Chapitre 5

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Iqaluit, Nunavut, 25 mai 2050

Depuis 5 jours, il était interdit d'utiliser tout ce qui fonctionnait à l'essence. Depuis 5 jours, la nourriture était rationnée. Le gouvernement avait tenu ses promesses: il avait envoyé de la nourriture à Iqaluit et avait contribué à la plantation de millions d'arbres. Tout cela pouvait donner l'illusion que tout allait bien à Iqaluit, mais c'était loin d'être la vérité. 

Les glaciers de l'étendue d'eau qui bordait Iqaluit avaient continué à fondre à un rythme fou. Quelques jours plus tôt, personne n'avait réalisé que la température était beaucoup trop élevée pour ce temps de l'année, mais elle l'était. La température était d'au moins 10 degrés de plus que la normale de mai, ce qui avait fait fondre les glaciers plus rapidement qu'auparavant et inondé le parc national. Les scientifiques avaient réalisé que le changement climatique était la cause des inondations lorsqu'ils avaient vu que les températures enregistrées pour Iqaluit était extrêmement élevée depuis une semaine déjà, même si personne n'avait réalisé cela pendant que c'était en cours. Les gens étaient plus préoccupés par la chasse aux phoques qui s'avérait difficile puisque les phoques étaient en disparation depuis des années parce que leur habitat disparaissait. Ils n'avaient donc pas constaté que la température était vraiment anormale. 

Cette annonce avait produit l'effet d'une bombe partout dans le monde. Si la température augmentait soudainement dans un endroit Arctique, qu'allait-il arriver si cela se produisait dans une zone tropicale. Tout le monde se doutait que ce n'allait pas être un évènement isolé. Le réchauffement climatique allait vraiment détruire la planète et ses êtres vivants, tout comme l'avait prédit la grand-mère de Shila.

Les habitants, eux, allaient aussi mal que la planète. Le rationnement de la nourriture avait considérablement réduit la quantité que les gens mangeaient. Tout le monde avait faim. Mis à part des billets de rationnement, les habitants d'Iqaluit pouvaient se procurer de la nourriture à l'épicerie en payant, mais la nourriture, qui était déjà extrêmement chère avant, l'était encore plus maintenant. Ceux qui pouvaient en acheter avaient fait des réserves, ce qui voulait dire qu'il ne restait plus beaucoup d'aliments dans les épiceries. Encore là, les inégalités sociales entre les pauvres et les riches étaient amplifiées, et c'était la différence entre leur survie et leur mort. Les plus pauvres de la population étaient au bord de la famine parce que les rations du gouvernement étaient très maigres. D'autres moins fortunés s'étaient résolus à voler des denrées aux autres pour survivre. Toute cette communauté qui était pourtant si unie avant semblait s'être déchirée en mille morceaux. On ne pouvait plus y compter sur personne. 

Pendant que la population s'entredéchirait, l'eau du parc inondée continuait de progresser vers le cœur de la ville. Les digues érigées au début des inondations n'avaient pas réussi à retenir l'eau. Elle allait déborder d'une minute à l'autre sur Akilliq Drive, la rue dans laquelle résidait Shila et sa famille. 

Les autorités durent annoncer aux Ublureak, la famille de Shila, qu'ils devaient évacuer leur domicile sur-le-champ et très certainement de façon permanente. 

-Où allons-nous aller? S'enquit nerveusement Shila au soldat qui venait de leur annoncer leur évacuation.  

Elle était très effrayée. Quelques jours plus tôt, elle n'avait jamais pensé en arriver là. Le monde semblait s'écrouler autour d'elle. Devoir quitter sa maison pour toujours. Elle ne pensait pas en être capable, c'était trop dur, mais elle n'avait pas le choix.

Le soldat lui offrit un sourire compatissant et lui expliqua que des camps avaient été installés à l'autre extrémité de la ville. Il allait y avoir de la nourriture et des tentes, mais il fallait y marcher. 

Juste la fin du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant