Chapitre 5

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Luce

Les buissons bougeaient dans tous les sens, non pas à cause du vent. Luce courrait depuis vingt minutes déjà, il aurait pu marcher lentement mais les chiens sauvages du roi le pourchassaient depuis qu'il avait quitté le château avec Opale dans les bras. Son père allait encore jeter sa colère sur quelqu'un et il avait peur que ce soit sur sa sœur cette fois ci.

Il sauta par-dessus des rondins de bois, il était heureux d'avoir passé huit ans à s'entrainer sans relâche dans ce petit village qui l'avait accueilli lorsqu'il s'était enfui de chez lui à la mort de sa mère. Pendant si longtemps il l'avait idolâtré, la suivant dans ses pas pour ne pas ressembler à son père qui passait son temps enfermé dans son bureau à gérer les problèmes du peuple sans jamais prendre le temps de rester avec sa famille.

Une branche lui frôla la jambe alors que les chiens se rapprochaient à une vitesse folle. Le roi n'avait pas fait les choses à moitié depuis son départ, comme il le lui avait dit, les chiens avaient été entrainé afin que personne ne puisse quitter le palais sans être poursuivie jusqu'à épuisement. Il accéléra sa course ne voulant pas que ces maudits chiens ne le rattrape. Il avait le souffle court et un point de côté lui traversait le poumon droit. Il remarqua enfin l'arbre couché, il était presque arrivé à sa première destination, la cabane abandonnée.

Soudain une flèche traversa l'air en lui frôlant l'oreille, et un cri d'agonie lui parvint. Il se retourna et vit un chien couché au sol dans une marre de sang, l'arme s'était plantée dans sa cage thoracique, atteignant son cœur du côté droit de l'animal. Luce se tourna vers l'endroit où provenait la flèche et vit au-dessus des arbres un brun aux yeux marron et à la peau blanche. L'homme lui sourit et sauta de sa branche avant de venir taper son poing contre celui de Luce.

« T'en as mis du temps, j'ai cru que tu t'étais fait kidnapper ! » Lui dit le brun d'une voix taquine.

Il savait très bien que Luce n'aurait jamais pu se faire enlever, il était bien plus fort que lui et ce depuis qu'il s'était rencontré à l'âge de 14 ans. Leur rencontre avait été mouvementé, ce jour là Yann était en train de faire son premier service de garde au village quand il avait vu les buissons bougés dans tous les sens. Il s'était alors approché à tout petits pas et lorsqu'il s'était retrouvé devant l'amas de feuilles, le jeune blondinet lui avait sauté dessus couvert d'égratignures et d'entailles ensanglanté. Malgré le fait qu'il était affaibli, Luce avait réussi à neutraliser Yann en quelques mouvements, alors le brun avait appuyé sur sa mini télécommande qui avait donné le signal aux autres gardiens afin qu'ils viennent le rejoindre à l'endroit où il se trouvait. Après cette rencontre, ils avaient eu l'occasion de se battre à plusieurs reprises et pourtant Luce était toujours le plus fort.

Les garçons se dirigèrent vers la cabane qui se trouvait à quelques arbres de là. Autour d'eux les branches bougeaient au rythme du vent, il faisait nuit depuis déjà deux heures et pourtant la lune éclairait à travers les arbres. Le ciel était dégagé et les étoiles illuminaient le ciel de petites paillettes blanches. Le temps était agréable quand ils arrivèrent dans la maisonnette en bois de chêne. Opale toujours dans ses bras, Luce se baissa pour pouvoir passer la porte puis la déposa sur le lit en paille au fond de la pièce.

La jeune femme était encore inconsciente à cause des coups du roi. Son front était légèrement bleui, sa lèvre inférieure était cassée mais son visage n'avait pas été plus atteint que cela. Lorsqu'il était sorti de la salle de bain du roi, il avait envoyé un message à Yann pour lui dire qu'il allait à la cabane en urgence avec la femme étrange dont il lui avait parlé quelques semaines plus tôt.

« Ta sœur arrive dans combien de temps ? » Lui demanda le brun en s'avançant vers le petit lit où était accroupie son ami.

« Je ne sais pas, elle a dit qu'elle arriverait après que mon père se soit endormi. » lui répondit Luce le regard sombre.

Il n'arrivait toujours pas à croire que son père soit un salop pareil. Pourquoi s'en prendre à Opale alors que ce n'était qu'une jeune femme innocente ? Et pourquoi n'était-elle jamais parti alors qu'elle vivait l'enfer ?

Sa sœur ne lui avait jamais parlé de ce que vivait la jeune femme, était-elle au moins au courant, ou ce monstre était il aussi discret que cela ? Luce souffla, il se posait beaucoup trop de questions auxquels il ne pouvait pas répondre et ça l'énervait. Il avait tant rêvé de cette jeune femme sans jamais savoir pourquoi, et lorsqu'enfin il la retrouvait, il la trouvait dans un état pitoyable. Lui avait-on demandé de la sauver ? Et lorsqu'elle serait en sécurité, ses rêves disparaîtront ? Il l'espérait tellement. Il ne voulait pas se retrouver avec une femme sur le dos. Il n'avait ni le temps, ni l'envie de s'occuper d'elle.

« Luce ! Je crois qu'elle est entrain de se laisser mourir là ! » Lui dit Yann en le bousculant pour le sortir de sa rêverie.

Le blondinet jura dans sa barbe avant de se lever en vitesse pour appeler sa sœur. Il tourna en rond dans la petite pièce, passant à plusieurs reprises à côté de la table où était posé un bouquet de fleurs jaune et blanche. Son regard s'arrêta sur celle au centre du bocal en bois lorsque le répondeur de Lydie lui fit savoir qu'elle n'était pas disponible pour le moment. Il lâcha son téléphone et marcha d'un pas précipiter vers le placard de la cabane. Il se souvenait y avoir vu un verre lorsqu'il y était venu quelques temps auparavant.

Alors que Yann le regardait faire sans dire un mot, Luce écrasa la fleur jaune et blanche dans le fond du verre avant de le remplir entièrement d'eau. Puis il se dirigea vers Opale dont la poitrine le soulevait aussi lentement que sa respiration. Il déchira sa petite tunique grise pour avoir accès à son abdomen et lui déversa le liquide jaune dessus.

Il se recula doucement au moment où la porte de la cabane s'ouvrit pour laisser entrer une Lydie essoufflée. Elle s'avança vers les deux garçons qui regardait la fille aux cheveux de neige et d'argent qui se remettait lentement à respirer. Luce ferma les yeux au moment où elle les ouvrit, l'Espiana Inconscientas était toujours aussi miraculeuse qu'avant, cette fleur venait de redonner conscience à la fille aux yeux bizarre.

Il souffla et un sourire naquis sur le bout de ses lèvres : Opale était sauvé ! 

Angel'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant