Paris est amoureux

Chapitre 7

Vendredi 6 septembre 1998
12h37
Paris, 5èmearrondissement
El ristaurante de Felicio

La mélodie habituelle des conversations entremêlées se faisait entendre dans le petit italien qu'avaient choisi Aurore et Gabrielle pour leur premier déjeuner ensemble après
un été loin l'une de l'autre. Le moins qu'on pouvait dire, c'était que les deux jeunes femmes ne participaient pas franchement à la chaleureuse ambiance qui imprègnait les lieux. Le choix du restaurant, des plats, puis des banalités entre quelques regards mal à l'aise... S'ensuivait désormais un lourd silence qui ne paraissait jamais en finir.
"Et sinon, savoir comment je vais, ça t'intéresse pas ? lacha soudainement Aurore, qui détestait les non-dits.
Gabrielle releva la tête, perplexe, avant que son teint ne vire au rouge et que son regard ne se fasse fuyant, comme une gamine prise en flagrant délit.
- Euh... je... si... bien-sûr, bien-sûr ! bredouilla-t-elle.
- Ah bon ? Vraiment ?
- Je sais, je sais... j'aurai... j'aurai du prendre plus de tes nouvelles... mais... Oh je suis désolée si je t'ai blessée... je voulais pas ! répondit Gabrielle, frottant nerveusement ses mains sur son jean.
- Me blesser ? Mais qu'est-ce-que tu racontes ? C'est pas la question ! J'avais besoin d'une amie, Gabrielle, j'avais besoin de toi ! reprit Aurore, prenant sur elle pour ne pas lui hurler à la figure ô combien elle l'avait déçue.
- Je suis tellement désolée... je regrette... j'aurai du... j'aurai du être la... murmura son amie, au bord des larmes.
- Oh c'est pas la peine de pleurer maintenant c'est fini ! Et puis je m'en suis sortie finalement...
- C'est... c'est le principal ! Puis de toute façon... j'aurai... j'aurai pas été d'une grande aide. Parce que je suis nulle... nulle pour aider les gens... je sais déjà pas m'aider moi-même...
- Oh Gabrielle tu me fatigues ! Quand est-ce-que tu vas arrêter de tout ramener à toi ? Tu vas pas faire la victime toute ta vie ! Secous-toi un peu merde !" s'exclama Aurore, avant de réaliser qu'elle avait parlé un petit peu fort... la moitié du restaurant ayant les yeux rivés sur elles-deux.