FRAGMENT 2

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La porte de la maison sans étage s'ouvre. L'endroit n'est pas particulièrement grand, mais il l'est juste assez pour recevoir tout ce qui se dégage des deux corps qui y entrent. Et puis, il est suffisamment étroit pour que Yoongi s'y sente bien. Il est suffisamment étroit pour qu'ils aient l'impression de le maîtriser déjà. Les rideaux sont fermés, et au centre du salon, il y a un piano, recouvert d'un doux voile transparent. Yoongi court presque dans sa direction, pour le retirer d'un geste adroit et précipité, et tester le son de l'instrument. Au même instant, Namjoon ouvre les rideaux. Les rayons du soleil, si purs, s'infiltrent partout. Quelques grains de poussière s'échappant du drap remué apparaissent à travers la lumière. Namjoon rit silencieusement, tant la beauté du soleil le subjugue. Loin de la pollution de la ville, il est plus que ce qu'il n'aurait jamais pu espérer.

Majestueux et luminescents, les rayons jouent avec le canapé, se reflètent sur le piano, les deux seuls meubles qui habitent la pièce principale. Ils les couvrent d'une couleur nouvelle, une que Namjoon n'avait jamais vue ; celle de l'espoir, celle d'un soleil délivré, d'une renaissance inespérée.

Ils s'observent.

Tu es beau.

Yoongi prend les cartons, et les répartit dans les pièces qui vont. Il n'y en a pas énormément. Deux pour la cuisine, un pour la chambre, trois pour le salon, et quatre pour le bureau de Namjoon. Celui-ci observe l'heure dans l'un des panneaux qui flottent devant ses yeux, à travers sa lentille. Ils ont encore toute la soirée devant eux, alors il décide de ne pas se précipiter, de profiter de l'instant. Il retire ses chaussures délicatement, et c'est drôle, la sensation du parquet sous ses pieds nus. Il n'avait jamais ressenti ça auparavant, ayant toujours habité dans la ville, dans ces appartements qui s'entassent sur des kilomètres, au sol de résine blanche. Sentir le bois, le vrai. Voir un piano, qui n'est pas électronique. Voir des arbres à travers les fenêtres. Et Yoongi, sourire autant. C'est comme un voyage dans le passé.

Et ça l'est encore plus, quand tu sors une platine à vinyles du premier carton, tout sourire. Prenant cet air que tu fais toujours, quand tu es plus heureux que tu avouerais l'être. J'aime te voir comme ça, tu sais. Parfois, j'aimerais te voir sourire un peu plus.

Un peu plus tard dans la soirée, quand les cartons sont déballés, ils sont assis au sol. Ils s'observent, de la musique en fond. Le soleil se couche, et Yoongi s'approche. La pièce est recouverte d'un doux voile vermeil, profond comme léger. Des yeux de satin qui se rapprochent encore et ce soleil mourant qui s'alourdit dans la salle. Tout s'assemble, jusqu'à ce que les yeux si doux de Yoongi soient juste devant ceux de Namjoon. Un peu perturbants, qui n'ont pas toujours l'air très heureux, ils sont Vrais. Il n'y a plus qu'eux, ces yeux, sans filtre, si purs. Namjoon replace une mèche de Yoongi derrière son oreille, leur bouche s'abat amoureusement l'une sur l'autre.

La pièce ocre, verdoyante, pourpre à certains endroits, et eux.

Nous.

Regarde-Moi - NamgiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant