Chapitre 3 - Étrange vérité

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Rosov revint vers l'entrée du château pour se diriger vers l'auditoire où se trouvait l'étrange banshee. Il avait la tête haute, le regard hautain, le dos bien droit et les mains jointes derrière son dos. Il ne devait pas montrer une once de faiblesse, surtout face à une créature aussi dangereuse qui pourrait profiter de cette faille pour le faire davantage souffrir.

Une fois arrivé devant la porte de la pièce, qui était fermée, le Roi prit une grande inspiration en fermant brièvement les yeux. Il les ouvrit ensuite puis appuya sur la poignée pour pénétrer les lieux.

La banshee était assise sur un des deux canapés en velours rouge qui se trouvaient dans un coin de la pièce. Elle avait les poignets et les chevilles liés, de sorte à ne pas lui donner la possibilité de pouvoir se déplacer ni d'agresser le vampire. Ce dernier la reluqua avec insistance, analysant son visage, notamment ses larmes noires qui épousaient l'obscurité régnante des environs. L'elfe gardait la tête baissée, les paupières closes, comme s'il priait en silence.

Rosov ne savait pas quoi penser de ce calme de la part de son prisonnier. Il avait l'habitude que ceux qui étaient pris en otage se montraient agressifs, insultants et vulgaires à son égard. Il se demandait si cette banshee ne se rendait pas compte qu'à tout moment elle pouvait être envoyée au donjon, qui était la prison du château où reposaient les détenus condamnés à une terrible sentence.


Le Roi souffla du nez et leva brièvement son attention pour croiser l'éclat de Lune qui se faufilait entre les sillons des volets. Il tourna ensuite son regard vers les quelques torches allumées puis daigna enfin s'asseoir sur le canapé qui faisait face à celui de la banshee.

Lorsqu'il s'installa enfin, celle-ci ouvrit soudainement les yeux et leva la tête pour l'observer d'un air serein. Rosov, intrigué, fronça les sourcils et la défia du regard. Il n'aimait pas cette placidité chez son captif : il prenait cela comme une forme de provocation.

— Vous n'avez pas l'air d'avoir peur, constata-t-il d'une voix grave.

L'elfe ne répondit rien quant à cette affirmation et n'offrit qu'un simple sourire qui étira ses lèvres pâles. Le Roi fronça davantage les sourcils et croisa les jambes tout en s'installant plus confortablement contre le dossier du sofa.

— Comment vous nommez-vous ? demanda-t-il ensuite.

— Gorveron. Je me nomme Gorveron, votre Majesté, répondit la banshee d'une voix vaporeuse.

Rosov hocha la tête en guise de réponse et se mit à réfléchir à comment aborder la conversation quant à son pouvoir. Il ne voulait pas illustrer sa nervosité sur ce sujet, ni sa langueur. Il devait garder un air neutre, voire autoritaire, froid, pour imposer une distance entre la banshee et lui.

— Comment êtes-vous au courant de l'existence de mon pouvoir ? interrogea-t-il d'une voix toujours grave.

Un bref sourire plissa les joues de Gorveron qui riva à son tour son attention sur les volets fermés. Il remua mollement ses mains en faisant tinter ses chaînes, haussa un peu les épaules et répondit :

— Croyez-vous aux Dieux, votre Majesté ?

— Non, répliqua Rosov. Pourquoi ?

— Alors vous n'allez pas croire en ce que je vais vous dire.

— Dites toujours.

La banshee l'observa avec insistance. Rosov lui offrit un maigre sourire. Celui-ci ne croyait pas en l'existence de dieux, ni d'esprits ou de quelconques entités spirituelles : pour lui, il n'y avait qu'eux, les mortels.

Ténèbres - Le Mage noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant