𝑴𝒂𝒋𝒐𝒓𝒅𝒐𝒎𝒐 •° ᶜʰᵃⁿᵍˡⁱˣ

•°XXXIV°•

- Co-Comment m'avez-vous retrouvé ?

Enfin Felix avait sorti quelque chose. Le silence se faisait bien trop pesant.

- Vous n'imaginez pas tout ce que nous avons enduré pour venir jusqu'ici, répondit le majordome en se remémorant leurs mésaventures. Mais le plus important c'est qu'on soit là, non ?

Le jeune Lee n'en revenait tout bonnement pas. Lui qui avait pensé que tout son personnel l'avait abandonné pour son horrible père. Lui qui était désespéré de savoir que même son propre majordome ne le soutenait pas. Voilà qu'au beau milieu de la nuit, tous ses employés étaient là avec lui, quand il s'y attendait le moins. Vu leurs états, le voyage n'était sans doute effectivement pas facile, avec les longs kilomètres et la chaleur. Et pourtant, son personnel était allé à travers ces difficultés, rien que pour le retrouver.

- J-Je ne sais pas quoi dire... murmura-t-il assez fort. Est-ce que c'est ça "être ému" déjà... ?

- Vous savez bien que jamais on ne vous aurait laissé tomber, sourit le majordome. Vous le saviez, n'est-ce pas ?

- Non justement...

Il sentit alors quelque chose d'humide couler le long ses joues, provenant de ses yeux fatigués. Lentement, il avait passé une main dessus, et fut surpris de constater que c'étaient des larmes.

- Je pleure ? Pourquoi ? P-Personne n'est mort, je... Je ne suis pas triste, bien au contraire alors pourquoi je pleure ? balbutia-t-il.

- Ce sont des larmes de joie monsieur.

- Alors on pleure aussi lorsqu'on est content ?

Sentant que Changbin et Felix devaient avoir une petite conversation à deux, Sungjae était intervenu.

- Bon les autres, il tapa des mains, vous disiez avoir soif, non ? Venez avec moi dans la cuisine.

Sans rien dire, les concernés suivirent le propriétaire des lieux pour se réhydrater tandis que Felix et Changbin s'étaient assis sur le lit du roux, à savoir le canapé.

- Où est mon père ? demanda le petit maître, appréhendant la réponse de son vis-à-vis.

- Sûrement en hélicoptère en train de vous chercher.

- Quoi ?

- Ça aussi c'est une longue histoire...

N'insistant pas sur ce point, surtout parce qu'il s'en fichait mal sur le moment, le jeune maître avait préféré baisser la tête.

- Tu sais bien qu'il va falloir que je retourne avec lui, lâcha-t-il en fixant le plancher.

- Non, vous n'êtes pas obligé...

- C'est mon père Changbin. Je suis sous sa responsabilité, je ne peux pas éternellement me cacher.

Même s'il ne voulait pas le reconnaître, le noiraud savait que monsieur Lee avait raison. Le père du jeune maître avait le plein pouvoir sur son fils. Aux yeux de la loi, les fautifs seraient les employés, qui voulaient comme arracher un adolescent de la possession de son paternel.

- Mais vous, qu'est-ce que vous voulez ? demanda le majordome.

- Moi... Je... Je veux rester avec vous...

Le monsieur Lee devant Changbin n'avait plus rien à voir avec le monsieur Lee qui l'avait accueilli au début de son service. Le monsieur Lee devant lui était doux, calme et adorable. Ce dernier terme était d'ailleurs trop faible pour le décrire. Changbin fondait juste littéralement en le voyant.

- On rentrera pour Séoul demain et... j'irai avec lui, dit tristement le roux.

- Mais enfin... Si vous tenez tant que ça à nous, alors vous devez vous battre.

- Je lui dirai de vous trouver un bon travail à tous en échange, rétorqua le petit maître. Un travail où vous serez sans doute mieux traités et mieux payés...

Mais Changbin ne voulait pas changer d'employeur. Certes, au départ, il avait trouvé ça totalement loufoque de devenir majordome. Mais au fil du temps, il avait commencé à s'y attacher. Si chacun se trouvait un nouveau travail, il perdrait sa seconde famille, ses amis... et monsieur Lee principalement. Tout était tellement meilleur lorsqu'il galérait encore à ses débuts, au moins il était bien entouré.

- Moi je veux que nous restions ensemble, commenta le noiraud, surprenant Felix. Nous tous. Vous, vos vingt-six employés et mon petit frère. C'est une seconde famille pour moi et... j'imagine que ça l'est pour vous aussi...

- Je veux qu'on reste ensemble, c'est évident ! Mais ça m'étonnerait que ce soit pareil pour les autres, vu la manière dont je les ai traité tout ce temps...

- S'ils vous haïssaient tant, pensez-vous qu'ils auraient parcouru tous ces kilomètres pour vous ?

- Et mon père ? Il n'acceptera pas si facilement... Pas avec sa stupide entreprise...

Au fond de lui, Changbin s'était déjà fait à l'idée de devoir se séparer de ceux qu'il aimait. Il essayait juste d'agir, pour ne pas perdre avec des regrets par la suite. Même s'il savait que la vérité était là, il tentait simplement de ne pas être lâche face à la situation.

Mais au fond il le savait... Il avait perdu...

- Ben... Tant que vous êtes heureux, j'imagine que je dois l'être aussi, avait-il fini par dire, essayant de retenir ses larmes.

À la place, ce fut monsieur Lee qui craqua. Et, à la surprise mais surtout au plus grand bonheur du jeune majordome, son maître l'avait prit dans ses bras. Malheureusement, durant cette première fois, monsieur Lee était en larmes. Et ce n'étaient plus des larmes de joie.

- Vous étiez tous bons avec moi, pleurait-il. Tout ce temps, j'ai été reconnaissant envers vous... Au fond de moi, je tenais à vous... Je pensais que je ne vous méritais pas...

- Monsieur...

- Mais au lieu de profiter de ces bons moments qu'on aurait pu tous partager... J'ai tout gâché... Et maintenant, c'est trop tard pour tout rattraper...

Changbin aurait bien aimé le contredire... Mais que pouvait-il bien placer ? C'était vrai, ce que le maître disait. Il était trop tard pour tout changer. Le père du roux était une personne bien trop influente et puissante pour qu'une bande d'adolescents essayent de se mettre en travers de son chemin. Le temps était écoulé.

Le majordome ne put donc faire autre chose que de resserrer l'étreinte du jeune maître et de déprimer avec lui.

- Ce que je regrette le plus... C'est de ne pas t'avoir connu plus tôt, monsieur Lee pleurait toujours. Peut-être qu'on aurait pu passer plus de temps... Tous ensemble.

- On pourra toujours se revoir... Ne vous en faites pas... Je vous le promets...

Le pensait-il réellement ? Ou était-ce un simple argument pour rassurer son vis-à-vis ? La deuxième option semblait plus réaliste. Et pourtant, il se demandait si c'était monsieur Lee qu'il tentait de rassurer...

Ou bien lui-même...

C'était une bonne question...