A bas la démocratie

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"La grande majorité silencieuse de la France qui travaille est prise en otage par une minorité d'idéalistes qui grognent contre tout : la réforme des retraites, la réforme du droit du travail, l'évasion fiscale, le glyphosate, le changement climat...

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"La grande majorité silencieuse de la France qui travaille est prise en otage par une minorité d'idéalistes qui grognent contre tout : la réforme des retraites, la réforme du droit du travail, l'évasion fiscale, le glyphosate, le changement climatique..."


Mais cette majorité silencieuse de la France qui travaille s'est-elle posé deux questions essentielles ? Pourquoi travaille-t-elle en silence, et pour qui ?


Quand la grande majorité d'une population s'enfonce par lâcheté ou bêtise dans le déni face à une réalité anxiogène mais qui nécessite des décisions courageuses, quand elle laisse son gouvernement la priver de ses droits, dépouiller ses enfants de son héritage conquis de haute lutte et cautionner la destruction de l'écosystème dont elle dépend, cette majorité silencieuse mérite-t-elle vraiment qu'on lui applique encore un principe démocratique ?


L'utilisation de combustibles fossiles tels que le pétrole, le charbon ou le gaz pour produire de l'énergie ou se déplacer, la consommation d'une viande qui dilapide les ressources en eau et en céréales et cause la moitié de la déforestation, la consommation de produits alimentaires de faible qualité nutritionnelle ou mauvais pour la santé à cause d'ingrédients industriels dont on abuse pour faire baisser les coûts et rendre les consommateurs accros, en particulier l'huile de palme, qui cause l'autre moitié de la déforestation, voilà trois pôles directement responsables de l'émission de ce CO2 qui ruine notre atmosphère, augmente les maladies respiratoires, cause un changement climatique auquel de nombreuses espèces ne pourront pas s'adapter et une acidification des océans qui les stérilise. Pourtant, on fait l'apologie des SUV, on se moque des vegans, et on se laisse complètement dominer par une industrie agro-alimentaire qui nous empoisonne en détruisant le monde.


Contre la tyrannie, la Révolution Française est née d'une minorité d'indignés qui se sont battus au péril de leur vie, qui ont engagé le changement. Les moutons ont suivi, prétendant après coup qu'ils étaient derrière eux depuis le début.


Contre les nazis, la Résistance est née d'une poignée d'insurgés qui se sont sacrifiés parce qu'ils ne pouvaient accepter de se soumettre à la barbarie. Les moutons ont suivi, prétendant après coup qu'ils étaient derrière eux depuis le début.


L'abolition de l'esclavage et de la peine de mort, la fin de la colonisation, la laïcité, la sécurité sociale, la retraite, les congés payés, l'école pour tous sont des progrès sociaux arrachés de haute lutte par quelques militants déterminés qui ont su faire front contre tous. Les moutons ont suivi, prétendant après coup qu'ils étaient derrière eux depuis le début.


Non, il n'y a pas de "majorité silencieuse" : il y a un peuple d'esclaves qui attend ses nouveaux maîtres.


Les maîtres actuels le caressent dans le sens su poil en proposant un exutoire à leurs rages dans les loisirs, la consommation et les bouc-émissaires affichés aux JT : ils étaient juifs, portugais, polonais ; les voilà désormais migrants, profiteurs sociaux, islamistes, gauchos extrémistes.Les maîtres de demain peuvent être les mêmes qui nous exploitent en causant souffrance et destruction dans un système fou et insensé mais facile, qu'il suffit de cautionner et faire perdurer encore un peu en se taisant aux dépens de plus en plus de gens victimes d'injustices, de maladies, de catastrophes naturelles, ou bien ces maîtres de demain peuvent devenir celles et ceux qui regardent devant et qui veulent encore des oiseaux, des abeilles, des papillons, des fleurs, des fruits, des poissons, de l'air, de l'eau et de la terre pleine de vie à offrir à nos enfants.


Il est des situations où le plus grand nombre n'est pas une force et n'a pas raison. La justice et l'intelligence, aujourd'hui, elle ne sont pas dans les canapés baignés de la lumière froide d'écrans hystériques et colorés, mais dans les rues enfumées par les gaz lacrymogènes, face à des policiers mal formés et exténués par une hiérarchie qui les brise pour mieux les soumettre, où les enseignants, les infirmiers, les fonctionnaires de tout corps alertent inlassablement contre cette fuite en avant qui prive tout le monde de tout ce qui faisait la beauté de notre société.


Inlassablement ? Non. Les résistances s'usent, et la résignation gagne, ne laissant sur les pavés que les plus désespérés, qui, face à l'inertie, à la violence, à l'injustice, n'ont plus que l'agressivité pour exprimer leur indignation, leur révolte, leurs espoirs.


Et la majorité silencieuse de la France qui travaille se laisse bercer par la flatterie de ceux qui l'enjôlent de l'illusion qu'elle a raison de continuer à trimer pour trois kopecks en fermant sa gueule. Sinon on la remplacera par des moins français qui la boucleront mieux et se contenteront de moins.


7 milliards d'habitants sur cette planète à souffrir. 7 millions de résistants à tenter de tenir contre des régimes libéraux qui utilisent la force policière et militaire ou le matraquage médiatique. 7 mille encravatés qui tirent les ficelles à coups de dollars et d'euros.


Cherchez l'erreur.


Elle est dans la hargne que l'esclave adresse au gréviste.


Elle est dans la hargne que le smicard adresse au RMiste.


Elle est dans la hargne que le Blanc amer adresse au migrant lessivé.


Elle est dans la hargne que le bouffeur de viande adresse au vegan.


Elle est dans la hargne que le conducteur de 4x4 adresse à l'écolo.


Elle est dans la hargne que le parent adresse à l'enseignant.



Elle est dans la hargne que la majorité silencieuse de la France qui travaille crache sur les pavés pour ne pas voir que le fouet tombe de plus haut.

Journal d'un militant.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant