verre. Dany s'est éclipsé car il travaillait, donc Matt et moi sommes allés dans un petit bar et de fil en aiguille... Voilà !

Matt, le sourire en coin, vient me faire une bise sur la joue comme si tout ceci était normal.

     — Coucou Lucia, comment vas-tu ?

Comment je vais ? Euh... Je crois que je vais aller me recoucher...