Angel's

Chapitre 7

Marcuss

"MAIS OU SONT-ILS?" hurla le roi, faisant sursauter plusieurs gardes à côté de lui.

Autour de lui, l'air tremblait, il était difficile de respirer dans ce bureau. Il marchait dans toute la pièce, s'arrachant ses cheveux poivre et sel en essayant de réfléchir à l'endroit où pourrait se trouver son fils et cette servante qui lui menait la vie dure depuis qu'elle était née. Marcuss tremblait de tous ses membres, il était dans une rage folle depuis qu'il avait appris que son fils bien-aimé était en fait un traite qui venait de lui enlever son arme la plus précieuse, celle qui pouvait le détruire à tout moment, mais surtout la fille qui allait lui ouvrir les portes du paradis.

Le regard noir, le roi se tourna vers son garde le plus fidèle.

" Je t'ordonne de la retrouver et de me la ramener, peu importe les moyens que tu utilisera pour détruire ceux qui seront sur ton passage." Dit-il à Evan.

Evan était brun avec des yeux bleus, un visage carré et de fines lèvres. C'était un jeune homme costaud, capable de battre le plus féroce des ours à main nu. Il était près à tout pour sauver sa sœur de l'ennemi. Mais ce qu'Evan ne savait pas c'était que l'ennemi qui avait enlevé Mila n'était autre que l'homme en face de lui.

Le jeune homme n'était auparavant pas un garde mais un chasseur de bêtes, l'un des meilleurs de sa génération. Lorsque le roi l'avait su, il avait ressenti le besoin de l'avoir dans sa garde personnelle, seulement le jeune homme ne le voulait pas. Alors Marcuss avait enlevé la sœur de cet homme, après un énième refus, et avait tué ses parents de la plus froide des manières. Il les avait décapités et avait déposé leurs têtes sur les escaliers en face de la porte d'entrée avec un mot prévenant Evan de l'enlèvement de Mila.

Le brun se souvenait très bien de ce jour, chaque nuit il se voyait passer la porte de sa maison d'enfance. Il n'avait pas remarqué les têtes lorsqu'il était entré mais plutôt le sang qui marquait les murs. Il avait ensuite tourné les yeux vers les escaliers, et lu le mot, avant de se mettre à hurler la douleur qui lui transperçait le cœur. Ce jour-là, il s'était mis à vivre en robot pour retrouver sa sœur, avant d'être appelé par le roi.

Evan se mit en route aussitôt la demande faite, ce qui enchanta le roi qui ne put empêcher un sourire maléfique de naître aux coins de ses lèvres. Puis il se tourna vers son deuxième garde en lui ordonnant de sortir de la pièce, il n'avait plus besoin d'eux pour le moment.

Marcuss s'approcha de sa fenêtre et regarda le jardin. Que lui avait-il pris de ne pas faire suivre son fils durant son petit séjour ici? Il avait été si perturbé par son retour qu'il en avait oublié son départ. Il aurait dû se douter qu'il allait à nouveau partir, le laissant seul dans cet immense château. Mais pourquoi avoir emmené la jeune servante? Il n'en avait aucune idée et cela le taraudait bien plus qu'il ne voulait.

Enfin, il savait qu'elle était puissante, il l'avait remarqué au moment où ses yeux vairons s'étaient ouverts sur lui quand il avait visité la maison de ses chers parents. Malheureusement pour elle, par sa faute, il s'était senti obligé de les assassiner alors qu'ils essayaient de protéger leur enfant du monstre qu'il était. Lorsqu'il eut pu s'approcher d'elle, un bouclier invisible avait entouré la petite et il s'était senti propulsé dans le mur qui se trouvait derrière lui. Il avait fini par appeler sa femme en prétextant avoir trouvé un nourrisson malade et l'avait ensuite accueilli au sein de son foyer.

L'homme se tourna et passa son bras d'un coup sec sur le bureau, faisant voler contre le mur de droite ses flèches en verre qui décoraient ce meuble depuis des années. Des papiers s'envolèrent dans les airs avant de s'éparpiller dans toute la pièce. Cette gosse était peut-être sa possible entrée dans le paradis après l'enfer qu'il faisait vivre sur terre, mais si il ne la retrouvait pas rapidement il était sûr de sombrer dans l'abîme du monde dans quelques années.

Après tout, combien de temps pouvait vivre un vieil être comme lui?

Aussi longtemps qu'il le faudra. pensa-t-il avec un demi-sourire.

D'un coup le vent se mit à tourner, les arbres dans la cour du château se mirent à se balancer de droite à gauche, si brusquement que les racines commençaient à se détacher du sol auquel elles étaient si bien accrochées. Des feuilles et des fleurs s'envolaient tourbillonnant dans les airs en un cercle, une tornade puissante.

Le roi regarda son chef d'œuvre avec le sourire carnassier que seul Opale lui connaissait. Il vit Brume passer au même instant, une main tenant ses cheveux noir corbeau, l'autre se serrant contre son ventre pour éviter à sa tunique de trop remonter et de lui cacher ses yeux vert. Soudain, une idée lui traversa la tête, et alors qu'elle se métamorphosait en une ombre noir et bordeaux, il se détourna et parti.

Le corps de la jeune femme fut soudain projeté contre une branche pointue par ce monstre bicolore. Capturant son esprit, il laissa le corps inerte, pendu par le cœur, saignant de tout son être et parti rejoindre son maître.