Partie 2 - 9 : Affrontements

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Désolée, je suis en retard d'un jour sur la publication de ce chapitre ^^ Il est d'ailleurs assez important et dévoile un grand pan de la culture ilienne :3


Point de vue de Lise

Nous restâmes sidérés un instant, puis le garde pointa son espèce d'épée sur nous et nous ordonna de ne pas bouger. Il nous demanda aussi de lui rendre la patü volée. Loreï la cacha dans un pli et le garde commença à s'énerver. Il avait aussi l'air un peu effrayé par le fait que Loreï soit magicien. Soudain, un bruit de porte retentit. Le garde nous fit avancer puis redescendre les escaliers. En bas, la mère de Loreï était revenue.

– J'ai surpris ces voleurs, madame, fit nerveusement le garde.

Elle nous accorda à peine un regard et ordonna d'une voix froide :

– Tue-les.

Elle quitta le hall d'entrée, nous laissant seuls avec ce garde qui voulait notre peau.

Soudain, il se mit à foncer sur nous, épée en avant. Nous nous écartâmes précipitamment.

– Loreï, la patü ! m'exclamai-je.

Loreï fit surgir la patü mais n'attaqua pas tout de suite.

– Et mince ! Je n'ai même pas mon couteau ! jura Anna.

Le garde sembla décider que Loreï était la plus grande menace du groupe, et il se précipita vers lui. Mais le jeune homme ne bougeait pas, les yeux fixés sur l'arme qu'il tenait entre ses mains.

– Loreï, défends-toi ! m'exclamai-je, désespérée.

Grâce à mon cri, Loreï arriva à parer un coup d'épée avec sa patü. Il arriva à repousser le garde qui revint à la charge. Mais le duel était inégal. D'un côté, on avait un garde expérimenté, avec une arme faite pour les duels. De l'autre côté, il y avait un jeune homme qui tenait pour la première fois une patü et semblait rechigner à blesser son adversaire. Anna et moi ne pouvions rien faire, n'étant pas armées.

Soudain, le garde arriva à mettre Loreï à terre. La patü glissa loin de lui. J'essayai d'aller la récupérer, mais le garde m'en empêcha :

– Un pas de plus, et il meurt...

Tout à coup, Anna tendit ses bras en avant. Une lumière mauve fusa et toucha le garde, qui se transforma en statue de pierre grise. Puis, il se dispersa en une myriade de grains gris, semblables à de la cendre. Loreï en fut recouvert. Choqué, il s'extirpa de la masse grise et balbutia :

– C'était quoi, ça ?

– Tu ne lui as jamais parlé de ton pouvoir ? m'étonnai-je.

Anna secoua la tête.

– Désolée de ne pas l'avoir utilisé avant.

– Désolée ? répéta Loreï. Mais tu n'aurais pas dû l'utiliser tout court !

– Tu serais mort, se justifia Anna d'une voix douce.

– Eh bien peut-être qu'il aurait mieux fallu ! s'emporta Loreï.

– Écoute, tenta de le convaincre Anna, tu préfères que trois personnes que tu connais bien meurent ou qu'une personne que tu connais mal meurt ?

– Ce n'est pas une question de mort, Anna ! s'énerva Loreï. C'est une question de façon de mourir.

– Comment ça ? l'interrogeai-je.

– Il n'y a pas de corps ! fit Loreï comme une évidence.

Je m'apprêtai à renchérir, mais Anna me coupa :

– Peu importe, on parlera de cela plus tard. Il faut sortir.

Loreï rangea la patü dans un pli. Nous quittâmes la maison. Anna utilisa à nouveau la lévitation sur nous pour passer au-dessus de la haie, puis nous prîmes le chemin de l'auberge.

Tout à coup, alors que nous prenions une rue déserte, un homme déboula. Il semblait poursuivi. Nous étions sur son passage. Il s'arrêta devant nous.

Il était grand et mince, et portait une robe et une cape noires. Sa capuche s'était enlevée pendant sa course, et nous distinguions son visage. Une barbe de trois jours recouvrait son menton, ses yeux rouges effrayaient. Il glissa une petite coupe métallique dans la poche de sa cape, et dégaina son épée à sa ceinture.

– Vous avez vu mon visage. Vous devez donc mourir, déclara-t-il en arborant un sourire carnassier.

Cet adversaire-là semblait plus coriace, et Anna paraissait ne plus avoir envie d'utiliser son pouvoir meurtrier. Loreï n'avait toujours pas fait apparaître la patü. Mes techniques de self-défense acquises auprès de Guillaume ne me servaient à rien contre un épéiste.

Je respirai calmement, essayant de calmer mon rythme cardiaque. Nous allions gagner. Nous étions trois contre un.

L'épéiste s'élança. Je me jetai au sol. Je tentai un croche-pied. Mais il pointa sa lame sur mon pied. Je repliai vite ma jambe vers moi. Je me relevai rapidement. Il s'élança à nouveau. Son regard était planté dans mes yeux. Je savais ce qu'il allait faire. Quel que soit le côté où j'allais, il me découperait. Je restai indécise, campée dans ma position. Où aller ? Je ne pourrai pas esquiver. Je me jetai vers la droite, pied en avant. Ma botte allait heurter son épée, qui ne m'entaillerait pas trop. L'épée découpa ma chaussure. La lame atteignit mon pied. Je tombai lourdement au sol, sur le dos. J'entendis le cri de douleur de l'homme.

Je restai quelques secondes allongée, le temps que la douleur s'estompe un peu. J'avais le pied en sang.

Enfin, je me redressai en position assise. Loreï se tenait debout, la patü ensanglantée dans la main. Son adversaire était à terre, agonisant. Plusieurs plaies béantes laissaient échapper quantité de sang. Loreï abaissa une dernière fois l'arme, tranchant la tête de l'homme.

Je n'étais pas spécialement dégoûtée par le sang, mais on ne pouvait pas nier le caractère extrêmement gore de la scène.

– Tu préfères cette façon de mourir ? fis-je machinalement à Loreï.

Il ne me répondit pas et se rendit compte de ce qu'il venait de faire.

– Je viens de tuer quelqu'un, déclara-t-il d'une voix blanche.

– Il allait nous tuer, le rassurai-je.

Anna s'agenouilla près de moi :

– Ça va ? Tu peux marcher ? s'inquiéta-t-elle.

– Pas vraiment, grimaçai-je. À moins de rentrer à l'auberge à cloche-pied...

Mais même ça me serait difficile. La douleur était trop intense. Du sang s'écoulait abondamment de ma blessure. J'avais beau attendre, le débit ne diminuait pas. Bientôt, mes forces s'amenuisèrent.

Soudain, Loreï fixa quelque chose dans le ciel, les yeux ronds et la bouche bée. Je tournai la tête.

– Écartez-vous du corps ! s'écria-t-il.

Je reportai mon attention sur ce qu'il se passait ici, sans avoir aperçu ce que Loreï avait contemplé avec surprise.

Je m'écartai de l'homme mort tant bien que mal, tout en essayant de me tourner pour regarder la direction que scrutait Loreï. Je vis alors un gigantesque oiseau qui arrivait droit vers nous. Il se posa majestueusement. Il était majoritairement bleu, mais sa tête et son ventre étaient verts et le bout de ses ailes et sa queue étaient rouges. Ses grands yeux bleus brillaient d'intelligence, mais ne regardaient que le cadavre.

Loreï fit disparaître sa patü et se mit à plat ventre, regardant l'animal avec admiration.

– À terre ! nous signifia-t-il.

Je ne pouvais pas me mettre dans la même position que lui, mon pied me faisait trop souffrir et je n'en voyais pas la raison.

L'oiseau encra ses yeux dans ceux de Loreï, et ce dernier les écarquilla de surprise.

Soudain, l'animal reporta son attention sur le cadavre et se mit à le manger. Écœurée, je détournai le regard. Je ne comprenais pas. Loreï semblait presque vénérer cet oiseau nécrophage.

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