Chapitre 8 - Le condamné (Partie 2/2)

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Alors qu'un silence lugubre se fit au sein du réfectoire, un des gardes se précipita sur le Prince et s'alarma :

— Votre Majesté, vous ne devriez pas être ici !

— J'ai le droit d'être où je souhaite au sein du château et du donjon tant que ces derniers appartiennent à la famille Noctrum, répliqua aussitôt Norkov.

Ce dernier revint ensuite sur Gorveron qui, soucieux, avait baissé un peu la tête et crispé ses épaules. Il lui ordonna ensuite sur un ton calme :

— Gorveron, veuillez bien me suivre s'il-vous-plaît.

La banshee releva la tête pour observer le Prince qui lui offrit un petit sourire. Celle-ci hocha timidement la tête en guise de réponse puis exécuta l'ordre de Norkov en venant vers lui en traînant un peu des pieds. Bien qu'il ne craignait pas les prisonniers du donjon, il avait tout de même peur du Prince dont il sentait en lui une grande puissance inégalable.


Une fois proche de lui, Norkov lui fit un signe de la main de le suivre et fit volteface pour rebrousser chemin vers la sortie de l'étage des cachots. Gorveron le suivit alors dans le calme, muet, les lèvres scellées à la fois de frayeur et de respect à l'égard du Prince.

Beaucoup des prisonniers présents dans le réfectoire observèrent les deux hommes s'en aller et disparaître au travers de l'ombre d'un des couloirs menant à la grande salle. Ils repartirent ensuite dans leurs occupations.


La promenade au travers du sombre corridor se fit dans le silence le plus total. Gorveron fut surpris que Norkov ne soit pas accompagné de soldats pour assurer ses arrières. Même si des gardiens étaient présents en grand nombre au sein du donjon, rien ne pouvait prédire un assaut des détenus à l'encontre du Prince.

Tous les deux descendirent des escaliers en tourniquet et en pierre, situé dans un couloir tout aussi obscur et effrayant. Après quelques prochains mètres parcourus, Norkov ouvrit la porte d'un parloir et invita Gorveron à y entrer en premier.

Celui-ci hocha du chef et pénétra aussitôt la pièce à peine éclairée par quelques petites torches. La lumière argentée de la Lune serpentait entre les sillons des volets fermés et donnait une touche féerique à la salle froide. Il n'y avait qu'une table et trois chaises situées autour de cette dernière, de quoi permettre au détenu de parler avec sa famille sous la haute surveillance des gardiens du donjon.

Norkov entra à son tour dans le parloir et invita la banshee à s'installer sur une des chaises présentes. Celle-ci s'exécuta aussitôt en s'asseyant et en restant murée dans le silence. Le Prince ferma la porte à clé derrière lui puis prit place à son tour, en face du détenu. Lorsqu'il croisa son regard, il lui offrit un petit sourire qui se voulait rassurant. Mais cela n'apaisa en rien les tourments de Gorveron qui était rongé d'une myriade de questions face à l'interpellation étrange de Norkov.


Ce dernier joignit ses mains et les posa sur la table. Il se racla ensuite la gorge, pencha légèrement la tête sur le côté et s'enquit auprès de la banshee :

— Comment vous sentez-vous ?

Gorveron, surpris par une telle question, haussa les sourcils et resta un instant figé. Il remua ensuite la tête et répondit d'un ton las :

— Eh bien... je mentirais si je disais que je me sentais bien.

— Oui..., ma question était un peu idiote, commenta Norkov en riant discrètement. Est-ce... vous qui aviez provoqué toutes ces morts dans le réfectoire ?

Ténèbres - Le Mage noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant