16 décembre

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Hello ! 

Bonne lecture ! 

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Ereyne se réveilla comme Jésus revint d'entre les morts : la tête dans le pâté. Elle avait mal partout, surtout aux extrémités, mais constata avec un soulagement relatif que ses doigts répondaient positivement aux ordres de mouvements. Elle reconnut le poids chaud de l'un des chiens sur ses jambes tandis que les deux autres bouillottes sur pattes étaient contre ses flancs douloureux. Son corps auparavant gelé n'était plus que douleur. Tous ses nerfs remontaient des informations non demandées à son cerveau. Mais, malgré toutes ces peines, elle était vivante, et heureuse de l'être. Ereyne referma les yeux et une foule d'images s'imposa dans son esprit. Elle vit et revit Natalya, perchée là-haut, son corps éviscéré et encore tiède qui commençait à être recouvert par la neige. Un scénariste de film d'horreur n'aurait pas pu imaginer mieux. La réalité était bien pire que la fiction. Puis sa vue changea, les souvenirs de Zelyan revinrent. Elle sentit une fois encore l'animal sur elle, puis l'homme. Il était l'animal, il était le loup. De toute sa vie, Ereyne n'avait jamais cru qu'en Dieu, la petite souris, et le père-Noël. Pour elle, les fées, les monstres et les loups-garous n'étaient réels que dans les contes. Et pourtant...

Elle resta couchée, blottie entre les chiens ; elle ne voulait pas sortir du lit et affronter la réalité. Elle s'y refusait, elle ne voulait pas y croire. Elle chercha dans sa mémoire, dans la Bible, l'Ancien Testament, le Nouveau, dans tous les textes sacrés qu'elle connaissait, y avait-il mention d'un loup-garou ? Le loup était bien associé au Malin mais c'était principalement pour que les enfants ne sortent pas seuls dans les bois. Non, l'enfer ne semblait pas contenir de loup-garou. Ils n'existaient pas, elle refusait qu'ils existent.

Ereyne resta longtemps couchée, dans la pénombre, dans un flou salvateur. Tant qu'elle ne sortait pas, tout ceci pouvait encore être un cauchemar. Une nécessité charnelle l'obligea pourtant à abandonner son abri. Ereyne maudit sa faiblesse et se redressa avant de retomber durement, un hurlement de douleur à peine contenu par ses lèvres. Elle mit une main sur son flanc gauche, là où la douleur était la plus forte. Elle ramena ses doigts devant elle et constat avec horreur du sang sur ces-derniers. Elle ne se rappelait pas s'être blessée. Elle leva les draps et nota la présence de pansements.

— Oh mon...

Elle tâta la blessure avec précaution, et son niveau de panique augmenta à chaque pulsion.

— Il m'a mis une machine dans le corps, il a mis une bombe dans mon corps, un truc, de la drogue... Un bout de bois ?

Elle palpait du mieux qu'elle pouvait pour essayer de déterminer la forme et la composition de l'objet en limitant la douleur mais sans succès. Son cerveau en ébullition ne lui permettait pas de réfléchir calmement, tous ses neurones étaient sur le qui-vive, émettant plus d'impulsions électriques à la seconde que jamais. Le stress était à son comble, la tension également. Les chiens le sentirent et quittèrent le lit, inquiets et gémissants. Ereyne se leva, ou plutôt tomba, en essayant de quitter le lit. Elle retint un autre cri de douleur et dut prendre appui sur le rebord du meuble afin de se relever. Elle fit un pas en avant, difficilement, puis un second, et avança dans la pièce. La porte n'était pas loin mais elle ne cherchait pas à s'enfuir, pour le moment. Elle était à la recherche d'une batte de base-ball, objet de défense américain par excellence. Dans toutes les séries les héros possédaient une batte de base-ball. Même Ereyne, en bonne newyorkaise, en possédait une des Yankees, qui dormait bien gentiment à côté de son lit. Zelyan, lui, paraissait ne pas en avoir.

— Un loup-garou a-t-il vraiment besoin d'une batte de base-ball ? grommela-t-elle.

Plus elle cherchait, plus elle se faisait à l'idée. C'était de moins en moins aberrant, impossible, mais pas aberrant. Ne trouvant rien, elle se résigna à saisir une lampe de chevet qu'elle débrancha et tint comme une arme. Elle se décida enfin à sortir de la pièce, le flanc toujours à vif.

De prime abord tout semblait normal, les chiens étaient partis devant et avaient dégringolé les escaliers avec leur enthousiasme habituel. Ereyne, elle, mettait un pied devant l'autre, les sens aux aguets.

— Pourquoi te promènes-tu avec une lampe ? demanda une voix derrière elle.

Prise d'un réflexe, Ereyne se retourna et envoya, d'un large mouvement de bras, la dite lampe vers la voix. L'objet heurta violemment une mâchoire et Ysun s'effondra au sol comme une poupée de chiffon.

— Oh mon dieu ! s'écria-t-elle en réalisant qu'elle ne connaissait pas l'homme. Oh mon dieu.

Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir, Ereyne se retourna et vit la tête de Zelyan apparaître.

— Tout va bien ? Oh tu es réveillée Ereyne. Que s'est-il passé ? Ysun t'a attaquée ?

— Qui ?

Il désigna l'homme à terre.

— Ysun, l'un de mes invités, bien amoché à ce que je vois, c'est ma lampe de chevet ?

— Qu'est-ce que tu m'as fait ? demanda Ereyne en pointant son flanc ensanglanté.

— Ca ? Simple échange de bon procédé, répondit Zelyan en soulevant son pull, dévoilant des pansements similaires. Nous voilà égaux.

Le cœur d'Ereyne rata quelques battements, ce qui lui fit perdre l'équilibre et l'obligea à se poser contre le mur. Zelyan vint à son aide, et l'aida à prendre appui sur lui.

— Il faut que tu fasses attention, l'onguent permet de cicatriser rapidement mais il faut lui laisser le temps d'agir.

— Ne me touche pas, tu n'es qu'un monstre.

— Oui, je sais, tu es tombée amoureuse d'un monstre.

— Je ne le savais pas.

— Foutaises, tu le savais, les femmes sont attirées par les mauvais garçons. Tu l'as su en me voyant, tout comme je savais que tu étais spéciale. C'est le destin.

— Dieu ne m'aurait pas fait ça. Il ne t'aurait pas mis sur ma route.

— Ca je confirme, il n'a rien fait.

Il entama un long monologue belliqueux dont Ereyne perdit rapidement le fil. Elle était à bout de force, si bien qu'elle se laissa ramener dans la chambre.

— Qu'es-tu Zelyan ?

— A ton avis ?

— Tu es un loup. Un loup-garou.

— En partie, je suis tellement plus que cela.

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Merci d'avoir lu ce chapitre ! 

Axel.  

A Christmas Zelyan TaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant