Partie 2 - 8 : Vol

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On passe finalement à l'étape du vol de patü, comme le laisse supposer le titre du chapitre (et non, nos héros ne vont pas déployer leurs ailes dans ce chapitre, désolée de vous décevoir :D)

Point de vue de Lise

Le lendemain, je fus réveillée par Anna, qui entra dans ma chambre. Le grincement de la porte suffit à me tirer du sommeil.

– Lise ? fit-elle doucement afin de savoir si j'étais réveillée.

Je me redressai.

– Moui ?

Elle s'assit sur le bord de mon lit et demanda :

– Tu veux bien nous aider ?

Je soupirai. Comment refuser après ce que m'avait confié Loreï ? Et puis, nous ne risquions pas grand-chose. Au moindre problème, il suffisait de nous téléporter.

– Oui, j'accepte de vous accompagner.

Elle me regarda avec surprise.

– Oh ? Eh bien... Tant mieux.

– Ranga est toujours contre ? demandai-je.

– J'imagine... Je ne lui ai pas adressé la parole depuis hier. Mais il n'y a aucune raison pour qu'il ait changé d'avis. Et puis, il vaut mieux le laisser seul quelques temps.

J'hochai la tête.

– Bon, je vais réveiller Loreï. Rendez-vous en bas ?

J'acquiesçai une nouvelle fois. Anna sortit. Je me levai et descendis les escaliers.

En bas, je ne trouvai pas l'aubergiste de la veille. Une femme à l'allure sévère l'avait remplacé derrière le comptoir.

Peu de temps après, Anna et Loreï me rejoignirent. Nous quittâmes l'auberge et Loreï prit la tête de notre petit groupe. Il nous conduisit vers le bâtiment le plus grand de la ville, une espèce de petit château peu protégé. Là, nous attendîmes.

– Elle a l'habitude de faire ses emplettes le matin, pour éviter la foule, nous raconta Loreï.

Le jeune homme avait l'air tendu. Je le comprenais.

Nous attendîmes un long moment, durant lequel je me concentrai sur les brins d'herbe rousse qui jaillissaient entre deux pavés de la rue.

Enfin, une femme sortit. Je reconnus immédiatement la mère du passé qui torturait son fils. Son visage s'était creusé, mais elle avait toujours le même regard froid et blasé.

C'était à moi de jouer. Je me concentrai, mais les premiers temps je ne réussis pas à créer un lien télépathique. Puis, j'écartai mes sentiments, ne pensai à rien à part ce lien que je voulais créer. J'y parvins finalement.

Désormais, il s'agissait d'entrer dans sa tête pour fouiller ses souvenirs. Mais elle était déjà trop loin. Pour réussir quelque chose d'aussi complexe, il me fallait généralement avoir la personne devant moi. Et, si possible, immobile.

– Il faut la suivre, chuchotai-je à Anna et Loreï.

Nous nous déplaçâmes discrètement jusqu'à ce qu'elle s'arrête devant une boutique. Elle y entra et je la suivis. Anna et Loreï restèrent à l'arrière. Il s'agissait d'une boutique de fruits. Elle était très petite et ne contenait que moi, la mère de Loreï et le marchand. L'atmosphère était sombre.

Je me mis dans un coin et fermai les yeux. Je visualisai le lien qui nous liait, cette femme et moi. Telle un funambule, je m'engageai sur ce fil ténu et j'arrivai à pénétrer dans sa tête. C'était une impression étrange. C'était la première fois que j'entrai dans la tête d'une parfaite inconnue. Souhaitant vite regagner mon corps, je me mis à fouiller indélicatement dans ses souvenirs l'endroit où était entreposée sa patü.

Dès que j'eus l'information, je quittai sa tête. J'ouvris les yeux dans un sursaut. La mère de Loreï était dos à moi. Elle discutait avec le marchand. Soudain, elle tourna les talons et quitta la boutique. Sans rien acheter.

– Madame ? appela le marchand.

Je secouai la tête et balbutiai :

– Ça ne m-m'intéresse pas.

Je quittai précipitamment la boutique. Dès que je fus dehors, Anna et Loreï s'empressèrent de demander en chœur :

– Alors ?

– Je sais où se trouve la patü, affirmai-je.

– Vite, dépêchons-nous avant qu'elle ne revienne ! s'écria Loreï.

Nous nous mîmes rapidement en route pour la grande maison aperçue précédemment. Nous en fîmes le tour, puis décidâmes d'utiliser la lévitation d'Anna pour passer au-dessus de la clôture. Nous pénétrâmes dans la maison.

– Faîtes attention, il y a quelques gardes, nous prévint Loreï.

Je me demandai dans quelle famille Loreï était né. Quel genre de personne avait des gardes pour protéger sa maison, qui plus est la plus grande maison de la ville ?

Mais je ne posai pas la question tout de suite. Il nous fallait faire preuve de discrétion.

Je pris la tête de notre groupe. Je montai un escalier, tournai à un couloir. Soudain, je m'arrêtai à l'arête d'un mur. D'après les souvenirs de la mère de Loreï, il y avait un garde dans le couloir qui menait à la pièce où était entreposée la patü.

Je vérifiai discrètement. Un homme était bien présent. Comment faire pour s'en débarrasser ?

Je regardai désespérément mes compagnons. Ils avaient compris la situation.

– Je sais, chuchotai-je. Il me faut un objet à lancer.

Le regard d'Anna s'illumina. Elle avait compris. Elle fit apparaître un couteau, hésita un instant, puis me le passa. Je leur fis de discrets signes pour qu'ils aillent se cacher, puis je jetai le couteau le plus loin possible devant moi. Je m'empressai d'aller rejoindre Anna et Loreï, tandis que j'entendis le couteau rebondir sur un objet en métal. Ça ne fit pas tant de bruit que ça, mais le garde entendit et quitta son poste pour aller voir. Aussitôt, nous nous précipitâmes dans le couloir où il se tenait et ouvrîmes la porte derrière laquelle se trouvait la patü. Nous refermâmes avec précaution.

La salle dans laquelle nous nous trouvions était vaste. C'était – semblait-il – une salle de bal. Une estrade était installée contre un mur.

Mes compagnons eurent du mal à se rendre compte de l'endroit où se trouvait la patü. Mais moi, je me rendis résolument vers la paroi où elle était accrochée. À travers la pièce, plusieurs armes étaient fixées aux murs. Je décrochai la patü.

– Allons-y, on peut partir, décidai-je.

Nous quittâmes la pièce.

Mais nous avions oublié une chose.

Le garde que nous avions attiré ailleurs avec le couteau.

Il était revenu devant la porte.

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