Chapitre 19

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 Tandis que le temps s'accélérait de nouveau, Scyllia essayait de se remettre de ce qu'elle venait d'apprendre. Ouros avait insufflé à un enfant quelque chose qui provenait d'un dieu primordial. Une fille qui s'appelait Ana, ça ne pouvait pas être un coïncidence. Vu les pouvoirs extraordinaires qu'elle possédait, ce ne pouvait être que sa mère. Pourquoi avait-il fait ça et quelle était exactement cette chose qu'il lui avait faite ? Pour ces questions, la prétendante trouvait beaucoup d'hypothèses, mais ne savait pas laquelle était la bonne.

Lorsque le temps reprit son cours normal, Scyllia estima qu'il s'était écoulé une dizaine d'années. Peu à peu, elle commençait à s'habituer à ces sauts dans le temps et n'était plus aussi perdue qu'au départ.

Toujours auprès du dieu de la mort, elle était revenue dans le palais où Ouros trônait. Il était entouré de plusieurs anges qui venaient faire leur rapport où bien étaient présents pour recevoir les prochaines directives et affectations.

Finalement, ne pas accorder la rédemption aux âmes coincées dans sa ville depuis longtemps était bien la seule chose qu'il ne faisait pas. Si l'on exceptait cet aspect, le dieu de la mort était parfaitement à l'aise dans ce rôle et arrivait à trouver des solutions à chaque problème complexe que ses serviteurs apportaient.

Pendant plus d'une heure, la prétendante vit défiler les anges dans la salle du trône, jusqu'à ce qu'une personne se présente à la porte. En sentant sa présence, Ouros leva la tête et aperçut Lucius qui attendait, les bras croisés dans le dos.

— Laissez-nous, ordonna-t-il.

Sans se poser la moindre question, tous les anges sortirent de la salle du trône, puis refermèrent la lourde porte derrière eux. Le dieu de la mort et l'observateur étaient à présent seuls dans la grande pièce et aucun d'entre eu ne bougeaient.

— Approche, l'invita-t-il. Depuis le temps, tu devrais savoir que je ne mords pas.

Avec un léger sourire aux lèvres, l'observateur s'avança jusqu'à se trouver à un mètre du dieu de la mort. Lui et Scyllia savaient qu'il n'allait pas lui faire de mal, mais le sourire qu'il avait montré au moment où Ouros lui avait dit d'approcher avait été bien trop bref pour que sa présence soit signe d'une bonne nouvelle.

— Cela fait un bout de temps que nous ne nous étions pas vus. Et pourtant, tu habites littéralement au pied de mon palais.

— Entre les âmes à accueillir et la mission que tu m'a confiée, je n'ai que très peu de temps pour me balader.

— Donc, si tu es là, c'est pour me parler de tes observations, déduisit le dieu de la mort.

— Malheureusement, ta tentative s'est soldée par un échec, annonça Lucius.

Si son visage était resté neutre à l'annonce de cette nouvelle, Scyllia avait tout de même remarqué que ses mains s'étaient crispées sur l'accoudoir de son trône. Si la vision avait repris son cours normal à cet instant, ce devait être parce qu'ils parlaient de ce qu'il avait fait à sa mère des années plus tôt, devina la prétendante.

— Un échec ? Ne me dis pas que l'enfant n'a pas survécu comme pour les autres tentatives !

Les autres ? s'étonna Scyllia. Alors sa mère n'était pas la première expérience qu'il avait menée. Ses autres tentatives avaient dû être noyées dans le torrent d'informations qu'elle avait reçu lorsque le temps s'était accéléré. Au moins, cela expliquait pourquoi, dans l'orbe de destruction des vivants, seul deux lumières subsistaient. Il avait dû utiliser les autres sur d'autres enfants.

— L'enfant a survécu, mais pas votre sœur.

— Quoi ? Comment est-ce possible ?! s'exclama Ouros en se levant de son trône.

Scyllia tome 6 : ShedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant