Opale
La forêt de Céladon entourait Opale. Les arbres étaient penchés sur elle, les branches jetaient une ombre effrayante si bien qu'ils ressemblaient à des bras prêts à l'attraper et à l'emmener avec elles. Les oiseaux chantonnaient une douce mélodie, sifflant pour se répondre les uns aux autres, ils étaient posés sur leur perchoir de chaque côté d'Opale, si bien qu'à ses oreilles cette mélodie ressemblait à un match de ping-pong. Le lac en face duquel elle se trouvait reflétait la lumière du soleil couchant. Il faisait froid en cette fin d'automne mais son manteau blanc à fourrure gris noir lui tenait chaud. Malgré le sol trempé, elle restait assise sur le ponton à regarder son image dansée dans l'eau clair.
Sa peau pâle faisait ressortir ses yeux vairons, à droite argent et à gauche or, ses longs cils noirs touchaient presque ses sourcils et ses joues étaient rosé par la température extérieure. Ses cheveux blancs aux reflets argenté étaient la risés du palais, ils étaient pourtant magnifique attaché en tresse le long de son dos, des mèches s'en échappant légèrement à cause de la course folle qu'elle venait de faire une heure plus tôt. Son corps était parfait quoiqu'un peu trop maigre et bleuit. Et ses habits qu'elle tenait de sa mère étaient abîmés par le temps et les épreuves qu'elle devait supporter. Il faut dire qu'elle était belle pour une servante venant des sous-sols du château. De ce qu'on lui avait dit, elle ne ressemblait à aucun de ses parents, qui d'après sa majesté étaient mort dans un terrible accident. Lequel ? Elle ne le savait pas, il n'a jamais voulu le lui dire. Il l'avait recueilli à l'âge de ses 2 ans et l'avait éduqué comme son propre enfant jusqu'à ses 10 ans. Elle aurait peut-être dû s'en réjouir seulement elle ne le pouvait pas.
Pourquoi ?
Parce que lorsque le fils du roi perdit sa propre mère, il partit. Et c'est à ce moment que sa majesté changea en mal. Il ne buvait pas, non, il faisait vivre un enfer à Opale en la frappant lorsqu'il en avait l'occasion, en la faisant travailler jusqu'à ce qu'elle tombe de fatigue ou de douleur. Malgré les jours difficiles, elle commençait à s'y habituer. Même si son corps était endolori et couvert de marques bleuté elle se sentait redevable envers cet homme qui l'avait accueilli il y a de cela presque seize années.
Le temps s'obscurcit, le soleil venait de disparaître derrière les arbres et des nuages noir venaient d'apparaitre dans le ciel prévoyant un orage dans la nuit. Le vent commença à souffler plus fort. Opale se leva et frotta ses mains contre sa légère robe grise usé afin d'enlever le mélange d'eau et de terre du sol auquel elle avait pris appuie. Il était temps de rentrer sa pause devait être fini depuis quelques minutes déjà et le temps de retourner au palais elle espérait que le roi n'aurait pas remarqué sa longue absence.
Elle se tourna vers la forêt et se mit à courir, ses jambes lui faisant mal tant elle manquait de force. Elle ne mangeait pas suffisamment, les servants n'avaient pas le droit à plus de nourriture qu'un petit bout de pain et un fruit ou deux. C'était la règle, ils étaient obligés de laisser leur part au roi et à sa fille. Opale ne se plaignait pas, elle avait une chambre plus grande que celles des autres, bien qu'elle sût que c'était pour mieux cacher le roi lorsqu'il venait la battre. Après avoir traversé la forêt, elle s'arrêta devant la partie du muret abîmé. Cette partie devait avoir été touché par une bombe lors de la bataille d'il y a une trentaine d'année car elle était moins haute et très arrondi. C'était le seul endroit qui donnait accès à l'extérieur, le reste étant surveillé toute la journée par des gardes.
Elle agrippa ses mains à de petites pierres ressortant du mur puis poussa sur ses pieds pour pouvoir attraper la partie supérieure menant à l'intérieur de l'enceinte. Une fois les mains bien posées, elle se leva à la force de ses bras. C'était difficile et ses muscles la brûlait mais elle y arriva. Elle sauta et atterrit sur ses jambes. Le choc lui remonta jusqu'aux genoux, la faisant s'accroupir et serrer les dents pour ne pas laisser sortir un cri. Elle se mordit la langue le temps que la douleur passe puis regarda autour d'elle pour être sûr que personne ne l'avait vu passer par là.
La cour du château était jolie à voir, il y avait un chemin en gravier beige qui menait à une fontaine puis au palais. Les plantes fanées donnaient un très beau décor au printemps et les arbres à fruits étaient dispersés un peu partout près des murs de protection gris foncé. D'ici on pouvait voir le saule pleureur sous lequel se trouvait une petite table de jardin en fer blanc, au pieds formés dans de belle arabesques, ainsi que ses chaises. La cour se trouvait derrière la bâtisse, Opale n'eut aucun mal à se faufiler discrètement par la porte de service.
Elle fit un bref signe de main aux cuisinières avant de prendre son tablier et le plateau qui l'attendait déjà remplis de verres en Crystal. Posé en équilibre sur sa main, elle se dirigea vers la salle à manger. En chemin, elle croisa Brume, une jeune femme aux cheveux noir corbeau attaché en chignon, elle était décoiffée par la longue journée. Ses yeux verts étaient cernés par la fatigue. Elle aussi était habillée d'une robe grise et d'un tablier blanc délavé taché.
"- Dépêche-toi, il t'attend." lui chuchota Brume en passant à côté d'elle.
Opale hocha la tête et accéléra le pas. Les couloirs garnis de tableau et de fine table rempli de fleures rouge et noir passèrent très vite dans son champ de vision et elle se trouva devant la grande porte en bois en peu de temps. Elle souffla légèrement en fermant les yeux, redressa sa tête et fit signe au garde de lui ouvrir. Elle se mordit la joue droite en entrant dans la pièce où se trouvait son cauchemar.
Dans la salle, il y avait une grande table avec au moins une cinquantaine de chaises autour. Au-dessus de sa tête, le lustre était allumé et illuminait la pièce de reflet de diamant. C'était magnifique à voir mais ce qui accapara son attention fut le roi qui la regardait de façon assassine. Ses cheveux étaient poivre et sel, son visage n'avait pratiquement aucunes rides malgré son âge avancé et ses yeux était aussi noir qu'un corbeau.
Opale frissonna c'était plus fort qu'elle, il lui faisait peur. Elle détourna le regard et regarda la princesse, une jeune femme mince aux yeux marron clair, au visage fin et aux longs cheveux blond ondulé, elle ressemblait tant à sa mère qu'Opale se demanda comment le roi pouvait bien faire pour la regarder en face sans avoir envie de pleurer. Sa robe rouge cintrait sa taille de manière à la rendre plus fine et plus grande, elle traînait sur le sol et ses mains étaient croisées devant elle. Opale aurait tant aimé ressembler à Lydie, la princesse était tout ce qu'elle aurait aimé être.
Opale fit la révérence en s'appliquant à descendre aussi bas que possible pour ne pas déclencher la colère de l'homme en face d'elle et s'avança pour déposer les verres à pied sur la table. Elle recula afin de pouvoir faire une nouvelle salutation mais le roi l'en empêcha en lui agrippant le bras aussi fort qu'elle fût sûr que lorsqu'il l'aurait lâché la marque serait visible autour de son poignet.
" - Vas te reposer Opale, je passerai te voir après le dîner" lui dit-il d'une voix doucereuse.
Elle hocha la tête, recula en s'inclinant en signe de respect et parti le visage penché vers le sol. Elle tremblait déjà de peur. Comment se pouvait-il qu'une simple phrase puisse la faire paniquer aussi rapidement ? Les couloirs menant à sa chambre étaient sombres malgré leur couleur jaune clair mais ça ne la dérangea pas, elle avait beaucoup plus peur du moment où le roi viendrait la voir.
Quand elle entra dans sa chambre, elle laissa glisser une larme salée le long de sa joue avant de la rattraper du bout de son doigt tremblant. Elle s'assit à l'autre bout de la pièce en s'adossant au mur et mit sa tête dans ses bras posé sur ses genoux.
VOUS LISEZ
Angel's
ParanormalOpale ne souhaite qu'une chose, être libéré de cette vie qui est des plus désagréable. Elle n'aurait pas pensé cela possible et lorsque ce fut le cas, sa véritable nature se libéra en elle par la faute de ce mystérieux jeune homme.