Clémence.
- Bon faut que je te laisse.
Déposant un doux baiser sur mes lèvres et en renfilant sa chemise il commença à s'éclipser, à mon malheur et celui de mes tristes gémissements.
- Il est tôt, soupirai-je, encore aveuglée par la lumière du matin.
Je vis dans ses yeux l'effort surhumain qu'il lui fallait pour rentrer chez lui, alors qu'il fixait ma silhouette en uniques sous-vêtements.
J'avais été moi-même surprise du peu de pudeur que j'avais eu lorsqu'il s'agissait de me montrer. Nous venions de passer le cap des quatre jours et, malgré la première nuit de refus de m'afficher, j'avais vite désiré un contact direct avec sa chaleur corporelle pour nos quelques heures de sommeil.
- Il faut que j'aille chercher mes choses et je cours en classe, on se revoit là.
Je vis qu'il tentait autant de se convaincre que moi. Nous avions profité à fond des quatre jours que nous laissaient les pédagogiques, et je crois que cette impossibilité de me laisser que ce ne soit que pour rentrer lui venait de sa peur d'une autre fuite de ma part vers ce pont. Ce fut sans doute pourquoi il ne quitta pas le cadre de porte lors des vingt minutes que je passai à m'habiller.
- Je t'aime, murmurai-je en le sortant de la lune.
Il me répondit d'un autre baiser. J'avais compris que dire ces mots lui était énormement douloureux et j'avais même peur qu'il tourne leur absence contre moi plus tard. Mais je lui faisais confiance. Et il m'avait promis de me porter à la fête d'Amélia qu'elle avait annoncée sur son compte facebook pour dans quatre jours.
J'avais d'ailleurs été nerveuse à la vue de cette invitation parce que je préparais depuis un moment mon discours de pardon sans tout à fait m'attendre à ce qu'elle me saute dans les bras et je savais que c'était le moment parfait.
Passant par la cuisine, pour le porter, nous fumes interrompis dans notre fuite par mon frère qui semblait nous attendre depuis un moment, patiemment, déjà.
- Louis, prononça-t-il sur un ton dominant.
- Bonjour, répondit-il de la même façon.
Malgré leur échange, les deux ne me lâchaient pas des yeux.
Jamais je n'avais rapporté de garçon à la maison. Et, n'ayant pas de père, je savais que mon frère avait pris ce rôle avec coeur, mais j'osais espérer qu'il ne tiendrait pas celui du protecteur.
- Tu le conduiras à la porte, j'ai des choses à discuter avec toi.
Cette fois, cette réplique m'était destiné. Je hochai la tête sous ce symbole d'autorité qui ne lui était pas habitué. Je crois que Louis remarqua ma nervosité avant que je ne ferme la porte puisqu'il caressa ma joue tendrement sans me lâcher des yeux avant que je lui fasse signe de partir.
Je regagnai la cuisine pour trouver un Ron perdu, tête coincée entre ses points.
- Tu t'entiches d'un escroc, lança-t-il quand je me posai sur le tabouret à ses côtés, ce qui repoussa mon geste.
- Pas du tout. Je tombe pour un sauveur.
Il releva ses prunelles dans les miennes, sourcils froncés.
- Ce n'est pas ça un sauveur, cracha-t-il.
- La définition est différente pour tout le monde. Pour moi c'est celui qui me rattrape quand je vais mal et qui accepte de me laisser tomber quand j'en ai besoin.
- Ce n'est pas un sauveur ça, c'est un serviteur. Et crois-moi il te laissera tomber quand il aura l'occasion.
Son refus de cette relation me brisa le coeur, jamais je n'avais pensé qu'excepté moi, beaucoup de choses empêchait nos possibilités.
- Pas s'il est la raison de s'accrocher, murmurai-je brisée avant de m'enfuir sous les cri de pardon de mon frère et les soupires de défaite.
J'en avais assez d'être enfermée dans du papier bulle. D'être celle qu'on protège parce qu'on la croit fragile. Le premier saut était en partie une tentative de rebellion, enfin mon propre choix pour mon futur. Mais je ne voulais pas d'une tête éclatée contre le roc comme avenir.
Oui j'en avais assez d'être enfermée dans du papier bulle et il était temps de le faire éclater.
C'était mon tour de décider pour moi.
Et mon choix était Louis Tomlinson.
