42- Ouvre moi !

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— Ali, ouvre-moi !

— T’es sorti ?

— Yep. J’avais cru entendre du bruit.

— C’était la pluie, le bruit.

— Non.

— Non ?

— Non, c’était pas la pluie.

— Détaille. T’en avais pas l’autorisation.
— Je l’ai prise, l’autorisation.

— ...

— Oh, ça va. T’aurais fait pareil.

— Mettre en danger toute la base en sortant dehors ? Je crois pas.

— La base, c’est juste nous deux, Ali.

— Nous deux et Ben.

— Depuis quand on compte les cadavres ?

— Il est pas mort et tu le sais.

— Il est dans un frigo et son cœur bat plus. Il est mort. Va falloir t’y faire.

— ...
— Tu fais la gueule ?

— Pourquoi t’es sorti ?

— Je suis sorti parce que j’ai entendu du bruit.

— Et ?

— Et... C’est compliqué à décrire.

— On va donc simplifier. Si tu me donnes pas les détails, je déverrouille pas le sas.

— Tu me laisserais crever là ?

— Tu tiendras quelques jours.

— T’as un souci, Ali.

— Il y avait quoi dehors ?

— Pas que de la pluie. Il y avait... un truc.

— Un truc ?

— Un truc. Il bougeait
.
— Sous la pluie ?

— Yep.

— T’es pas obligé d’inventer des histoires, tu sais.

— J’invente rien. J’ai vu un truc sous la pluie.

— Rien ne peut survivre sous la pluie. Et tu le sais.

— Oui, bah, il y avait un truc. Il se déplaçait.

— Décris-le-moi, ce truc.

— Je l’ai pas très bien vu.

— Parfait. Tu rentres pas.

— Sois pas vache.

— Décris-moi le truc.

— Je l’ai mal vu, je te dis ! C’est pas compliqué à comprendre, si ?

— Donc aussi bien, il y avait rien ?

— Peut-être. Je sais plus.

— Il y a quelques secondes, t’étais assez sûr de toi.

— Il y a quelques secondes, tu menaçais pas de me laisser dans le sas.

— Donc tu changes ta version pour que je te laisse entrer.

— Ali, ouvre cette porte !

— Quand tu m’auras dit ce que t’as vu.

— Bon... Ça se déplaçait sur ses pattes arrière.

— C’était un animal ?

— Ça en avait l’air. En tout cas, on sait que les humains survivent pas à la flotte. Regarde Ben.

— On sait rien sur l’état de Ben.

— À part le fait qu’il est mort ?

— Tu changes de sujet.

— Oui, bon. Ton truc, il était peut-être animal. J’en sais rien. En tout cas, il se tenait sur ses jambes... ses pattes arrière. Enfin, tu vois.

— Jo, ça n’a aucun sens.

— Non. Mais ce qui aurait du sens, c’est que tu m’ouvres et qu’on en parle de vive voix.

— ...

— Ali ?

— Pourquoi la vidéo du sas est coupée ?

— Comment tu veux que je le sache ?

— T’es à l’intérieur. Tu devrais.

— Ali, j’en ai un peu marre. En plus, ça caille ici. Laisse-moi entrer.

— Non. Ce truc qui se tenait sur deux pattes, il faisait quoi ?

— Il... il avançait.

— Vers où ?

— Vers nous.

— Vers nous ? Et tu le mentionnes que maintenant ?

— Faut croire. Tu me laisses entrer ?

— T’as refermé la porte ?

— ...

— Jo, est-ce que t’as refermé la porte ?

— ...

— Jo ?

— Bien sûr que je l’ai refermée. Tu me prends pour qui ?

— Alors, pourquoi elle est marquée comme ouverte ?

— J’en sais rien. Sûrement un souci sur ta console.

— Jo ?

— ...

— Jo ? T’es toujours là ?

— Oui, toujours là. Ouvre-moi.

— Je peux pas. Le protocole...

— Bordel, Ali ! Ouvre ce putain de sas !

— ...

— Ali ?

— Jo, depuis combien de temps on est là ?

— Quoi ?

— Depuis combien de temps ?

— J’en sais rien ! Un bon bout de temps. C’est le bon moment pour en parler ?

— C’est le meilleur moment. Combien de temps ?

— Assez. Ouvre-moi !

— Elle est pas compliquée, ma question.

— J’en sais rien ! Deux ans ?

— ...

— Ali ?

— ...

— Ouvre-moi la porte, Ali.

— T’es toujours dans le sas ?

— Où veux-tu que je sois sinon ?

— Parce que j’ai une caméra qui s’est rallumée.

— Et... ?

— Et elle montre le dehors.

— Ali, j’ai froid.

— Et dehors, il y a un corps.

— Ouvre-moi.

C’est ton corps, Jo.

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