II

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"Bon sang, mais qu'est-ce qui ne vas pas chez moi ? s'écria Ana avant d'éclater en sanglot. Elle resta assise sur la cuvette pendant plusieurs minutes à observer son reflet dans le miroir. Ses larmes brulantes glissaient le long de sa joue, un rayon de soleil oblique éclairait son visage. Elle se sentait démunie, inutile, elle n'avait plus de force de se relever.

La porte d'entrée s'ouvrit, puis se referma. A présent, elle entendit des pas lourds se rapprocher. Elle s'empressa de nettoyer son visage avec de l'eau tiède.

La voix enjouée de son mari résonna dans toute la pièce :

« –Mon amour, tu es la ?

–Oui, j'arrive tout de suite, je...je finis de me laver. »

Elle avait eu du mal à parler mais espérait qu'il ne s'en était pas rendu compte. Les pas s'éloignèrent. Elle resta encore quelques minutes avant de sortir discrètement de la salle de bain. Alors qu'elle avançait vers la salle de vie, elle commença à penser à plusieurs choses qui lui remontaient toujours le moral. « C'est normal, se dit-elle, toutes les femmes sont passée par là, c'est une étape dans la vie, rien de plus. »

Loïc revenait du marché et il rangeait les provisions dans le frigo. Il n'avait pas encore remarqué que Ana se trouvait derrière lui. Elle ne bougeait pas et rester silencieuse à l'observer.

« –C'est une pagaille pas possible en ville, cria Loïc dans l'espoir d'être entendu. Tu aurais dû voir tous ces politiques à la con ! Ils paradent dans les rues devant leurs stupides journalistes, ils ne peuvent pas nous foutre la paix ? »

Ana ne disait toujours rien, elle faisait de son mieux pour rester impassible et positiver mais aujourd'hui, elle n'y arrivait pas, c'était plus fort qu'elle, comme si quelque chose avait changé, qu'elle pouvait bien se répéter ces litanies pendant des mois sans que rien ne change. En ce moment précis, elle aurait aimé être une infime poussière, que personne ne la remarque. Elle sentit à nouveau que ces joues étaient humides.

« Pauvre Emile, continua Loïc, si t'avais vu la gueule qu'il tirait, totalement débordé avec toute ces maudites... Ben qu'est-ce que tu as mon amour ? » Il venait tout juste de se retourner et aperçut Ana qui se tenait derrière lui, se tordant les poignets. Il déposa la brique de lait qu'il tenait dans la main et s'approcha d'elle a toute vitesse. Ana enfoui son visage entre le creux de son épaule. Tout en continuant de sangloter. Loïc, fronçait les sourcils, le regard grave. Il caressait son épaule, n'osant plus parler, priant pour que rien de grave ne soit arrivé.

Il finit par la saisir délicatement par la taille et la poussa légèrement face à lui. Ses yeux étaient rouges, ses paupières gonflées, elle ne pleurait presque plus. Il partit lui chercher un mouchoir et ils allèrent s'asseoir sur le sofa.

Loïc attendait sans rien dire tout en lui caressant la jambe.

'– Que se passe-t-il mon cœur ?

Ana n'osait pas lever la tête. Il continuait de la dévisager si bien qu'elle se sentit obligée de parler :

« – j'en peux plus, je te jure, j'n'y arrive pas.

– Comment ça ?

– C'est encore négatif, j'abandonne.

– Négatif ? rétorqua Loïc en fronçant les sourcils avant de comprendre de quoi il s'agissait. Mon amour, je ne veux pas que tu te mettes autant de pression ! Il se leva avec prompt et commença à marcher de long en large dans le salon. Ça finira par arriver ! Je te le promets. Ce n'est pas facile pour moi non plus, tu sais ! Mais je m'accroche.' Intérieurement, il était rassuré. Il l'enlaça tendrement tout en lui caressant le dos. »

MATHILDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant