Sans faire de gestes brusques, Scyllia leva les mains bien en évidence sans pour autant quitter l'homme des yeux. Une chose l'avait particulièrement étonnée. Comment avait-il fait pour arriver jusqu'à elle ? Il n'y avait aucune autre porte que celle d'où elle était venue et il était impossible qu'il ait pu la surprendre ainsi en passant lui aussi par là. Et pour cause, ses amis se trouvaient toujours sur le pas de la porte. Pour le moment, un simple signe discret de la main les avait dissuadés de ne pas se mêler de ça, mais ils n'étaient pas vraiment du genre patient lorsque l'un d'eux était menacé.
En balayant la pièce du regard, la prétendante trouva la réponse à la question qu'elle se posait. Derrière l'homme, une chaise à bascule tanguait encore légèrement. Il devait être assis là lorsqu'elle était entrée dans la pièce et le fait d'être focalisée sur la personne malade couplée à l'obscurité de la chambre l'avait empêchée de le remarquer.
— Je ne vous veux aucun mal, nous sommes là pour soigner cette personne, tenta-t-elle de le raisonner.
— Vous en êtes incapable ! Si je vous laisse faire, vous en ferez une morte-vivante à votre service, nécromancienne, cracha-t-il.
— Vous étiez là ce jour là... devina-t-elle.
— Jamais je n'oublierai la gamine qui a mis en échec toute une armée. Qui a fait déferler sur nous une vague d'os, de crocs et de griffes. Qui riait en détruisant des aéronefs du haut de son colosse...
— Donc tu dois soigner la femme de l'un des incapables qui ont essayé d'envahir ton royaume... Je me demande comment tu vas t'en sortir.
— Je n'avais pas le choix, argumenta-t-elle calmement. Je devais protéger mon royaume et faire en sorte qu'il y ait le moins de pertes possible des deux côtés. En contrôlant entièrement cette armée de squelette, j'ai pu leur insuffler des ordres qui n'auraient pas été respectés par des vivants. Comme le fait de mettre hors d'état de nuire mais d'éviter de tuer les opposants.
— Certains de mes amis sont quand même mort sous leurs coups. Et ils n'avaient pas choisi de se trouver ici.
— J'en suis sincèrement navrée. Presque personne ne voulait de cette guerre, d'un côté comme de l'autre...
— Et maintenant qu'elle est terminée, que j'ai réussi à m'en sortir et que je veux juste vivre en paix avec ma famille, vous venez chez moi pour continuer à me rabaisser ?
— Il est con ou il le fait exprès ? On s'en fou de toi ! On est là pour ta femme !... Mauvaise formulation, ne dis pas ça, ça pourrais prêter à confusion.
— Nous ne sommes pas là pour vous causer du tort. Nous voulons juste venir en aide à cet enfant qui est allé jusqu'à franchir les montagnes pour trouver les médicaments pour soigner sa mère.
— Quoi ? Je t'avais pourtant dit de ne pas y aller ! Tu veux te faire tuer ? hurla l'homme entre colère et sincère inquiétude.
Apeuré par la situation, l'enfant ne savait pas où se mettre. Son père disait que les personnes qu'il avait ramenées n'étaient pas dignes de confiance, mais s'il se rapprochait de lui, il était possible qu'il se prenne une gifle pour ce qu'il avait fait.
— Voilà ce que je vous propose, continua calmement Scyllia. Je tente de soigner cette personne, sans aucune magie noire, juste de la magie blanche. Vous pouvez rester et me surveiller. Si vous le souhaitez, vous pouvez même placer votre épée pour me tuer au moindre geste suspect. Je la soigne, je m'assure qu'elle va bien, puis nous repartons.
— Tu ne vas pas mettre ta vie en jeu quand même ? Cet imbécile n'est même pas capable de reconnaître un sort blanc d'un sort noir, il va te tuer dès que tes mains s'illumineront !
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Scyllia tome 6 : Shed
FantasyLa guerre contre la fédération d'Istram est terminée. Pour Scyllia, cela signifie retourner à l'académie, avec les changements liés à ce tragique événement. Cependant, s'en est terminé des cours pour elle. En entamant sa dernière année, elle doit tr...