Semi-liberté

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Les jours suivants, Rayan est très pris par le boulot, on ne se croise qu'au déjeuné et avant de dormir. En ce moment Rayan ne boit pas, ne crit pas, ne tape pas. Il a l'air préoccupé. Il parle peu, mange peu, dort peu.
Quant à moi je me porte mieux, les blessures guérissent de semaines en semaines. Mes bleus ont disparu, mes plaies se sont refermées, mes hématomes se sont atténués, mes fractures aux côtes se guérissent lentement. Je n'oublie pas ce qui s'est passé mais j'apprend à vivre avec, en plus Rayan ne me frappe plus.

Ce matin je me réveille et Rayan est ici . Je me demande pourquoi il n'est pas au boulot. Il m'explique qu'il y a été ce matin mais qu'il y a des complications avec certains clients et qu'il a préféré rentrer. Nous avons donc passé la mâtiné à bricoler ensemble. Plus tard dans la journée, quelqu'un toque à la porte. Ça n'arrive jamais, on ne côtoie personne, curieuse je jete un coup d'oeil à la fenêtre. C'est une fourgonnette de gendarmerie.

- Rayan, il y a des gendarmes devant la porte.

- Je vais me cacher dans l'abris de jardin, ouvre la porte et dis que je suis parti rendre visite à ma famille.

Pourquoi me demande-t-il de mentir ? Et pourquoi les gendarmes sont devant chez nous ? J'ouvre.

- Bonjour Madame, nous cherchons monsieur Muller. Vous êtes sa femme ?

- Oui, vous l'avez raté de peu, il est parti hier rejoindre sa famille.

-  Où habite sa famille ? Et quand compte-t-il rentrer ?

- Je ne connais pas sa famille. Mais il devrait rentrer d'ici quelques jours.

- Nous vous laissons un numéro au quel nous joindre, appelez dès qu'il rentre.

- Oui, mais pui-je savoir pourquoi vous souhaitez le voir?

- Vous en saurez plus dès qu'il sera rentré. Au revoir Madame Muller et merci.

- Au revoir.

Je referme la porte et me dirige vers Rayan.

- Ils sont partis, tu peux sortir de là.

- Qu'est-ce qu'ils t'ont dit ?

- Ils veulent te voir. Comme tu n'es pas là ils veulent que je les contacte quand tu rentres.

- Ils t'ont dit pour quelle raison ils voulaient me voir ?

- Non.

Je vois sur son visage un soulagement.

- Pourquoi est-ce-qu'ils sont venus ? Mais surtout, pourquoi as-tu voulu que je mente ?

- C'est compliqué, ne t'en mêle pas. On mange quoi ce midi ?

- Rayan .. dis-moi.

- J'ai eu des complications au boulot, je te l'ai dit ce matin.

- Des complications qui nécessitent la venue de la gendarmerie à la maison ?

- Oui.

Je vois bien qu'il ne me diras rien, je cesse de questionner et commence la préparation du repas. Contre toute attente, Rayan vient m'aider à cuisiner, il met la table. Ensuite nous passons à table, il ne mange pas et me regarde sans arrêt.

- Qu'est-ce-qu'il y a ?

- Tu m'aimes toujours comme avant ?

- Oui.

- Rappelle-toi bien de ça alors.

- Oui. Mais pourquoi ?

- Tu es une femme extraordinaire, tu sais gérer une maison toute seule.

- Oui.

Je ne comprends pas où il veut en venir.

- J'ai laissé une nouvelle carte de crédit dans ton sac, c'est celle de mon compte le plus important. 

- Je n'en n'ai pas besoin, tu me l'as dit toi même.

- Si un jour tu en as besoin, n'hésite pas à t'en servir. Ce qu'il y a dessus est pour toi.

- Oui. 

Trois jours passent et Rayan est très proche, doux, attentionné. Il me prend régulièrement dans ses bras et me complimente. Ça me plait mais je suis perdue, ses humeurs sont changeantes.

Un matin les gendarmes reviennent à la porte. Rayan me demande de les faire entrer.

- Dis leurs que je suis à l'intérieur.

Je vais ouvrir la porte.

- Bonjour messieurs, Rayan est de retour,  vous pouvez entrer il est là. 

Les gendarmes me saluent puis entrent. Ils mettent immédiatement les menottes aux poignets de Rayan. Je ne comprend pas.

- Que ce passe-t-il ?

Un des gendarme prend la parole et me répond:

- Votre mari est à l'origine d'arnaques financières. Nous le mettons en garde à vue, le temps qu'il soit jugé. Il aura sûrement une peine de prison ferme.

- Rayan qu'as-tu fait ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

- Mandy je suis désolé. Je ne voulais pas que tu sois mélée à ça. J'ai perdu mon poste, mais j'ai continué à travailler, j'ai détourné de l'argent, je ne voulais pas que l'on perde la maison. Ne t'inquiète pas, sur le compte que je te laisse, ce n'est pas de l'argent sal. Et j'ai ailleurs de quoi rembourser et payer mes dettes. Tu te débrouilles très bien toute seule, tu vas y arriver.

Je pleure à chaudes larmes, je suis dévastée par ce qui est entrain de ce produire.

- Rayan .. je t'aime. Fais attention à toi.

Pas le temps d'en dire plus, les gendarmes le tire à l'extérieur de la maison. Rayan a les larmes aux yeux. Ils le font monter dans leur véhicule, et commencent à s'éloigner.
Je suis détruite par ce qu'il est entrain de se passer, je vais vivre seule, sans nouvelle de lui.

Après son départ les journées sont toutes les mêmes, je regarde constamment la pendule en me disant qu'à cette heure si Rayan devrait partir, rentrer .. Je m'occupe de la maison seule, je mange seule, je dors seule. Le temps est long, les journées sont fades, je n'ai envie de rien à part de lui. Il me manque terriblement.  Son odeur, son regard, sa voix me manquent. Je me sens vide sans lui, il est une partie de moi. J'ai besoin d'avoir de ses nouvelles. Il est parti il y a 2 mois et je ne sais rien de la vie qu'il mène. J'ai décidé d'acheter un téléphone. Je lui écris une lettre.

" Mon cher Rayan,
Depuis que tu es parti, tout est plus sombre. Je n'ai plus goût de rien, je ne pense qu'à toi.
C'est si difficile de vivre sans toi, j'ai l'impression que tu es si loin, que je t'ai perdu. Je ne peux qu’imaginer ce que tu dois affronter en ce moment mais sache que tu n’es pas seul dans ta peine. J’espère bien pouvoir t’apporter ne serait-ce qu’un peu de réconfort avec cette lettre et toutes celles qui suivront. J'ai acheté un téléphone pour que tu puisses m'appeler quand tu en auras la possibilité le numéro est 078965****
Tu me manques. Au revoir.
    MANDY "

La réponse ne sera pas immédiate il va falloir attendre 25 jours avant d'avoir une réponse. Et je n'ai eu aucun coup de téléphone.

Chère Mandy, Je suis heureux de te lire. Pour moi aussi le temps est long, les journées ici sont identiques, elles sont rythmées par le sport, le travail et la promenade. Je suis dans ma cellule de 19h00 à 7h00. 
Mais je tiens le coup ne t'en fais pas. Quant à ma peine, elle est de 6 mois ferme. Je n'ai pas eu le courage de t'appeler mais j'aimerai que tu m'envoies une photo de nous.
Je t'aime ma Mandy, prends bien soin de toi.
RAYAN.

Cela fait seulement trois mois que Rayan est parti. Et je commence à m'habituer à son absence. Au début c'était dur mais ça va maintenant.

Sous l'emprise de l'être aimé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant