Chapitre 1 - Incompréhension

128 5 0
                                    

Deux mille ans plus tard...


Les yeux de Rosov étaient rivés sur un collier qui lui avait été offert à sa naissance, une parure forgée d'or et de diamants qui illustraient le passé glorieux de sa famille. Une gloire que son grand-père chérissait jusqu'à jour où son fils, Aïkavra, avait été maudit par le sort du vampirisme et avait dégradé l'image flamboyante de la lignée des Noctrum. Aïkavra était son père, un père qu'il n'avait cependant jamais vu, ni rencontré, et il en était de même pour sa mère. Il ignorait également s'il avait des frères ou des sœurs. Tout ce dont il se souvenait de sa famille, c'était de ses grands-parents, dont un grand-père aigri et austère qui le maltraitait, et d'une grand-mère qui fut jadis un grand mage d'Argana, jusqu'au jour où, sous la misère qu'avait provoqué la malédiction de son fils, elle devint folle. Tous les deux avaient été tués sous la rancune débordante de Rosov.

— Rosov..., appela la voix vaporeuse d'une femme.

Le vampire dressa le regard et croisa celui de son épouse, Yahrena. Son doux sourire aux lèvres trahissait une compassion à l'égard du Roi qui était épris de chagrin et d'amertume.

Il lui sourit en retour puis s'approcha d'elle en rangeant le collier dans la poche de sa veste royale. Il la prit ensuite par la taille, l'embrassa brièvement sur les lèvres et s'enquit :

— Qu'y-a-t-il ?

— Rien..., rien. Je désirais simplement te voir, répondit-elle.

— Les garçons vont bien ?

— Oui..., ils vont bien. Arsvan s'entraîne certainement au combat et Norkov est parti de promener.

Rosov hocha la tête en guise de réponse puis dévisagea sa bien-aimée. Contrairement à lui, qui avait les cheveux noirs comme l'ébène, elle avait de longs cheveux blanc immaculé et bouclés qui descendaient en cascade sur sa poitrine. Ses yeux étaient verts et son visage était doté d'une grande beauté qui émanait beaucoup de douceur.

Le vampire descendit son regard sur les lèvres pulpeuses de sa femme, des lèvres qui lui donnaient souvent envie de l'embrasser. Il prit une grande inspiration puis releva son attention pour croiser le regard amoureux de Yahrena. Elle était belle, et il le savait ; beaucoup d'hommes rôdaient autour d'elle et tentaient de la séduire. Mais il lui offrait une confiance aveugle.


Yahrena dressa sa main vers la joue blafarde de son mari et la caressa d'un geste lent et contemplatif. Un plus grand sourire étendit les lèvres pâles de Rosov qui ferma les yeux pour savourer la tendresse de sa femme puis blottit son front contre le sien.

Cependant, malgré la tendresse de l'instant, elle déglutit difficilement et, malgré son hésitation, brisa le silence en lui demandant :

— Tu comptes toujours partir te battre... ?

Un air grave fendit le visage guilleret de Rosov qui ouvrit les paupières. Le sourire soudainement bas, il poussa un long soupir avant de répondre d'un ton froid :

— Oui.

Elle ferma les yeux et réprima quelques larmes en les crispant. Elle enserra ensuite son bien-aimé contre elle en glissant ses bras autour de sa taille et lui souffla :

— Tu n'es pas obligé d'y aller....

Rosov soupira de plus belle et répondit à l'étreinte de sa femme en la serrant davantage contre lui.

— Yahrena, je suis obligé d'y aller. Noctarosa se doit de se répandre. Nous devons forger notre place au sein de ce monde qui nous rejette.

Ténèbres - Le Mage noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant