Partie 3 - 9 : Ôpaka

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Dans ce chapitre, on rencontre un nouveau personnage, qui va avoir plus ou moins la même importance que Loreï et Ranga par la suite ^^


Point de vue d'Anna

En chemin, nous vîmes une multitude de magiciens. Je fus surprise par leur uniformité : même s'ils ne se ressemblaient pas trait pour trait, ils étaient tous très beaux. Loin de me rassurer, cette similitude m'inquiétait. Elle signifiait un manque d'opinion, et c'était triste à constater. De plus, tous les magiciens que je croisais arboraient de riches parures qu'ils mettaient bien en valeur. Que ce soit des colliers, des bracelets ou des broches, ils se pavanaient avec en faisant en sorte qu'on ne puisse ignorer l'éclat particulier des métaux précieux.

Seules quelques personnes ne possédaient pas ce visage harmonieux et cette attitude royale. Ces magiciens-là n'avaient pas l'air assurés et baissaient la tête lorsqu'ils arpentaient le camp. Car ici, il s'agissait bien d'un camp, et militaire de surcroit. J'avais tendance à l'oublier. Tout le monde ici se préparait à la guerre, même si la plupart n'avaient pas l'air faits pour ça. Je ne vis personne sourire.

Nous arrivâmes à nos tentes.

Étant les disciples de l'ange la plus importante du royaume, nous avions un habitat assez luxueux. Nous partagions quand même le même lieu de vie, à trois (Ranga allait nous rejoindre après, il était avec sa famille). Apparemment, une femme pouvait habiter avec deux hommes. Ça me gênait, d'autant plus que Loreï était en couple.

D'ailleurs, ça devait être dur lui, de quitter son copain pour s'engager dans cette guerre. Mais après tout, ce n'est pas comme s'il l'avait décidé... Je ne voulais pas parler en son nom, mais moi je ne serais pas allé combattre contre Lise si j'avais eu le choix. J'imaginais que ça devait être là même chose pour lui.

Souhaitant démarrer une conversation, je lui lançai :

– Dis, c'est pas trop compliqué pour toi, de ne pas revoir Eyran pendant si longtemps ?

Loreï prit une chaise et s'assit dessus. Il regarda le plafond, pensif, puis déclara d'un ton détaché :

– Tant que c'est pour la bonne cause, il ne m'en voudra pas. Il savait qu'en tant qu'apprenti de Nivôse, je pourrais être amené à effectuer une mission pour le royaume.

Cette réponse rompit quelque chose. Je me rendis compte que je n'appréciais plus Loreï. Je n'avais jamais été très proche de lui. Au début, il restait toujours avec Nivôse et nos seuls contacts étaient de petits sourires gênés. Ensuite, il m'en a voulu pour la façon dont j'ai tué le garde de sa mère. Et désormais, il était trop... ou plutôt pas assez... Je ne savais pas vraiment comment l'exprimer. Disons que nous avions une trop grande divergence d'opinion.

Lorsque je m'en rendis compte, je résolus de changer ça. Nous étions tous deux apprentis du même ange, et à l'aube d'une guerre. Notre mésentente pourrait nous porter préjudice. J'essayai de résoudre le problème en en parlant :

– Loreï... Je trouve que tu as changé depuis que tu as vu le dieu.

– Tu trouves ? s'enquit-il. C'est vrai que je me sens mieux, plus confiant.

– Je veux dire... Dans le sens négatif du terme.

Il me regarda, l'air blessé dans son ego. Pourtant, il n'avait jamais semblé en avoir beaucoup.

– Disons... qu'on ne partage plus les mêmes valeurs, hésitai-je.

– Je confirme, fit-il en me regardant avec mépris.

Cela m'énerva. J'essayais de résoudre cette tension qui s'était installée, et lui m'envoyait dans les roses ! Alors que je tendais la main dans sa direction, lui me giflais ! S'il ne voulait pas faire d'effort, et bien tant pis ! Je n'en ferai pas non plus.

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