Chapitre 73

148 16 2
                                    

Clémence.

J'ai toujours eu une affreuse phobie des choses pointues. C'était sans doute la principale raison pourquoi la mutilation n'avait jamais été une option. J'ai souvent été tremblante à la vue du sang. Je n'ai jamais pensé que le corps humain pouvait être l'objet d'autre chose que la conscience. Vous savez, la pensée que si j'ai mal, il en souffrira certainement de lui-même, que simplement ça pouvait attirer le regard des autres. J'étais dans le champ.

Je me rappellerai toujours de la fois où j'ai surpris Amelia dans sa baignoire, mutilée au point d'en perdre conscience, mais pas assez saignante pour appeler l'ambulance. J'avais compris que c'était plus qu'une douleur physique, c'était une addiction, comme certains se jètent dans la nourriture pour oublier, ou d'autres dans le dessin. Si ça n'avait pas été de tous les discours, elle n'aurait sans doute jamais réalisé à quel point c'était mal...

Elle m'avait promis d'arrêter, mais elle en était simplement incapable, et c'est pourquoi que, deux ans plus tard, je voulus m'arracher la tête sous la vue des lames dans la chambre que Emy avait acceptée d'ouvrir. Il avait fouillé, il avait douté. Et maintenant il demandait mon aide.

- Elle est partie... Dit-elle.

C'était pire que je m'y attendais, ce sentiment de trahison et de façade que l'autre refusait de retirer.

Je me figeai. Elle ne s'attendait pas à ce que je rentre.

- Je voulais seulement voir.

Toute personne sait que l'objet de nos confidences peut de retrouver dans n'importe quoi. Celui-ci était le sien et sa colère serait sans doute atroce si elle découvrait que quelqu'un l'avait fouillé.

Je lui arrachai le seau, pourtant bien caché au départ, des mains.

Il était plein de lames usées et vieilles, très vieilles. Elle les gardait donc en souvenir?
Le creux dans ma poitrine s'accentua alors que les larmes débutaient leur chemin sur le visage de sa sœur.

- Comment j'ai pu être assez idiote pour ne rien voir?

Elle pleurait désormais à chaudes larmes et, d'un élan de tendresse, je l'a pris dans mes bras comme j'aurais pris Amé.

- Chuuuut. Tout ira bien.

Une vibration résonna dans ma poche arrière alors que je caressais discrètement son dos.

'C'est toujours bon pour demain?:)'

Louis.

'Oui, c'est possible que je sois en retard.;o'

Sa sœur m'observait bizarrement alors que je m'éloignai.

'D'accord, à demain alors'

J'étais surprise qu'il retourne mes textos, surtout avec la possibilité de la BITCH a ses côtés. Mais je ne me questionnai pas plus.

Même si j'aurais dut.

S bridge.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant