Nous arrivâmes en début de soirée aux abords de la rivière.
Entendre les clapotis de l'eau claire sur son lit de roche polie par le temps m'avait redonné quelques forces pour presser le pas. Riza m'avait expliqué qu'un bon bain frais ne ferait pas que m'épurer de ma forte odeur, mais me nettoiera aussi de mon trop-plein d'envie et d'hormone. Du moins, temporairement.
Tandis qu'elle montait le camp et allumait le feu, je m'étais déjà délestée de son équipement, et installée en bordure du fleuve. Je n'avais jamais autant marché de ma vie que depuis ces derniers jours, alors, lorsque je trempai mes pieds dans la fraicheur de la rivière, ce fut comme un massage que je n'attendais plus. Je me passai de l'eau progressivement sur moi, frissonnant plaisamment à chaque fois. Lentement mais sûrement, j'avançai jusqu'à ce que seule ma tête dépassa de l'eau. Je restai tout de même là où j'avais pied.
– Pense à bien te rafraichir, même dans les endroits... Les moins pratiques, dit Riza depuis la rive.
– Oui, m'man ! balançai-je en roulant des yeux.
Elle éclata de rire, puis reprit bien des railleries, aimant toujours avoir le mot de la fin. Elle n'avait peut-être pas tort lorsqu'elle disait que je finirais comme elle, cela dit.
Quoi qu'il en fut, et malgré son ton irritant, tout ce qu'elle m'avait dit jusqu'à présent était vrai. Le courant emportait avec lui la brume de mon esprit. Je me sentais plus fraîche à chaque instant passant, comme une ivrogne avalant un broc d'eau entier un lendemain de grande biture, quand bien même je n'avais jamais bu d'aclool.
Je me massais agréablement tout le corps, insistant sur les parties les plus délicate de mon corps, quand une main m'agrippa fermement par derrière. Je senti une fine lame se glisser contre ma gorge, tout en étant retenue, collée, contre mon assaillante. Celle-ci ricana en me voyant tendu.
– P-Pourquoi ? Vous m'avez fait peur ! m'exclamai-je.
J'avais compris qu'il s'agissait de Riza, je m'inquiétai cependant de la raison de son geste. Allait-elle à nouveau me malmener ? Déjà ?
– Ce-ce n'est pas amusant. Arrêtez de pointer vos armes...
– Une arme ? Ce petit coupe-chou ? Nah, rassure-toi, ce n'est pas pour te blesser. Maintenant que je suis sûre que tu vas un peu mieux, on va pouvoir te faire passer dans le monde des grandes. Et dans ce monde, les délinquantes ont certaines punitions. Si je résume correctement, nous avons une fuyarde doublé d'une pucelle, ça coute beaucoup en fourrure, ça.
Je jetai un regard vers elle par-dessus mon épaule ; elle était souriante, mais bien sérieuse. Elle faisait naturellement allusion à la tonte, la peine la plus courante pour remettre quelqu'un dans le droit chemin. Ma mère me l'avait expliqué lorsque, petite, j'avais vu une femme de passage avec les bras rasés. C'était ainsi qu'une voleuse pouvait redevenir libre.
Riza voulait donc me mettre à peau découverte sur les jambes et sur le corps. Les unes étaient pour qu'une fille en fuite ne pût cacher une marque ou sa couardise, l'autre pour exacerber la sensibilité charnelle. Il paraissait même que certain mâle singuliers aimaient cela.
– Et si on essayait... un rafraichissement total, dit-elle après avoir déjà commencé dans mon dos.
J'attrapai son poignet fermement et lui jetai un regard noir, même si mon anxiété transpirait.
– Je ne suis pas une... une... meurtrière !
Mon bras tremblait, mais je réussi à ne pas la lâcher quand elle essaya de reprendre son affaire. Me voyant à nouveau au bord de la panique, elle soupira, les sourcils levés, et accepta de calmer le jeu.
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La guerrière aux yeux-coeur
Fantasía*** Avertissement : Ceci est une dark fantasy, un monde dépeint dans tous ces détails crues, violents et sexuels. Lecteurs avertis. *** La guerre purgatrice nous a laissée au bord de l'extinction, avec une malédiction dans notre sang. La guerre li...